Alors que le débat entre néo-réalistes et néo-libéraux semblait s'épuiser, la fin des années 1980 vit apparaître des recherches se réclamant d'une approche « constructiviste » issue d'autres sciences sociales. En effet, le constructivisme est né et s'est développé dans d'autres disciplines que la science politique et notamment en sociologie, en philosophie, en histoire ou en anthropologie. Ses influences sont donc variées. Elles s'étendent de Max WEBER qui distingue la notion d' « expliquer » de celle de « comprendre », à Jürgen HABERMAS qui développe la notion d' « arrangements intersubjectifs » en passant par Anthony GIDDENS et son concept de « structuration ». Se posant comme une alternative au réalisme, le constructivisme dans les relations internationales en réinterprète les concepts principaux comme celui d'anarchie, d'intérêt national etc… à partir d'une méthodologie critique. En outre, des sujets considérés comme marginaux furent introduits dans l'analyse des relations internationales comme, par exemple, l'identité ou la culture. Ce renouveau théorique compte aujourd'hui de nombreuses figures marquantes comme Andrew LINKLATER, Alexander WENDT, Friedrich KRATOCHWILL ou encore Nicholas ONUF. Ce dernier fut sans doute le premier à utiliser le terme de « constructivisme » dans World of Our Making.
Audie KLOTZ et Cecelia LYNCH, dans leur article « Le constructivisme dans les relations internationales », parut dans la revue Critique internationale en février 1999, présentent cette nouvelle théorie qui remet en cause les théories classiques des relations internationales. On peut alors se demander en quoi le constructivisme adopte-il une démarche et des postulats de départs originaux.
Après avoir développé les fondements théoriques du constructivisme (I), les perspectives de recherche constructive seront présentées (II).
[...] Ses influences sont donc variées. Elles s'étendent de Max WEBER qui distingue la notion d' expliquer de celle de comprendre à Jürgen HABERMAS qui développe la notion d' arrangements intersubjectifs en passant par Anthony GIDDENS et son concept de structuration Se posant comme une alternative au réalisme, le constructivisme dans les relations internationales en réinterprète les concepts principaux comme celui d'anarchie, d'intérêt national etc . à partir d'une méthodologie critique. En outre, des sujets considérés comme marginaux furent introduits dans l'analyse des relations internationales comme, par exemple, l'identité ou la culture. [...]
[...] D'autre part, ils posent comme hypothèse l'idée de la co-constitution et de la co-détermination de l'agent par la structure et vice-versa. La structure internationale, composée des valeurs, croyances et normes partagées socialement par les individus (et non pas des rapports de puissance comme chez les réalistes ou des rapports de production comme chez les marxistes) conditionne l'identité et les intérêts des agents et donne un sens aux réalités matérielles (de force ou de production) tout en étant reproduite et transformée par les processus des pratiques sociales et des actions individuelles des agents. [...]
[...] ( ) Les intérêts se réfèrent à ce que les acteurs veulent. ( ) Les intérêts présupposent les identités parce qu'un acteur ne peut pas savoir ce qu'il veut avant de savoir ce qu'il est. Alexander WENDT in Social Theory of International Politics, p114 Cependant, l'intérêt national n'est pas uniquement construit par l'Etat mais constitué par les normes et valeurs, qui, partagées internationalement, structurent la vie politique et lui donne une signification La conception idéaliste des constructivistes prime là, pour donner la priorité aux significations de la matière plutôt qu'à la matière elle-même. [...]
[...] L'importance des normes dans ce conflit est fondamentale selon les constructivistes. L'originalité du constructivisme réside également dans le rôle attribué aux normes. Dans la théorie libérale, les normes influent sur le comportement des acteurs par leur caractère contraignant dans le calcul coût-bénéfice, dans la théorie réaliste, les institutions sont le relais des intérêts des grandes puissances. Prenant le contre-pied de ces deux conceptions réductrices, les constructivistes, conformément à leur positionnement holiste, expliquent la co-constitution de l'agent et de la structure par l'intermédiaire des normes. [...]
[...] Martha FINNEMORE C'est cet ensemble de normes partagées dans le quel il faut replacer le phénomène qu'on cherche à analyser Le concept d' »arrangements intersubjectifs développé par Jürgen HABERMAS, a fait l'objet de nombreuses études, notamment par John RUGGIE qui a montré que le comportement des décideurs après la seconde Guerre mondiale a été influencé par l'entente intersubjective relative à une économie enchâssée dans le libéralisme, devenue dominante. Les constructivistes adoptent pour la plus part, une méthode interprétative, qui prend en compte le contexte historique du phénomène qu'elle étudie. Leur hypothèse est que l'on ne peut pas prétendre comprendre et expliquer les relations en s'extrayant du contexte dans lequel elles se déroulent. Les pratiques sociales, en l'occurrence internationales ont un caractère situé dans un contexte particulier, tant géographiquement, que politiquement, historiquement, économiquement selon les aspects intervenants. [...]
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