Mc Kinder définissait, en 1904, l'Asie Centrale comme un « heartland ». Contrôler cette zone au cœur de l'Eurasie était, selon lui, essentiel pour tout empire souhaitant disposer de l'hégémonie à l'échelle planétaire. Or depuis la chute de l'URSS, les trois grandes puissances que sont la Russie, les Etats-Unis et la Chine se livrent, pour des intérêts spécifiques, à une compétition afin d'obtenir le maximum d'influence sur les cinq Républiques centrasiatiques.
Le flanc sud de la Russie est souvent qualifié de « ventre-mou » de par notamment l'immensité de sa frontière. Pour assurer la sécurité de son territoire face à une pénétration étrangère, la Russie veut maintenir des liens étroits avec ses voisins du sud pour que, le cas échéant, un conflit en leur sein ne se propage pas en Russie. De plus, le néo-impérialisme bénéficie d'une forte popularité dans l'opinion politique.
Pour la Chine, l'Asie Centrale correspond à sa profondeur stratégique. En cas de conflit avec les Etats-Unis autour de la question de Taiwan, le pays désire disposer d'alliés à sa frontière ouest. De plus, le Xinjiang, avec ses importantes richesses naturelles, est une zone que les dirigeants chinois entendent garder sous contrôle. Or, les indépendantistes Ouïgours auraient des points d'appuis en Asie Centrale. La Chine souhaite également profiter des réserves en hydrocarbures présentes en Asie Centrale.
Les Etats-Unis veulent aussi diversifier leur approvisionnement énergétique. C'est pourquoi, les compagnies pétrolières américaines ont investi plusieurs millions de dollars dans le bassin caspien depuis le début des années 90. Or, depuis le 11 septembre et leur percée militaire en Afghanistan, les Etats-Unis sont devenus très présents en Asie Centrale.
Pendant longtemps, l'Asie Centrale fut une région instable sous domination russe et chinoise. Mais le 11 septembre a eu des conséquences sur les diplomaties des Républiques d'Asie Centrale, qui désormais se rapproche de Washington.
[...] Enfin, la Chine investit dans les infrastructures de transport pour mieux relier son territoire à ses voisins et favoriser les échanges. Ainsi, la percée chinoise sur la scène économique centrasiatique apparaît réussie. L'économie fait partie du soft power cher à Joseph Nye, essentiel dans la diffusion de la puissance à l'heure de la mondialisation. Enfin, le Groupe de Shanghai[2] créé en 1996, associant Chine, Russie, Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizistan, rejoints par l'Ouzbékistan en 2001, vise à lutter contre le séparatisme et le terrorisme. [...]
[...] Or, la question de la drogue met en péril la stabilité de la zone. Entre le Triangle et le Croissant d'or, l'Asie Centrale est un passage privilégié pour l'acheminement de l'héroïne. Des portions de territoire sont désormais des zones grises, financées par l'argent de la drogue et où le pouvoir central n'exerce plus sa souveraineté Les cinq présidents ont su gérer la transition post communiste et bâtir un sentiment d'identité nationale autour de la culture islamique, présente malgré 70 ans de présence soviétique. [...]
[...] La Chine semble avoir davantage perdu que la Russie depuis l'installation américaine en Asie Centrale. Elle craint notamment que le rapprochement entre Washington et le Pakistan qui est un partenaire clé pour la Chine face à la rivalité indienne dans la conquête du statut de puissance régionale. La récente collaboration militaire des Américains avec l'Inde augmente la peur de l'encerclement des dirigeants chinois. La Chine perçoit enfin un risque d'isolement au cas où l'alliance russo-américaine se renforcerait. Finalement, l'amélioration des relations sino-américaine pourrait être plus conjoncturelle que durable tant des différends persistent entre les deux puissances. [...]
[...] Des tractations s'engagent alors avec les Républiques centrasiatiques. L'Ouzbékistan et le Kirghizistan, avec l'aval de la Russie, collaborent avec les Etats-Unis en les autorisant à se déployer sur leurs sols. En contrepartie, le Kirghizistan a bénéficié d'un rééchelonnement de sa dette, d'une aide du FMI et d'une aide humanitaire. L'Ouzbékistan a signé en 2002 un accord bilatéral de coopération technique et militaire[3]. Washington s'est engagé à soutenir l'indépendance et l'intégrité du pays, ce qui renforce la position ouzbek dans la région. [...]
[...] Pendant longtemps, l'Asie Centrale fut une région instable sous domination russe et chinoise. Mais le 11 septembre a eu des conséquences sur les diplomaties des Républiques d'Asie Centrale, qui désormais se rapproche de Washington. I. Une région instable sous l'influence de la Chine et de la Russie A. Une région instable A leur indépendance, en 1991, peu estimaient que les Républiques d'Asie Centrale allaient construire des Etats viables. Pourtant la zone n'a pas sombré dans le chaos. Les régimes ont abandonné l'idéologie communiste sans modifier leur façon de gouverner. [...]
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