Dans l'ouvrage "Peace and conflict studies", Barash et Webel expliquent que les « idéologies sont souvent caractérisées par un certain nombre de propositions rigidement soutenues, qui sont centrales, mais souvent implicites ; par un degré de manque de compréhension et de systématisation, et souvent par un sentiment d'urgence de la part de ces idéologues, vis-à-vis du besoin et du désir de poursuivre leur démarche. »
Force est de constater que cette définition s'applique tout à fait aux enjeux rencontrés au sein de la guerre contre le terrorisme. D'un côté, Al-Qaïda, au nom d'un fondamentalisme islamique, prône le « djihad » (guerre sainte) et lance des actions terroristes pour mener à bout cette démarche. De l'autre les États-Unis, au nom de la démocratie et sous prétexte qu'ils veulent en étendre les bienfaits et mérites au monde entier, envahissent l'Irak.
Dès lors, il convient de s'intéresser à chacun de ces deux camps pour mieux les comprendre et saisir la part d'idéologie qui les anime, et comment et pourquoi un tel conflit idéologique peut-il encore avoir lieu au XXIe siècle.
Ainsi, on peut se demander dans quelle mesure la guerre contre le terrorisme représente un conflit d'idéologies, et s'intéresser aux problèmes et enjeux politiques causés par ces conflits d'intérêts.
[...] En 1992, Francis Fukuyama écrit La fin de l'histoire et le dernier homme dans lequel il engage une réflexion concernant l'extension du modèle démocratique. Fukuyama entend par histoire l'évolution des sociétés humaines qui s'achèverait le jour ou l'humanité aurait mis au point une forme de société qui satisferait ses besoins les plus fondamentaux. Cette fin de l'histoire pour Hegel c'était l'Etat libéral, pour Marx la société communiste et pour lui le régime démocratique. Selon lui avec la fin de la guerre froide, le modèle des démocraties occidentales est voué à s'étendre largement dans le monde. [...]
[...] Nous en avons compris les fondements et ne pouvons que nous inquiéter face à la continuité des exécutions de ces principes. Les idéologies politiques perdurent et les problèmes politiques qu'elles posent lorsqu'elles entrent en conflit sont sans précédent dans le cas la guerre contre le terrorisme. Il faut cependant espérer que les efforts de la communauté internationale, qui agissent en sorte de médiateur entre ces différentes idéologies, persistent ; et que chacun des deux camps devient plus flexible. C'est ce à quoi nous assistons avec l'arrivée d'Obama à la présidence des Etats-Unis qui a compris que l'occupation n'était plus une solution ; mais aussi avec l'apparition de talibans modérés en Afghanistan qui seraient favorables à la négociation. [...]
[...] Mais après ceux-ci, leur mission de régenter le monde s'est encore décuplée. Le rôle joué par les néo-conservateurs sous l'administration Bush pour défendre cette mission, est à prendre en compte. En effet, comme l'explique Frederic Eckhard dans son livre intitulé Kofi Annan, les néoconservateurs considèrent depuis la fin de la guerre froide que les Etats-Unis devraient utiliser leur puissance économique et militaire, désormais incontestée pour défendre les Etats démocratiques menacés, tels Israël, et à exporter la démocratie et les droits de l'homme partout dans le monde, en commençant par le Moyen-Orient. [...]
[...] Barash et Webel notent que Al-Qaïda n'apparait pas vraiment opérer comme une organisation informelle mais plutôt comme un réseau avec une idéologie qui inspire un mouvement politique dans le monde entier. Depuis les attentats du 11 septembre qu'ils ont revendiqué et aujourd'hui encore, les membres d'Al-Qaïda mènent leur guerre à échelle aussi bien locale que globale. Enfin comme les auteurs de Peace and conflict studies le font remarquer : Al-Qaïda en tant qu'entité autosuffisante peut ou ne peut pas survivre. Mais sa mission dura probablement, à moins que les conditions sociales et politiques qui ont donné naissance à Al-Qaïda et à ses émules ne soient transformées. [...]
[...] Dès l'élection de George W. Bush, les néoconservateurs occupèrent certains postes clefs dans son administration, sans être cependant en position dominante. C'est seulement après les attaques du 11 septembre que leur philosophie de frapper unilatéralement, c'est-à-dire sans l'accord de l'ONU, et militairement les ennemis de l'Amérique commença à faire des émules. L'un des néo-conservateurs les plus influents, Paul Wolfowitz s'exprimait depuis longtemps en faveur du renversement de Saddam Hussein par la force. Après le 11 septembre, celui-ci et d'autres profitèrent de leur position d'influence dans le gouvernement pour convaincre le président Bush de mener à bien ce projet, projet qui jusqu'ici paraissait trop extrême pour les conservateurs. [...]
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