Les compagnies militaires privées

Résumé du document

Les connaissances de l'homme sont vastes. Depuis des siècles, l'homme a pris soin de préserver ses connaissances et de les transmettre à ses successeurs. Certains domaines, tel que celui de la philosophie, n'évoluent que très lentement. D'autres doctrines au contraire, font des bonds prodigieux depuis seulement quelques années. La médecine en est un exemple. Le domaine militaire, quant à lui, n'a cessé d'évoluer. Les tactiques de combat, tout comme les armements, ont été révolus. Le soldat également. Non seulement est-il de plus en plus polyvalent, mais aussi travaille-t-il de plus en plus souvent pour une firme privée. Les sociétés militaires privées sont devenues de réels phénomènes. L'histoire de ces firmes privées, leurs situations actuelles, les scandales et abus auxquelles elles font face, leur utilisation à des fins immorales ainsi que le flou judiciaire autour de ces sociétés seront abordés et permettront de convaincre le lecteur du fléau qu'elles représentent.

Extraits

[...] Celui-ci fit ce constat en remarquant qu'on ne pouvait lui répondre à la simple question de savoir pour qui les hommes tués travaillaient le jour de l'embuscade ou, en d'autres mots où va l'argent des contribuables. Waxman déclara: pendant plus de 18 mois, le Département de la Défense n'a même pas daigné répondre à mes questions. Quand il a enfin répondu en juillet dernier, il n'a même pas fourni l'état détaillé que j'avais réclamé. En fait, il a nié que les sous-traitants privés de sécurité aient le moins du monde travaillé pour le Pentagone. Or nous savons que c'est faux. [16]. [...]

[...] Perçus comme des hommes moralement infâmes, combattant pour des motifs peu nobles et ne faisant aucune distinction entre la guerre qu'ils font et une mission humanitaire, leur image s'est encore plus dégradée. Au cours des années 90 émane alors un nouveau type de mercenariat, plus acceptable que les affreux d'Afrique ou que le chien de guerre de Yougoslavie: les compagnies militaires privées. Contrairement à un simple regroupement de combattants, les compagnies militaires privées sont organisées. Les ententes faites entre armée et mercenaires au fond du Congo se transforment alors en contrats signés par des hommes d'affaires. [...]

[...] En effet, DynCorp, alors qu'elle évoluait en Bosnie-Herzégovine en 1999 sous mandat du Pentagone, fut impliqué dans un scandale de trafic d'armes et dans un réseau de prostitution juvénile. Tous les participants furent licenciés. Toutefois, ils furent rapatriés, et ni la firme ni les responsables n'ont fait encore à ce jour l'objet d'accusation quelconque. Il y a aussi le cas de l'appareil de la CIA qui abattit un avion civil de missionnaires américains au-dessus du Pérou en 2001. Cet appareil était exploité par une firme, à savoir Aviation Corp. Là encore, l'histoire n'est pas encore allée au devant de quelconque tribunal. [...]

[...] Il n'est absolument pas éthique de la part de gouvernement d'user de tels stratagèmes pour diminuer le nombre officiel de combattants morts en mission. Les soldats privés morts en mission ne rentrent pas dans un cercueil décoré d'un drapeau, et leur mort n'est connue de personne. Les compagnies militaires privées n'accordent aucune importance à leurs combattants. Souvent, leur formation a été faite dans l'armée. Le coût du combattant est donc faible. Un statut légal bien trop ambigu Un État engagé militairement dans un autre pays y envoie son armée et voit ses soldats y combattre en son nom. [...]

[...] Denard appuyé par les Américains renverse le président des Comores, Mohammed Djohar [27]. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tim Spicer de la société britannique Sandline International, est inculpé pour tentative de coup d'État [28]. Également, le cas de la Yougoslavie est particulièrement éclairant : l'opération Oluja (tempête) en Krajina fit 4771 morts blessés disparus [29]. La pire catastrophe yougoslave, loin devant les atrocités de Srebrenica, s'il l'on considère les victimes statistiquement, a servit les intérêts américains. Cette opération porte la marque américaine, puisqu'ils ont fournis les informations nécessaires, les moyens de guerre électronique, le brouillage et l'aval de l'opération. [...]