Le second tour des élections en Côte d'Ivoire, le 28 novembre 2010, dont la victoire a été revendiquée par Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR) et par le président sortant, Laurent Gbagbo, candidat du Front populaire ivoirien, en place depuis les élections de 2000, a débouché sur une crise politique violente qui menace de remettre en cause les efforts de paix et de réconciliation, difficilement mis en œuvre dans le pays depuis quelques années pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis 2002. En effet, à l'issue du second tour, la Commission électorale indépendante a déclaré vainqueur Alassane Ouattara mais ces résultats sont invalidés par le Conseil constitutionnel, qui annule le scrutin de 7 circonscriptions dans le nord du pays et annonce la victoire de Laurent Gbagbo.
[...] Toutefois, elles se sont révélées instructives sur le rôle que certains Etats africains entendaient jouer au niveau régional ou continental. Les Etats africains s'en sont dans un premier temps tenus à la médiation et refusaient l'envoi de troupes pour soutenir l'ONUCI dans sa tentative d'interposition entre les belligérants. La réaction mesurée de l'Union africaine et l'échec des tentatives de médiation auraient incité les Etats occidentaux, de leurs propres moyens diplomatiques et militaires et par l'intermédiaire de l'ONU, à s'impliquer davantage dans la crise politique. [...]
[...] La Force Licorne a de ce fait été renforcée de plusieurs centaines de soldats supplémentaires, passant de 980 à près de 1700 militaires. Par ailleurs, elle a largement participé aux actions contre les bases militaires des Forces de défense et de sécurité, fidèles au président sortant et finalement facilité l'assaut attribué aux partisans du président reconnu par la communauté internationale contre le bunker de Laurent Gbagbo. La guerre civile n'aura pas lieu ? Aux manifestations menées à Abidjan pour le départ de Laurent Gbagbo, violemment réprimée[13], s'est adjoints des affrontements armés, qui ont rapidement repris entre les différents clans en présence. [...]
[...] Nombre des anciens caciques du régime ont toutefois fui le pays ou ont été capturés par les partisans d'Alassane Ouattara[4], tandis que l'armée a finalement apporté son soutien à la prise du pouvoir du président reconnu par la communauté internationale. Le clan Ouattara et les Forces nouvelles de Guillaume Soro De même, le clan Ouattara ne constitue en rien un clan profondément uni et homogène. Bien au contraire, il rassemble des mouvements politiques parfois opposés, comme le Rassemblement des Républicains de Ouattara et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire de l'ancien président Henry Konan Bédié. [...]
[...] L'impasse, dans laquelle se trouvaient les deux camps, en dépit du soutien de l'ONU, de l'Union européenne et des Etats- Unis à la victoire d'Alassane Ouattara, semble conduire le pays vers une nouvelle guerre civile. L'arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril, par des partisans d'Alassane Ouattara, soutenus, voire précédés, par l'ONUCI et la Force française Licorne, va-t-elle suffire à assurer la sécurité et la fin de la guerre civile, en toile de fond du pays depuis 2002 ? Rappel historique de la guerre civile en Côte d'Ivoire (2002-2010)[1] L'ancrage de la division politique du pays en 2002 Les élections de 2000 ont amené Laurent Gbagbo au pouvoir, suite au soulèvement populaire contre le général Robert Guéï, chef de l'Etat sortant, qui s'opposait aux résultats. [...]
[...] Ouattara pour cela, fait appel au président Zuma dont le pays cherche à s'impliquer dans le règlement des crises régionales pour asseoir sa légitimité de leader économique et diplomatique du continent. Pour punir les responsables des pillages et des massacres, Ouattara et Soro, qui ont promis des enquêtes sur ces crimes[19], hésitent à porter le dossier devant des tribunaux nationaux ad hoc ou devant la Cour pénale internationale dont la Côte d'Ivoire n'a toutefois pas ratifié le statut. Le jugement de Laurent Gbagbo et de ses partisans apparaît toutefois la seule voie de réconciliation nationale,[20] mais elle doit s'accompagner également d'un processus judiciaire pour les partisans d'Alassane Ouattara soupçonnés de crimes. [...]
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