Un robinet qui pompe la matière grise, voilà quelle image évoque spontanément l'expression « brain drain » qui signifie littéralement « la fuite des cerveaux ». Cette image est à la fois parlante et dangereuse. En effet, elle présuppose d'une part que cette migration des travailleurs qualifiés a uniquement des conséquences négatives. D'autre part, elle suggère une solution évidente à cette fuite : il faut couper le robinet pour endiguer le flux propre à la mondialisation, en empêchant légalement ce genre de migration. Mais comme nous le rappelle Ashok Parthasarathi, ancien conseiller du premier ministre indien : « Une réponse « pro développement » au brain drain ne doit pas inclure des restrictions sur les migrations qui violeraient les fondamentales valeurs des droits de l'Homme et de la liberté individuelle ».
Par ailleurs, il faut garder en mémoire que le brain drain concerne tout autant les pays développés (Ex. : France vers USA) que les pays en développement (Sud vers Nord) dans un contexte de mondialisation des flux humains. En effet, c'est dans le contexte d'un exode massif de scientifiques et d'ingénieurs du Royaume-Uni vers les États-Unis et le Canada dans les années 1950 que la British Royal Society avait inventé l'expression brain drain.
Quelles seraient alors les réponses adéquates au brain drain afin qu'il génère un brain gain également pour le pays d'origine, que celui-ci soit développé ou en développement ?
[...] Or, dans le cas de migration définitive, la perte en capital humain est sèche pour le pays d'origine. Et ceci est d'autant plus dramatique pour les pays en développement puisque les migrants originaires de ceux-ci ont plus de probabilité que ceux des pays avancés de s'établir définitivement dans leur pays d'accueil. À titre d'exemple des Chinois et des Indiens ayant reçu leurs doctorats aux États-Unis en 1990 y travaillaient encore en Une perte qui menace les enjeux vitaux d'un pays ? [...]
[...] Il serait accepté qu'une importante frange des étudiants migre, mais de tels centres seraient financés par des capitaux étrangers provenant notamment de la diaspora. Le bénéfice de telles universités serait positif pour les pays en développement car tous ne choisiraient pas de migrer et cette proportion augmenterait au cours du temps. De plus, ces centres d'excellence seraient une opportunité pour les membres de la diaspora qui choisiraient de se rapatrier afin d'y participer. Enfin, ces centres créeraient de l'emploi pour les non qualifiés à un niveau local du fait de leur construction et entretien. [...]
[...] On pourra cependant objecter que cette création de pôle n'est économique possible que pour les pays développés. Néanmoins, l'exemple du parc industriel et scientifique de Hsinchu montre bien la capacité de pays en développement, comme l'était Taiwan à l'époque, de saisir cette opportunité. En effet, ce pôle a permis le rapatriement d'anciens migrants qualifiés puisque la moitié des sociétés présentes sur ce site ont été créé par d'anciens expatriés de retour des États-Unis. B Favoriser un transfert de technologies et de connaissances 1. [...]
[...] Les rouages de la logique du brain drain / brain gain entraînent donc un cercle vicieux créant un centre de la circulation des cerveaux qui tire en bénéfice et une périphérie qui ne vit qu'un brain drain. Bibliographie - Mario CERVANTES, Dominique GUELLEC, Fuites des cerveaux : mythes anciens, réalités nouvelles L'Observateur de l'OCDE, nº230, Janvier 2002 - Jean FRANCOIS-PONCET, “Rapport d'information sur l'expatriation des jeunes français”, Sénat, juin 2000 - Sami MAHROUM, “Brain Gain Brain Drain, an international overview”; Paper for the Austrian Ministry for Transport, Innovation and Technology; Alpbach Technology Dialogue Août 2003 - Juan F. [...]
[...] Mais ces types d'incitation sont extrêmement couteux par le manque à gagner fiscal et les dépenses qu'elles entrainent. De plus, les politiques du pays d'origine visant à inverser le brain drain en sa faveur nécessitent que le développement du pays soit d'abord tel qu'une capacité d'attraction puisse être envisagée. Par conséquent, ces méthodes semblent être réservées aux pays développés victimes du brain drain qui peuvent se permettre à l'image de l'Angleterre créant en 2001 un fond annuel de 20 millions de livres qui visent à retenir les étudiants anglais les plus talentueux et à en attirer d'autres d'origine étrangère Créer des pôles locaux de recherche et production Si l'on suit la Growth theory”, les externalités positives liées au capital humain ont des retombées positives très fortes localement. [...]
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