Les relations sino-américaines sont historiquement ambivalentes et instables. À la fin des années 1960, le schisme idéologique sino-soviétique consacré, la Chine fait son entrée sur la scène internationale. Après vingt ans de quasi inexistence diplomatique, la République Populaire de Chine est officiellement reconnue par les États-Unis qui lui avaient jusqu'alors préféré Taïpeh. Pékin entre au Conseil de sécurité de l'ONU, tandis que Nixon se rend en Chine à l'invitation de Mao Tsé Toung. Au delà des civilités et de la "diplomatie du ping-pong", c'est l'équilibre international en Asie qui se trouve ainsi bouleversé. Ce rapprochement sino-américain présente une double réalité : partenariat et rivalité. Deux traits récurrents et de plus en plus marquants des relations sino-américaines : c'est parce que la Chine est une rivale sérieuse que les États-Unis doivent s'en faire un partenaire privilégié, c'est parce que les États-Unis sont puissants que la Chine recherche un partenariat susceptible de l'élever au rang de rivale...
[...] L'assouplissement de la politique économique chinoise ne s'est accompagné d'aucune réforme politique. Progrès économique et démocratisation ne sont allés pas de paire en Chine, contrairement à ce qu'ont toujours soutenu les américains. Ainsi, au Congrès des États-Unis, les adversaires d'un rapprochement avec la Chine ont toujours été nombreux et puissants. Les Républicains, en particulier aujourd'hui, dénoncent cette alliance "contre nature", dénoncent l'espionnage nucléaire chinois dont serait victime le pays depuis 1978 et accusent Clinton d'avoir vu sa campagne de 1996 financée, en partie, par la République Populaire de Chine. [...]
[...] Une opinion largement répercutée par la presse officielle chinoise et par Le Quotidien du peuple en particulier, qui qualifie l'opération "Force déterminée" d'invasion. Le bombardement accidentel de l'Ambassade de Chine à Belgrade ne va pas sans ranimer l'animosité de Pékin à l'égard des États-Unis. Le gouvernement chinois pourrait dès lors s'engager avec plus de force dans la voie de la résistance à la politique internationale des États-Unis et endosser ainsi le rôle d'adversaire des États-Unis que la Russie n'est pas capable d'endosser. [...]
[...] Au delà de la revanche prise sur la Macédoine (qui a nouée des contacts privilégiés avec Taiwan), la Chine, qui craint pour elle-même le précédent balkanique, inaugure une politique diplomatique mondiale autonome. Pékin tient l'intervention de l'OTAN pour une violation du droit international et part là même du principe de souveraineté et nourrit la crainte d'une possible internationalisation d'un conflit avec Taiwan ou dans ses régions rétives (Tibet, Xinjiang). La Chine ne veut pas voir les États-Unis faire la police internationale chez elle. [...]
[...] La Chine quant à elle, craint de se voir imposer plus que ce qu'elle est prête à accepter, mais elle n'a guère le choix. Les Américains sont les premiers pourvoyeurs de capitaux et d'investissements directs en Chine. La Chine a besoin des Occidentaux et des États-Unis pour se moderniser et devenir la grande puissance économique de demain. Des zones d'influence concurrentes Sur la question nucléaire, malgré les partenariats scientifiques et techniques et les transferts importants de technologies "sensibles", la Chine a très tôt affirmée son indépendance à l'égard des États-Unis. [...]
[...] Pour l'heure, les relations sino-américaines demeurent sur le fil. Parmi les points d'achoppement sino-américains se trouve la question des droits de l'homme régulièrement bafoués en Chine. Or les États-Unis se veulent les champions de la protection des droits et des libertés et se disent en guerre contre les États-bandits ("rogue states"). Ainsi, en 1989, en réponse à la répression de la Place Tien An Men, les États-Unis sont les premiers à prendre des sanctions. Le 5 juin 1989 George Bush annonce la suspension des ventes d'armes et de technologies de pointe à la Chine. [...]
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