La guerre du Golfe fut-elle vraiment un conflit de type nouveau ou s'explique-t-elle par le traditionnel concert des puissances ? Cette question est celle de la véritable signification du déploiement d'une coalition internationale en Arabie Saoudite ; il s'agit à la fois de percer les énigmes d'un conflit aussi obscur qu'il a été médiatisé et de lever une partie du voile géostratégique de l'Orient. Pour cerner le cas atypique de la Guerre du Golfe, il faudra donc successivement revisiter l'image que nous avons de cette guerre, déterminer les stratégies qui l'ont rendue possible, et enfin envisager ses conséquences sur la sécurité régionale
[...] Au moment du tracé des frontières, la sécurité du Golfe et la stabilité de la région importaient peu d'ailleurs. L'Irak a toujours considéré le Koweït comme une amputation de son territoire, sa dix-neuvième province perdue. Ainsi, dès les années trente, des dissensions éclatent entre l'Irak, l'Iran et le Koweït à propos du Shatt el-Arab, une zone qui devint encore plus importante avec l'exploitation du pétrole de la région. En outre l'Irak n'a pour toute frontière maritime qu'une étroite bande de 50 km quand l'Iran a 2000 km de façade maritime ; le port irakien de Bassora est très exposé et peut aisément être attaqué par l'Iran en cas de conflit. [...]
[...] Pour cerner le cas atypique de la Guerre du Golfe, il faudra donc successivement revisiter l'image que nous avons de cette guerre, déterminer les stratégies qui l'ont rendue possible, et enfin envisager ses conséquences sur la sécurité régionale. Partie 1 : Images de la guerre Une guerre du droit ? Une guerre menée au nom de la communauté internationale Une particularité de cette guerre fut d'avoir été menée au nom du droit, au nom de la Communauté internationale, sous mandat du Conseil de sécurité ; c'était la première opération de ce type depuis la guerre de Corée (1950). La résolution 678 rendit possible la guerre. [...]
[...] La division du monde arabe Crise du Golfe : les changements stratégiques, dossier 37, FEDN LAURENS, Henry. Le contentieux territorial entre l'Irak et le Koweït Maghreb Machrek, Monde arabe, n°130, octobre-décembre 1990. LAVERGNE, Marc. Les clefs de l'après-crise Politique internationale, n°51 printemps 1991. PECEBOIS, Jacques. Le pétrole entre la logique économique et les enjeux stratégiques Le trimestre du monde, 1er trimestre 1991. POUZOULET, Catherine. La croisade d'un Président : les enjeux de la guerre du Golfe en politique intérieure américaine Le trimestre du monde, premier trimestre 1991. PRATER, Frédéric. [...]
[...] Pour autant, doit-on en conclure que si les États-Unis ont gagné militairement la guerre, ils l'ont perdue politiquement ? En réalité le nom même du conflit, guerre du Golfe, signifie que pour les États-Unis, l'enjeu était bien régional, même si par delà le problème spécifique de l'Irak et du Koweït, c'était de l'hégémonie américaine au Moyen-Orient qu'il s'agissait. Comme le soulignait Ghassan Salamé dans un entretien accordé au Monde du 2 février 1999, la politique américaine est parfaitement rationnelle : l'objectif n'[était] donc pas l'Irak en tant qu'État, mais l'établissement d'une présence militaire accessoirement économique et industrielle, à long terme En 1990 souligne Dick Cheney, ancien Secrétaire d'État à la Défense, il fallait [aux États-Unis] trois mois pour amener 500.000 hommes dans le Golfe ; en 1994, trois semaines, et aujourd'hui trois jours Or, le contrôle du Moyen-Orient est un élément essentiel de l'hyperpuissance américaine ; seuls l'Europe et le contrôle de la défense européenne ont sans doute une importance équivalente pour les États-Unis. [...]
[...] L'Irak reçut alors au moins autant de bombes que l'Allemagne durant la Deuxième Guerre Mondiale. La manoeuvre générale des alliés était de conquérir la maîtrise absolue de l'espace aérien, de paralyser le commandement ennemi par la destruction de ses moyens de communication, enfin d'anéantir ses forces terrestres par des bombardements massifs. L'armée irakienne riposta par des actions spectaculaires mais sans grand intérêt militaire, qui eurent cependant un effet politique désastreux et expliquèrent en grande partie la violence de l'attaque alliée. [...]
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