Que la violence soit une caractéristique de la nature humaine ou un side effect négatif de la culture, le débat reste ouvert. Mais ce qui est sûr, c'est que le recours à cette violence dans les relations entre les hommes et les groupes sociaux a toujours existé, et il est à craindre qu'il en sera encore ainsi. Il suffit d'ouvrir un quotidien pour s'en rendre compte : l'actualité regorge d'informations sur des conflits qui font rage aux quatre coins de la planète, des conflits qui concernent tant les nations dites « civilisées » que celles dites « moins développées ». Et pourtant, si l'on peut considérer qu'il est anhistorique et comparable à travers le temps et l'espace, le phénomène de la guerre a profondément évolué au cours du temps. Les mêmes journaux rendent compte de certains aspects de cette évolution et des difficultés qu'elle entraîne pour les entités concernées : les difficultés rencontrées par les Etats-Unis en Irak ou par Israël au Liban semblent reposer sur le fait que les moyens importants dont ces puissances disposent sont mal adaptés à de nouvelles formes de conflit et à de nouveaux adversaires.
Quand et comment ces nouvelles formes de conflits qui semblent poser tant de problèmes à ces armées extrêmement modernes ses sont-elles développées ? Quelles en sont les caractéristiques ? Enfin, qui sont les nouveaux acteurs qui émergent de cette évolution de la guerre ? Avant d'aborder ces questions, il nous faut considérer la guerre « conventionnelle » pour laquelle les armées de tous les Etats sont en principe préparées.
[...] Ces conflits opposaient des troupes armées régulières parfaitement hiérarchisées, portant l'uniforme et distinctes de la population civile. Ces soldats ne se battaient non pas à titre individuel mais au nom de l'Etat[2]. Peu d'Etats étaient d'ailleurs en mesure de faire la guerre ; ceux-ci constituaient une sorte de club dont les membres étaient les occidentaux. Des règles sur la façon de mener la guerre ont même peu à peu émergé, avant d'être reproduites dans divers instruments internationaux. Ces textes reflètent d'une part cette volonté des Etats de mener des guerres civilisées et témoignent d'autre part de l'évolution de la guerre à travers la reconnaissance de nouveaux belligérants. [...]
[...] Ibid., p Conflits de 3ème génération après les guerres institutionnalisées et la guerre totale. Ghébali Victor-Yves, Les guerres civiles de la post-bipolarité : nouveaux acteurs et nouveaux objectifs in Relations Internationales, Paris, n°105 (printemps 2001), p Par opposition à une guerre symétrique qui oppose des Etats entre eux, les guerres symétriques pouvant être dissymétrique selon le différentiel des moyens engagés. Exemple significatif : les ressortissants belges ou anglais qui se sont transformés en kamikazes. David Dominique, Penser la sécurité dans un monde fluide in Annuaire Français des Relations Internationales, Volume IV p. [...]
[...] Ces conflits internes dits de 3ème génération seraient clairement distincts des guerres clausewitziennes classiques. Victor-Yves Ghébali définissait ce type de conflits comme un combat entre le gouvernement d'un Etat d'une part et un groupe d'insurgés d'autre part[8]. Aux côtés de l'Etat classique, un autre type de belligérant a donc fait son apparition, et ces groupes armés non étatiques ont bénéficié d'une certaine reconnaissance officielle avec le Protocole additionnel I de 1977. Ces conflits se déroulaient en outre à un niveau infra-étatique ; à l'intérieur d'un territoire, les combats étaient menés par ces groupes armés selon les techniques de la guérilla et pour des raisons liées à l'établissement d'un véritable Etat. [...]
[...] Enfin, qui sont les nouveaux acteurs qui émergent de cette évolution de la guerre ? Avant d'aborder ces questions, il nous faut considérer la guerre conventionnelle pour laquelle les armées de tous les Etats sont en principe préparées. Aspects historiographiques de la guerre jusqu'en 1945 L'évolution des conflits armés peut être éclairée différemment selon le critère que l'on adopte (comme la technologie). Parmi ces critères, c'est le concept d'Etat-nation qui nous semble le plus important à considérer. Ainsi, l'ordre international issu du congrès de Westphalie (1648) aurait sécrété un type de guerre qui lui est propre et qui est remis en cause aujourd'hui. [...]
[...] Mais peut-être vaut-il mieux considérer que les deux types de conflits ne se distingueront pas de manière si évidente, que l'ancien et le moderne coexisteront souvent au sein du même conflit. Holsti K.J., The State, War, and the State of War, Cambridge University Press, Cambridge p Rousseau Jean-Jacques, Du Contrat social, éditions Flammarion, Paris p : La guerre n'est donc point une relation d'homme à homme, mais une relation d'Etat à Etat Holsti, op. cit., p Van Creveld Martin, The transformation of war, éditions Free Press, New York Le terme force (charte, art ) a été employé parce qu'il est plus large que le mot guerre que les Etats savaient éviter (une guerre devenait une intervention ou des représailles . [...]
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