L'Organisation mondiale du commerce est née le 1er janvier 1995 des Accords de Marrakech à l'issue des négociations de l'Uruguay Round (1986-1994). L'objectif essentiel de l'OMC reste celui de son ancêtre le GATT : assurer la libéralisation du commerce international afin de favoriser la croissance économique. C'est paradoxalement le développement récent du mouvement antimondia-lisation qui a conduit à mettre en évidence son rôle dans les affaires internationales et à attirer sur elle l'attention de l'opinion publique. La Conférence de Seattle de décembre 1999, perturbée par des manifestations massives d'ONG défendant pêle-mêle l'environnement, la santé du consommateur, l'identité culturelle ou le développement des pays du Sud, marque véritablement l'essor de la contestation de l'OMC. Depuis l'échec de la Conférence de Cancún et l'émergence d'une forte con-testation venant des pays émergents, les négociations commerciales internationales peinent à être relancées. Les critiques de l'OMC semblent plus ou moins parvenus à leurs fins. Pourtant le blocage durable de l'organisation ne laisse-t-il pas le champ libre aux États-Unis et à l' Union Européenne pour mener des politiques commerciales agressives, et cela au détriment des pays pauvres, exportateurs de matières premières ou de matières agricoles et incapables de se développer sur leurs capitaux propres ? La contestation radicale de l'OMC n'est-elle pas contre-productive ? Nous nous livrerons d'abord à une analyse des critiques formulées par les différents acteurs de la contestation de la mondialisation libérale avant de montrer que l'OMC est un instrument incontournable pour la régulation des échanges.
[...] Il est, en revanche, bien évident que les États-Unis et l'Union Européenne pratiquent sous la pression d'intérêts sectoriels locaux des politiques clairement protectionnistes et désastreuses pour les pays du Sud et aussi d'ailleurs pour leurs propres économies à terme alors même qu'ils n'ont de cesse de vanter les mérites du libre-échange. Mais cette tendance se manifesterait d'autant plus fortement si l'OMC n'existait pas. Bibliographie COHEN, E., L'ordre économique mondial Essai sur les autorités de régulation, Fayard KRUGMAN, P., Pop Internationalism, MIT Press RAINELLI, M., L'Organisation mondiale du commerce, La Découverte RAINELLI, M., Le commerce international, La Découverte SCHOTT, J., Unlocking the benefits of world trade The Economist, November 1st 2003. [...]
[...] La contestation radicale de l'OMC n'est-elle pas contre-productive ? Nous nous livrerons d'abord à une analyse des critiques formulées par les différents acteurs de la contestation de la mondialisation libérale avant de montrer que l'OMC est un instrument incontournable pour la régulation des échanges. I La remise en cause de la mondialisation libérale L'influence des lobbys sectoriels et des ONG L'OMC en tant que fer de lance de la libéralisation des échanges commerciaux internationaux est la cible de violentes critiques aussi bien externes, de la part de lobbys sectoriels et d'ONG, qu'internes de la part de pays en voie de développement membres de l'organisation. [...]
[...] Les syndicats se font l'avocat de normes internationales sociales régulant les conditions de travail, au grand dam des pays du Sud qui voient dans ces revendications un protectionnisme déguisé. La conférence de Seattle de 1999 marque un tournant dans la vie de l'OMC : les Organisations non gouvernementales ont réussi à mobiliser des milliers de sympathisants pour perturber la tenue de la conférence qui s'est déroulée sur fond d'émeutes. Les ONG sont devenues brutalement aux yeux du public une force avec laquelle il fallait compter. [...]
[...] Le fondement de la politique commerciale des États-Unis est parfaitement résumé par cette formule empruntée à Carla Hills, représentante américaine pour le commerce de 1989 à 1993 : Nous ouvrirons les marchés étrangers avec une barre à mine où cela est nécessaire, mais avec une poignée de main toutes les fois où cela est possible. Le meilleur rempart contre la politique commerciale agressive des États- Unis est sans aucun doute l'Organe de Règlement des Différends (ORD) de l'OMC. Dans les années quatre-vingt-dix, les responsables politiques européens et japonais ont dénoncé les pouvoirs commerciaux exorbitants du Congrès américain qui pouvait déclencher unilatéralement des sanctions contre les pays contrevenants. L'Union européenne contesta le dispositif des sections 301 et super-301 devant l'ORD. [...]
[...] La fronde des pays émergents À ces critiques externes provenant de lobbys sectoriels et d'ONG se sont ajouté des critiques internes à l'OMC issues des représentants de pays en voie de développement. Le mécontentement des pays du Sud s'est traduit en août 2003 par la constitution d'un groupe informel de pays émergents, le G20, en réaction contre le compromis euroaméricain proposé à l'OMC sur les questions agricoles. Ce compromis n'est pour le G20 qu'un nième exemple de l'habitude prise par l'Europe et les États-Unis d'observer sur de nombreuses questions commerciales une sorte de gentleman agreement sur le dos des pays en développement. [...]
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