Taïwan, Colonisation, Traité de Shimoniseki, Régime colonial japonais, Régime autoritaire, identité taïwanaise, démocratisation, Capital culturel, indépendance, Chine, Ve République, Yuan, Etat de droit, libertés publiques, Libertés de parole et d'association, Institutions représentatives, pluralisme des médias
Françoise Mengin parlait en 2014 d'une « formation inachevée d'un État-nation à Taïwan » dans la revue « sociétés politiques comparées ». Cela met en exergue le fait que bien que l'État taïwanais semble avoir toutes les caractéristiques propres à un État, il lutte toujours pour exister. L'étude de la construction étatique à Taïwan parait intéressante dans la mesure où la trajectoire de ce pays est particulière : il a tout d'abord été colonisé pendant des siècles sous l'autorité d'États européens. En premier lieu au XVIIe siècle (Hollande, Espagne et France), puis par deux dynasties chinoises (Ming et Qing), débouchant sur un court épisode de souveraineté, avant de se retrouver aux mains des Japonais de 1895 à 1945. Le pays a donc longtemps connu un régime colonial qui a contribué à forger l'État taïwanais actuel.
À cela s'ajoute qu'à l'issue de la domination japonaise, un régime autoritaire fut mis en place sous la gouvernance de Chiang Kai-shek avant de basculer dans la démocratie sous le régime de son fils. On observe donc une trajectoire inédite suivie par l'île étant passée par un régime colonial, autoritaire avant de se fonder sur des bases démocratiques. Cela fait aujourd'hui de Taïwan un véritable État démocratique, parfois comparé à la Ve République française comme nous l'évoquerons, qui se fonde tant sur des institutions représentatives, élues au suffrage universel direct, ayant une véritable séparation des pouvoirs, avec de nombreuses libertés fondamentales reconnues (expression, association, médias). Ainsi, cela a débouché sur la « première société chinoise démocratique » (Guiheux), fondée sur un système stabilisé. Cela est d'autant plus intéressant à étudier que l'État s'étant construit à Taïwan parait radicalement différent de l'État chinois malgré leur proximité tant géographique qu'historique. Cela montre donc qu'il est intéressant d'étudier le processus de construction étatique à Taïwan pour observer ce qui lui a permis de s'imposer avec tant de différences vis-à-vis de son voisin chinois.
[...] Dès lors, comment l'Etat taïwanais s'est-il construit dans un contexte de colonisation puis de régime autoritaire pour s'imposer comme un « exemple démocratique » rarement reconnu à l'international ? Nous évoquerons en premier lieu qu'à travers les expériences coloniales, un mouvement de spécialisation, centralisation et de naissance d'une administration se met en place avant qu'un réel monopole de capitaux variés soit acquis par le régime nationaliste autoritaire créant un « imaginaire d'Etat » puisque la récente réforme institutionnelle sous forme démocratique et la tentative de construction d'un capital culturel ne vienne pas renforcer la solidité de l'Etat taïwanais (III). [...]
[...] Schmutz, Georges M. "La Sociologie Taiwanaise, 1957-1987." Revue Européenne Des Sciences Sociales 27, no (1989): 87 - 120. http://www.jstor.org/stable/40369815. [...]
[...] De même, il n'existe pas de langue propre à Taïwan qui se distingue peu du Chinois continental. Face à cela des marqueurs proprement taïwanais ont été créés tels que la mise en place d'un « logo de Taïwan » ainsi que des commémorations des évènements du 28 février 1947. Ce marquage de l'identité de la nation taïwanaise par l'enseignement de l'histoire du pays, mettre en place un « exode » permettant la création d'une histoire propre à l'île, à reconstruire une mémoire collective centrée sur Taïwan et « refondre l'identité culturelle de l'île en mettant en avant son caractère multiple, composite, mondialisé et océanique » alors que les colons japonais et chinois assimilaient la culture taïwanaise à leur propre culture. [...]
[...] A cela s'ajoute une confiscation par la force de propriétés anciennement japonaises sur l'île par le Guomindang. On voit donc la légitimité du parti au pouvoir se renforcer par l'établissement d'un capital de coercition physique, dimension qui, bien que présente lors des différents épisodes coloniaux, est mise d'autant plus en avant par le régime autoritaire du Guomindang, qui l'emploie de manière continue de 1947 à 1983 pour assurer sa domination sur le peuple de l'île. En addition de cette concentration du capital de force physique, une forme de capital culturel chinois basé sur une conception organique avec des liens primordialistes tente de se mettre en place, par le biais du « système de hukou », appliqué à Taïwan dès 1947, qui définissait l'identité d'un individu en fonction de l'origine de ses ancêtres, créant donc des racines chinoises pour une majorité d'habitants de l'île. [...]
[...] Néanmoins, ces éléments institués par les japonais sont bouleversés par la perte de Taïwan par le Japon au profit d'une occupation chinoise fondée sur une logique de « déjaponiser » et « re-siniser ». Le régime autoritaire nationaliste : l'aboutissement d'une concentration de capitaux menant à un « imaginaire d'Etat » Nous évoquerons que lors du régime autoritaire nationaliste, ce dernier renforce de manière exponentielle la concentration du capital économique mais surtout physique et symbolique Un renforcement important de la concentration du capital économique associé au « miracle taïwanais » l'issue de la perte de Taïwan par les japonais, des revendications d'indépendance de l'île ont pu naitre, en faveur d'un « degré important d'autonomie locale ». [...]
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