Evoquer le terme des Etats-Unis d'Europe a pu servir à de nombreux auteurs pour désigner la formation d'une union des peuples européens. Ironiquement, alors que les Européens s'interrogent sur leur identité commune, parler d'Etats-Unis d'Europe soulève trois questions fondamentales dans les rapports de l'Europe aux Etats-Unis:
- En quoi les Européens se différencient-ils de leur puissant reflet atlantique ?
- L'Union européenne prend-elle un chemin qui la conduira à devenir l'équivalent européen des Etats-Unis d'Amérique ?
- Quel lien peut-on établir entre l'avènement des Etats-Unis comme puissance majeure des XXe et XXIe siècles et l'interrogation des Européens sur leur propre identité et quel a été, est et sera le rôle actif ou passif joué par les Etats-Unis dans la construction européenne ?
C'est ce triptyque, aux trois volets intimement liés, qui conduira cette réflexion sur les rapports entre Europe et Etats-Unis.
[...] L'Union européenne ne peut exister dans un contexte d'hégémonie américaine, qui la prive, elle et ses Etats, de son pouvoir d'action. Son rapport aux Etats-Unis est nécessairement conflictuel au sens où devenir un acteur de la multipolarité implique de rompre clairement non pas avec l'alliance américaine mais avec son alignement ou son refus. Elle lui impose de se poser en alternative crédible de l'action américaine. Bibliographie Ouvrages - Chopin L'Amérique et l'Europe : la dérive des continents Paris, Grasset & Lasquelle - Du Réau L'idée d'Europe au XXè siècle, Paris, Editions Complexes - Ferenczi Pourquoi l'Europe Paris, André Versaille éditeur - Kagan La puissance et la faiblesse, Paris, Plon, Pluriel - Schirmann (dir.), Penser et construire l'Europe (1919-1992), Éditions Sedes, Capes Agrégation (en particulier le chapitre David François, Le même et l'autre : regards américains sur l'Europe Articles - Andréani Gilles, Atlantistes aujourd'hui, européens demain ? [...]
[...] Les incompréhensions entre Europe et Etats-Unis viendraient d'une divergence d'interprétation de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pour les Européens, elle a signifié la fin du nationalisme et du souverainisme qui ont conduit à la guerre et que le droit international doit réguler. Pour les Américains, elle a signifié le triomphe de la souveraineté des Etats et des nations face à l'impérialisme nazi et le droit international doit être un complément du droit national, il doit se situer dans la lignée du droit de chaque Etat et non s'y opposer ou chercher à le dépasser. [...]
[...] 57-67 - Gurfinkiel Michel, Entretien avec Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes Outre-Terre, 2004/2, p.15-21 Gurfinkiel Michel, Outre-Terre Cité in David François, chapitre 4 de Schirmann Sylvain (dir.) p.96 Tertrais Bruno, Europe/États-Unis : valeurs communes ou divorce culturel Paris, Fondation Robert Schuman Kagan Robert Rémond René, Le XXe siècle de 1914 à nos jours, Introduction à l'histoire de notre temps, Tome Paris, Points Seuil p.272 Zorgbibe Charles, Histoire de la construction européenne, p.15 cit. in Ferenczi Thomas David François, in Schirmann Sylvain (dir.) p.83-85 Robert Cooper, La fracture des nations. [...]
[...] C'est ce triptyque, aux trois volets intimement liés, qui conduira cette réflexion sur les rapports entre Europe et Etats-Unis. Les Occidentaux partagent des valeurs politiques (droits de l'homme, égalité, état de droit, libertés de conscience, d'expression), économiques (économie de marché, capitalisme), culturelles (héritages gréco-romain, chrétien, des Lumières). Dans son essai, Bruno Tertrais[3] a néanmoins mis en exergue des différences importantes entre Européens et Américains quant à la place de la religion et à la violence (peine de mort, port d'armes), rapport à l'Etat. [...]
[...] Les Etats européens sont-ils sur la voie des Etats-Unis d'Europe, sorte de reflet des Etats-Unis d'Amérique. Même si l'intérêt porté au modèle américain est très fort et parfois judicieux dans le cadre européen, au niveau notamment du patriotisme constitutionnel, les Etats européens ne partagent pas la même histoire que les Etats-Unis : ils divergent entre eux par la culture bien davantage que les Etats américains et contrairement aux Etats-Unis ne se sont pas fondés sur un relatif vide historique.[5] Dans son essai, Thierry Chopin compare la trajectoire européenne et la trajectoire américaine en termes de nationalisme et de souverainisme. [...]
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