En devenant présidente, Michelle Bachelet se trouve à la tête du quatrième gouvernement de la Concertation des partis de centre gauche qui gouverne depuis plus de 16 ans. Cette longue période de transition vers la démocratie s'est initiée avec la déroute électorale de l'ancien dictateur Augusto Pinochet qui voulait prolonger de 8 ans une candidature qui en avait déjà durée 16. Pour mémoire Pinochet monte au pouvoir grâce à un coup de force militaire le 11 septembre 1973 qui met brutalement fin à l'expérience inédite d'un gouvernement socialiste au pouvoir avec la destitution de Salvador Allende.
Les deux premiers gouvernements de la Concertation ont été menés par des chrétiens démocrates alors que Michelle Bachelet tout comme l'ancien président du Chili revendiquent leurs affinités socialistes. Michelle Bachelet élue en janvier 2006 à la tête du pays a une trajectoire atypique, elle fut avec son nouveau mandat elle fut ministre de la Santé (nommée le 11 mars 2000) puis ministre de la Défense (le 7 janvier 2002). Elle a aussi connu l'exil. Son père, aviateur présent dans le gouvernement Allende, fut prisonnier au début du gouvernement militaire et mourut en détention suite à de mauvais traitements ce qui lui vaut la sympathie de nombreuses familles de victimes du régime Pinochet. Elle fait ainsi figure de réconciliation pour les chiliens après les blessures héritées des multiples et répétées violations des Droits de l'Homme durant la dictature. Sa qualité de femme illustre, d'autant plus en Amérique Latine où un machisme récurrent éloigne souvent les femmes de la vie politique, un appel à davantage d'égalité, notamment d'égalité homme/femme. Le choix de porter au pouvoir cette femme exprime en fait une forme de nouveau leadership à la fois progressiste, plus communautaire et surtout plus affectif.
[...] Le discrédit d'Augusto Pinochet est renforcé par le cumul des procès qui l'accuse et la liste n'est pas exhaustive : de tortures, d'enlèvements et de disparitions, de crime contre les Droits de l'Homme, d'évasion fiscale et de possession de comptes secrets à l'étranger. Ricardo Lagos s'inscrit donc en rupture face à cet héritage dictatorial et réussi à répondre à une incertitude des chiliens quant à la capacité de la gauche à gouverner durablement le Chili. La réponse à cette inquiétude semble être positive puisque c'est donc une socialiste qui vient d'être élue. [...]
[...] En Amérique latine, la construction d'institutions justes reste un défi permanent. Même si les indices de corruption sont les plus bas de la région, le manque de transparence et les inégalités demeurent. Dans le domaine économique, au-delà du maintien de la rigueur et de l'équilibre budgétaire qui permet la croissance, l'innovation technologique qui améliore al qualité des produits reste une ambition sérieuse. En matière agricole, il ne suffit pas d'avoir diversifié les exportations et d'être parvenu à ce que le Chili ne soit plus exclusivement dépendant de sa production de cuivre, mais il s'agit aussi de favoriser un saut technologique et scientifique au service de la production du bois, des vins, des fruits, de la pêche, tout ceci pour exploiter de façon satisfaisante ses conditions agricoles et maritimes privilégiées. [...]
[...] Les restrictions et les impossibilités héritées de la dictature ont multiplié les obstacles et ont imposé des négociations chaotiques, éprouvantes et longues. Patricio Aylwin, premier président de la transition, affirmait ainsi en recevant le rapport de la Commission Vérité et Justice qui rendait compte des crimes commis an nom de l'Etat : la justice dans la mesure du possible Un long chemin débutait dans cette quête de vérité avec la nécessité de rechercher les disparus et tenter de traduire en justice les coupables. [...]
[...] Ce n'est qu'après cette réforme que la transition totale vers la démocratie sera achevée. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Andres Zaldivar (ancien président du Sénat) a soutenu qu'il fallait continuer à reconstruire la démocratie, à guérir lentement les blessures d'un passé traumatisé, et à avancer dans la responsabilité vers une croissance soutenue. Si le système actuel permet la stabilité et la consolidation de deux grands blocs, il le fait en provoquant une distorsion de la représentation démocratique. Selon ce système, la liste qui compte le plus grand nombre de voix pour élire ses deux candidats est obligé d'obtenir au moins le double de voix de la seconde liste, ce qui est très difficile à atteindre. [...]
[...] Beaucoup de questions de voisinage restent en suspens. Le plus grand défi est la volonté de la Bolivie de récupérer un accès à la mer (perdu lors d'une défaite au moment d'une guerre contre le Chili). Les difficultés d'intégration dans le bloc économique de la région, le Mercosur, paraissent insurmontables puisque le Chili, dans la libéralisation de son économie, a déjà réalisé les changements que ses voisins sont tout juste en train de négocier et de discuter. D'un point de vue interne, la situation des chiliens s'est substantiellement améliorée : accès au logement et aux services de base, mobilité, éducation, incorporation au marché du travail, accès au bien de consommation. [...]
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