L'Affaire de la crise de Suez marque un tournant dans les relations internationales. Son origine et déroulement s'inscrivent parfaitement à la fois dans le contexte de la Guerre Froide et celui de la décolonisation.
Elle met en présence d'une part des puissances européennes impérialistes, luttant pour la préservation de ce statut dans la région stratégique du Moyen-Orient. D'autre part, l'Égypte du Général Nasser symbolise la lutte des pays sous domination étrangère, aspirant à l'indépendance économique et politique, mais également dans le cas de Nasser, le relais de l'idéologie panarabe. Chacun de ces acteurs doit formuler sa politique vis-à-vis de cette affaire, en fonction des considérations de politique intérieure qui lui sont propres, et plutôt hostiles dans les cas français et britanniques.
La nationalisation de la Compagnie Universelle du canal de Suez est le déclencheur d'un long processus de négociation internationale, mettant en scène les usagers du canal, l'Égypte, les Nations-Unies et les deux Grandes Puissances que sont les États-Unis et l'URSS. Cependant, malgré les Conférences organisées sur le sujet, la France et la Grande-Bretagne, travaillent de concert à la préparation d'une intervention militaire contre l'Égypte de Nasser. L'élaboration de cette opération sera gênée et troublée par la résolution diplomatique du conflit. Les Alliés à défaut du soutien américain vont se tourner vers Israël, ce qui justifie l'appellation d'agression tripartite contre l'Égypte en novembre 1956.
[...] Le but recherché commande étroitement la nature de la réaction militaire. Il n'y a pas de frontière entre l'action politique et la stratégie Cependant, la crise de Suez dans le chef des Alliés n'est pas calquée sur ce principe. L'objectif poursuivi par l'alliance franco-britannique, comme exprimé précédemment, est changeant, il se modifie au fil des plans militaires élaborés de concert. Cependant, diverses possibilités étaient offertes aux forces européennes, de façon à respecter le principe de subordination du militaire au politique en toutes circonstances. [...]
[...] Les objectifs britanniques, comme précisés plus haut, sont à mettre en parallèle avec les différents plans d'opérations et également en regard des buts français, dans la section suivante. II. Moyens déployés La majorité des ressources utilisées durant cette crise sont de type militaire, étant donné l'ampleur de la logistique mise en œuvre[12]. Cependant, la Crise de Suez est également caractérisée par les négociations menées sur la scène internationale, en parallèle des préparatifs militaires, élaborés de concert entre Français et Britanniques, puis avec Israël. [...]
[...] Nicolas Waquet, Paris J., Coubard, Nasser, Éditeurs français réunis, Paris M., Dayan, Journal de la campagne du Sinaï. Fayard, Paris A., Gorst, The Suez crisis, Routledge, Londres M., Heikal, L'affaire de Suez : un regard égyptien, Ramsay, Paris J., et S., Lacouture, L'Egypte en mouvement, Le Seuil, Paris S., Lloyd, Suez 1956, A personnal Account, Jonathan Cape, London J., Massu, La vérité sur Suez:1956, Plon, Paris J., Pearson, Sir Anthony Eden and the Suez Crisis : Reluctant Gamble, Palgrave, Basingstoke C., Pineau Suez, Robert Laffont, Paris M., Rodiere la crise de Suez, La Documentation française, Paris P., Rondot, Egyptianité et panarabisme, in Politique étrangère, Année 1981, Volume 46, Numéro pp. [...]
[...] En effet, son discours montre le tournant anti-impérialiste qu'entraîne la nationalisation. Pour Nasser, l'étatisation permet l'émancipation et l'indépendance effective au niveau politique, mais également économique pour l'Égypte et le monde arabe. À cet effet, il dénonce la part majoritaire britannique dans la Compagnie comme l'équivalent d'un État dans l'État[3]. La nationalisation permet également à Nasser d'utiliser les bénéfices de la Compagnie du Canal afin de construire le barrage d'Assouan qu'il décrit comme : une forteresse d'honneur et de gloire et nous démolissons l'humilité [ ] Nous ne donnerons pas l'occasion aux pays d'occupation de pouvoir exécuter leurs plans, et nous construirons avec nos propres bras, nous construirons une Égypte forte, et c'est pourquoi j'assigne aujourd'hui l'accord du gouvernement sur l'étatisation de la Compagnie du Canal Les objectifs politiques de Nasser sont égyptiens et arabes avant tout. [...]
[...] Cependant, le plan sera abandonné le 3 octobre à cause d'un échec des alliés sur trois points. Le 18 septembre, le gouvernement Eden se heurte au Groupe des 18, qui se sentent rassurés par rapport à Nasser qui entre temps, a pris des mesures juridiques afin d'assainir et renforcer sa position quant à la libre circulation sur le canal et n'envisagent donc plus la nécessité d'un contrôle international du canal. Ensuite, le recours au Conseil de Sécurité sur cette question ne les invite pas à entreprendre l'opération. [...]
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