Circulation des idées et relations internationales

Résumé du document

Avec la fin de la Guerre froide, le problème du rôle des idées en politique est devenu un thème majeur en Relations internationales. La réorientation de la politique extérieure de l'Union Soviétique à partir du milieu des années 1980 semblait impossible à expliquer à partir des facteurs matériels classiques du néo-réalisme, alors que de nouvelles idées jouaient un rôle décisif conduisant à une transformation complète des relations internationales. De façon plus générale, la complexité cognitive du processus de prise de décision ne peut être cernée uniquement à l'aide des postulats de rationalité qui sont au cœur du néoréalisme et de la théorie du choix rationnel. Les analystes ont soudainement redécouvert les idées. Ces recherches identifient les processus par lesquels les idées sont créées et transmises aux décideurs, elles examinent également les mécanismes de causalité par lesquels les idées affectent les choix. En d'autres termes, elles tentent de décrypter les dynamiques de circulation des idées dans les relations internationales.

Extraits

[...] Approche centrée sur les acteurs Cette approche, centrée sur les acteurs, correspond à une réalité apparue dans le Monde postbipolaire à savoir la multiplication d'acteurs privés transnationaux sur la scène internationale (think tanks, ONG, partis politiques structurés en mouvements internationaux), eux-mêmes étant à l'origine de la diffusion de l'idée de démocratie. a. Les thèses de la propagation Les thèses de la propagation, par le doux commerce ou la douce communication, font une place relativement importante aux acteurs non seulement étatiques et interétatiques, mais également transnationaux. [...]

[...] Ces recherches identifient les processus par lesquels les idées sont créées et transmises aux décideurs, elles examinent également les mécanismes de causalité par lesquels les idées affectent les choix. En d'autres termes, elles tentent de décrypter les dynamiques de circulation des idées dans les relations internationales. La notion d'idée (valeur, savoirs, concepts) a une définition polysémique. Dans une perspective rationaliste, les idées sont avant tout traitées comme objet (comme bien ou produit), et deviennent alors des variables explicatives rivales des intérêts. [...]

[...] Ainsi, les idées adoptées au niveau national peuvent être captées dans les autres pays dans une optique stratégique. a. Les variables relatives au succès d'une idée Pour Sikkink comme pour Peter Hall, les idées sont avant tout des policy paradigms qui deviennent progressivement saillants et s'imposent au sein d'institutions pertinentes, tant au niveau national qu'international. Peter Hall met en avant les différentes séquences conduisant à la crise d'un paradigme, à son abandon et à l'adoption d'un nouveau, ce processus étant avant tout sociologique. [...]

[...] Dans cette partie, nous étudierons comment, à travers quels canaux et vecteurs, l'idée de démocratie s'est diffusée à travers le monde. Pour répondre à cette question, des auteurs tels que Whitehead ont distingué trois différentes modalités de transmissions internationales de l'idée démocratique. a. La contagion mimétique La théorie de la contagion mimétique avance que l'idée de démocratie se transmet d'un pays à l'autre par un simple effet d'imitation. Cette thèse a été reprise par Samuel Huntington qui voyait dans ce processus l'idée de vague de démocratisation ou d'effet domino. b. [...]

[...] Dans cette perspective, des stratégies de captation de la part d'acteurs nationaux peuvent être mises en évidence. Conclusion La notion d'idée, assimilée à celle d'idéologie, de croyance ou encore de théorie, est traitée de manière instrumentale, comme un outil utilisé par des entrepreneurs politiques. Alors, une idée s'impose lorsqu'elle est portée par des groupes dont le poids relatif est le plus grand au sein du champ politique. Rivales des intérêts, les idées ne circulent pas librement, elles sont produites, sélectionnées et partagées par des individus pouvant constituer une ou plusieurs communautés épistémiques. [...]