Le conflit afghan

Résumé du document

Ancien conflit de la Guerre Froide, et aujourd'hui conflit mêlant composantes identitaire et religieuse, le conflit afghan est emblématique de l'évolution du monde depuis l'effondrement du communisme. La prise du pouvoir par Kaboul par les Taliban soulèvent par ailleurs de nombreux problèmes issus d'une instrumentalisation manquée, comme des mouvements identitaires exacerbés dans une société rurale et hiérarchisée, et la naissance d'une variante spécifique de l'Islam née et manifestant l'échec d'un modèle islamiste universel

Extraits

[...] Celui-ci repose sur des groupes localisés et ramifiés, organisés hiérarchiquement et reliés entre eux par la parenté, dominés chacun par un malek. Chaque tribu présente une unité politique pouvant former des coalitions : tribus pashtounes sont regroupés en ensembles relativement permanents ou confédérations, comme les Durrani vivant autour de Kandahar. Toutefois, la population afghane se compose aussi d'agriculteurs persaphones au Nord-Est et une bourgeoisie urbaine et marchande qui ne sont pas organisés en tribus et ne partagent pas leurs valeurs. [...]

[...] Cela rend peu probable l'extension du phénomène Taliban hors de l'Afghanistan ou au pire des aires pashtounes, et constitue la plus grande faiblesse des Taliban. Mais le mouvement constitue aussi un facteur de trouble dans le région : il a altéré l'existence d'une identité nationale afghane déjà difficilement constituée ; certains vont même jusqu'à s'interroger sur un possible éclatement de l'Afghanistan, qui pourrait relancer les visées annexionnistes des pays voisins, ainsi l'idée de Grand Tadjikistan qui intégrerait les minorités tadjikes afghanes au Tadjikistan. [...]

[...] La renaissance identitaire et l'instrumentalisation manquée des Taliban : Dés l'été 1992, l'unité toute relative de la résistance afghane se disloque. Après avoir été un facteur de cohésion dépassant les identités contre le communisme, les composantes identitaires s'exacerbent peu à peu autour de deux visions de l'Islam, activement manipulées par les intérêts étrangers, mais qui finit par acquérir une dangereuse autonomie. A. Le gouvernement Rabbani-Massoud (1992-1996) L'échec de l'Accord de Peshawar : Après l'échec d'une gouvernement provisoire constitué d'Afghans neutres tenté par l'ONU, c'est un Tadjik, Massoud, stratège génial de la défaite soviétique, qui accède au pouvoir le 15 avril 1992, allié à la minorité ouzbèke du Nord. [...]

[...] Le conflit sovieto-afghan (1978-1988) : entre guerre froide et instrumentalisation religieuse et identitaire : Daoud s'éloignant de plus en plus de Moscou, les officiers communistes afghans, tous Pashtouns, le renverse lors du coup d'Etat du 27 avril 1978 et crée un nouveau gouvernement mené par le Parti Démocratique du peuple afghan, alors dirigé par Mohammed Taraki. Celui-ci conclut un traité d'amitié et de coopération avec l'URSS le 5 décembre 1978 et engage une révolution culturelle très impopulaire aussi bien chez les notables que dans la paysannerie traditionnelle : annulation des dettes, interdiction du prêt usuraire, réforme agraire sans mesures complémentaires., et parallèlement interdiction de la dot, autorisation du divorce et campagne d'alphabétisation visant à éradiquer les modes de pensée religieux. Le 27 décembre 1979 : les Soviétiques interviennent pour venir en aide au gouvernement afghan. [...]

[...] Le djihad contre les Soviets (Borhanoddin Rabbani) s'organise autour des Pashtouns, comme Hekmatyar, mais aussi autour de Tadjiks (minoritaires) comme Rabbani et Ahmad Shah Massoud, le grand stratège de la résistance afghane. Tout en jouant sur le Pashtounwâli (règles de solidarité et d'assistance tribales entre pashtouns afghans et pakistanais), le facteur d'unification avancé par les différents groupes et le Pakistan, est alors celui de la religion transcendant les identités ethniques : significativement, les chefs ne sont plus issus de la hiérarchie traditionnelle des tribus, mais se distinguent par leur charisme et leur ferveur islamique. [...]