Croyances religieuses, Terre Sainte, religions monothéistes, revendications territoriales, israéliens, palestiniens, influence politique, géopolitique, coexistence pacifique
Dans un article de recherche intitulé « une lecture religieuse du conflit israélo-palestinien » et publié dans la revue Études en 2015, les auteurs Davie Meyer et Bernard Philippe expliquent que la dimension géopolitique du conflit israélo-palestinien ne suffit pas pour comprendre les raisons de ce conflit. En effet, il faut également, selon les mêmes auteurs, y intégrer d'autres paramètres, et tout particulièrement la dimension religieuse qui est prégnante pour comprendre la dispute d'un territoire où l'histoire religieuse est particulièrement présente puisque, selon eux, « sur le conflit avant tout territorial (deux peuples pour une même terre à l'origine) et qui ne cesse de s'aggraver, se greffe à présent une composante religieuse de plus en plus marquée » (Meyer & Philippe, 2015).
[...] Paradoxalement, ce retour aux sources et à la religion n'est en fait qu'un élément nouveau dans la religion juive car cette dernière n'exprime pas, dans ses racines, une volonté de mener une guerre de cette sorte. Ainsi, avant 1948, la dimension religieuse est absente dans les discours sionistes d'un retour en Israël. La paix, dite chalom, est alors le moteur de l'action du peuple juif selon les rabbins juifs. Ce n'est qu'à partir de 1957, via la conquête des territoires dits « de la promesse biblique » (Jérusalem et la Cisjordanie) que le discours militaire change et que la religion s'inscrit pleinement dans ce contexte (Ramel & Portier, 2015). [...]
[...] Ainsi, durant l'Intifada, des mécanismes institutionnels ont vu le jour, supporté par un discours religieux : « le Commandement national unifié pour l'intensification du soulèvement (Al Qiada Al Muwahada Li Tas-îde Al Intifada) et les Comités populaires locaux » (Levy, 2020) Un conflit multiculturel : l'influence politique et religieuse de la religion chrétienne orthodoxe La mobilisation du religieux dans le conflit israélo-palestinien se matérialise également par la perception d'autres mouvances religieuses, et notamment celle de la religion chrétienne orthodoxe directement dans ce conflit. En effet, cela s'explique par deux points : d'abord parce que la notion de « Terre Sainte » s'applique également aux chrétiens orthodoxes, mais également par cette sacralité de l'espace est également une dimension recueillie par les chrétiens orthodoxes. Dès lors, des institutions religieuses sont présentes dans la région, et plus particulièrement le patriarcat orthodoxe grec de Jérusalem (Lacombe, 1920). C'est une instance religieuse qui est reconnue par les autorités israélienne et palestinienne. [...]
[...] Il s'agit donc de prendre en considération cet aspect du conflit et d'en faire une grille de lecture pour ensuite interpréter les évolutions de ce conflit, et y découvrir des solutions possibles qui pourraient satisfaire l'ensemble des parties prenantes. Dès lors, comment les croyances religieuses ont-elles influencé le conflit israélo-palestinien et quels sont les défis et les opportunités pour la coexistence pacifique des religions dans cette région ? Cette question de recherche permet d'aborder les deux thématiques centrales du sujet. D'une part, il s'agit d'abord de comprendre les raisons de ce conflit et sa durée en s'appuyant sur la religion comme grille de lecteur : c'est la première partie de la question de recherche. [...]
[...] Il y a nécessairement la question religieuse à prendre en considération. En effet, comme nous avons pu le constater, le processus de paix est mis à mal pour des raisons idéologiques et religieuses : la sacralité du territoire rend difficile toute instance dialogue, chacune des communautés religieuses semble être légitime pour accéder à la souveraineté de ce territoire. Or on assiste aujourd'hui à une montée de l'extrémismes religieux dans les deux camps (Giniewski & Matteoli, 2004). Cela se matérialise à la fois dans le discours politique des acteurs impliqués que dans les modes d'actions eux-mêmes. [...]
[...] Il ne s'agit pas d'étudier d'un point de vue géopolitique de l'ensemble des enjeux liés à ce conflit, mais de comprendre les enjeux qui motivent les deux peuples à rester sur leurs positions tout au long de ces années. Pour cela, une grille de lecture peut s'offrir aux observateurs du conflit en prenant en considération la dimension religieuse de ce conflit. Historiquement, la ville de Jérusalem, et plus généralement le territoire disputé, représente un symbole qui place la religion au cœur du conflit entre les deux États (Sela & Yakira, 2003). [...]
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