Philipe Hugon, dans son livre Géopolitique de l'Afrique , place le Nigeria et l'Afrique du Sud au même niveau, les considérant tout deux comme des « puissances de premier plan » en Afrique. C'est ainsi que ces deux états ont été au cœur des débat pour l'éventuel attribution à l'Afrique d'un siège permanent au Conseil de sécurité. Malgré les candidatures argumentées de l'Angola, de la Gambie et du Sénégal- entre autres-, Pretoria et Abuja restent les représentantes ayant le plus de chance de l'emporter de par leur poids démographique et/ou économique. La compétition entre les deux états à l'accession d'un poste au sein du conseil de sécurité de l'ONU justifie à elle seule d'effectuer une comparaison entre les deux pays, en particulier sur les relations extérieures qu'elles entretiennent avec leurs voisins plus ou moins proches du continent africain.
[...] On cherche ici à transformer un espace géographique en un type d'espace social et économique avec une identité forte et clairement identifiée. On parle ainsi de carte mentale Le régionalisme s'accompagne en conséquence souvent de la construction d'institutions. C'est ainsi une notion clairement stato-centrée. À l'inverse dans le processus de régionalisation, les états ne sont pas des acteurs majeurs. Ce mouvement peut même aller à leur encontre puisque ce sont ici les acteurs privés qui jouent un grand rôle, pouvant mener à une perte de contrôle du territoire. [...]
[...] Pretoria doit bien entendu faire face à de nombreux problèmes internes tels que les inégalités issues du système de ségrégation, le spectre du chômage qui touche près de 40% de la population, la fuite des cerveaux et la violence. À l'origine de ces problèmes internes, l'Apartheid pose cependant l'Afrique du Sud en véritable exception sur le continent africain grâce au régime stable qui lui a apporté et à l'avancement économique qui lui a permis. Ainsi, l'Afrique du Sud est le seul pays africain aujourd'hui considéré comme un pays émergent. [...]
[...] Ces réseaux et acteurs interétatiques vont même à l'encontre de la volonté du pouvoir nigérian, engagé dans la réussite de la CEDEAO. En effet, ces acteurs n'ont aucun intérêt à voir mettre en place une quelconque harmonisation des politiques entre le pays ou libéralisation des droits de douane. L'intégration des régions frontalières passe par la persistance même des différences existant de par et d'autre des frontières étatiques, générant de nombreuses sources d'opportunité pour les acteurs locaux et régionaux. De plus, les réseaux transfrontaliers, nourris par une combinaison de patronage et des liens ethniques et/ou religieux, encouragent également les intégrations basées sur le contrôle personnel, en opposition claire avec l'identité territoriale nationale et la notion de citoyenneté. [...]
[...] Analyser les facteurs de puissance des deux pays revient à expliquer pourquoi il existe une différence d'influence entre les deux premiers États africains et pourquoi tous deux ont envisagé la relation avec leurs voisins directs de façon différente. C'est en analysant premièrement les points positifs et négatifs du pays en lui même et non dans sa relation avec ses pays frontaliers que l'on pourra expliquer le retard pris par le Nigéria, en dépit de ses nombreux atouts. C'est après avoir analysé ceci que l'on pourra alors mieux comprendre pourquoi l'on peut parler de régionalisme dans le cas de l' Afrique du Sud et de processus de régionalisation pour le cas du Nigéria, deux concepts incontournables[4] pour comprendre en profondeur les relations qu'entretiennent Pretoria et Abuja avec leur sphère d'influence directe L'ambition partagée d'agir et de structurer son entourage régional Des facteurs de puissance au service d'une ambition de leadership L'importance du discours : entre légitimité et besoin de légitimation L'idée d'un leadership sud-africain dans la modernisation de l'Afrique est une constante dans la politique étrangère de l'Afrique du Sud. [...]
[...] En 1999, suite aux différentes guerres civiles, les États membres décidèrent la création d'une force de sécurité en attente. Cette force conserve son appellation d'origine (l'ECOMOG) et ses principales tâches seront entre autres l'observation et la supervision des cessez-le-feu, le maintien de la paix, l'intervention humanitaire, le déploiement préventif, la construction de la paix, le désarmement et la démobilisation. Samuel Doe le considérait comme son mentor Gershoni 1993 21-43 ; Ellis 1999 : 162 ff cité dans D.Bach- Nigéria's manifest destiny in West Africa : dominance without power.” Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique. [...]
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