Bien que le risque et le danger ont toujours été une constante sur le terrain pour les humanitaires, l'augmentation ces dernières années des incidents a engendré une préoccupation croissante pour les agences internationales et les ONG autour de la sécurité et de la diminution des comportements à risque.
Malheureusement, les chiffres démontrent que sur le terrain, le niveau de comportements à risque reste en constante augmentation et que la sécurité est loin d'être un dénominateur commun pour tous les personnels humanitaires.
Les employés qui travaillent dans des environnements violents (conflits civils ou situations complexes d'urgence) sont de plus en plus victimes de séquestrations, meurtres, explosions de mines antipersonnel et vols. De même, le personnel humanitaire court maintenant plus de risques d'être délibérément choisi pour cible d'attaque, soit pour des motivations politiques ou pour attirer l'attention médiatique et faire passer un message au niveau international, ou parce qu'il constitue simplement un objectif "facile" pour les organisations criminelles.
[...] Une mauvaise évaluation du contexte est donc un comportement à risque. L'organisation ou l'humanitaire qui ne connait pas son mandat, ses valeurs, principes, etc. dans ce milieu très précis met en péril la mission, car il risque de servir d'instrument à la politique étrangère ou à la promotion d'un point de vue religieux particulier, ou encore de provoquer la colère et le ressentiment des bénéficiaires. De la même façon, il se doit de maitriser le terrain d'intervention, de connaitre les antécédents et la dynamique d'un conflit (combats sociaux, économie politique des élites, causes du conflit, etc.), la culture de la population (normes, codes sociaux, valeurs, etc.), les développements politiques et militaires et la configuration du crime (conjoncture économique, disponibilité des armes, etc.) Il risque sinon de donner l'impression de participer au conflit, de renforcer l'économie de guerre, ou encore d'affaiblir le pouvoir de quelqu'un[4]. [...]
[...] A partir de cette considération, nous pouvons établir un premier comportement à risque relatif à une négligence dans le respect de ces règles de sécurité et bonne conduite de la part des organisations humanitaires et du personnel. Une organisation humanitaire a des responsabilités précises en termes de sécurité envers les bénéficiaires et ses employés. Elle doit évaluer les besoins et les possibilités de travailler dans des zones à risque et des zones de guerre et se doit de minimiser les risques en établissant des plans de sécurité adéquats et en mettant en œuvre les moyens (matériels, financiers et humains) qu'elle estimera nécessaires. [...]
[...] Il a la responsabilité de ne pas se mettre en danger. Par exemple, en cas d'agression, il ne doit pas répondre à la colère par la colère, car ce comportement risque d'aggraver la situation. D'autres comportements à risque sont notamment la consommation de psychotropes (dont le tabac, l'alcool, les drogues), les comportements sexuels à risque tels que les rapports non protégés, le jeu pathologique, certains troubles alimentaires, certains degrés de pratique de sports, etc. La santé et le stress sont aussi des facteurs de risques en mission humanitaire. [...]
[...] L'identification (vêtements, badges, drapeaux, etc.) doit être visible, sauf en situation de grande criminalité, où il est recommandé d'agir avec discrétion et de réduire la visibilité[7]. Les règles de comportements liées à la protection des bâtiments (la présence de gardiens de jour comme de nuit, de fils barbelés), à la gestion de l'argent (coffre-fort, règlement par chèque plutôt qu'en liquide), face aux crimes (attaque, agression sexuelle), et aux tirs (embusqués, bombardements), sont autant de règles qui rythment le quotidien des travailleurs humanitaires, et qui représentent un grave risque lorsqu'elles ne sont pas suivies. [...]
[...] Ces deux éléments dépendent en effet de la perception de l'organisation auprès des populations locales, de la capacité d‘observation et d'écoute du personnel humanitaire et de la capacité à véhiculer une image claire et cohérente de l'organisation auprès de tous les acteurs intervenant dans le conflit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture