On a souvent comparé l'Association des Nations du Sud-Est (ASEAN), créée le 22 août 1967 par le traité de Bangkok, à la construction européenne. Mais quand on évoque la communauté européenne au début des années 70 ou l'UE aujourd'hui, on pense directement à la notion d'intégration. L'ASEAN s'oppose clairement à une perspective d'intégration parce que, selon ses fondateurs eux-mêmes, « un cadre institutionnel ne crée pas par magie des solidarités ». Les Etats fondateurs de l'ASEAN n'ont jamais envisagé aucun transfert, ou même un simple dédoublement, de souveraineté : ils ne transigeront pas sur une indépendance récemment acquise. Le régionalisme est considéré non comme une fin en soi mais comme un outil à la disposition des Etats : l'ASEAN est donc un instrument qui gère à la fois les nationalismes et les interdépendances. L'Association ne rentre ainsi dans aucune case théorique et ne ressemble à aucune mise en application sur d'autres continents. Elle n'affiche pas d'ambition précise mais permet, en utilisant des méthodes plus proches des réseaux que des appareils diplomatiques traditionnels, de régler des tensions qui auraient, sans elle, abouties au conflit et déstabilisé les pouvoirs en place. L'ASEAN a donc satisfait les attentes des fondateurs en instaurant une « communauté de sécurité ».
Cette méthode de gestion souple, autrement appelée « l'état d'esprit ASEAN » constitue un élément attractif pour les différents Etats d'Asie orientale. En effet, c'est le modèle qui attire, puisqu'il ne lie justement pas les Etats entre eux et permet dans le même temps une coopération régionale. Mais dans ce cas, quid de l'intégration, processus qui nécessite, par définition un certain institutionnalisme et la définition d'un projet commun à long terme, à l'instar de ce que peut entreprendre l'U.E., par exemple ?
Ainsi peut-on se demander si « L'état d'esprit ASEAN », qui fait tout l'attrait de l'Association pour les pays d'Asie orientale et qui tend à en faire un pôle régional, ne constitue pas en même temps un handicap à toute velléité d'intégration véritable en Asie orientale.
[...] L'ASEAN peut donc être considérée comme un pôle économique en Asie orientale dans le sens où elle polarise bel et bien une grande partie des flux économiques de l'Asie orientale. L'ASEAN constitue un pôle stratégique en Asie orientale Sur le plan stratégique également, l'ASEAN, organisation régionale souple et respectueuse des intérêts de chacun, est rapidement apparue comme le forum le plus fédérateur avec la création de l'ASEAN Regional Forum (ARF). Ce n'est ni une construction abstraite, ni une institution formaliste et contraignante : on n'est pas ensemble pour se surveiller mais pour permettre à chacun de se développer. [...]
[...] L'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) peut-elle constituer un pôle d'intégration régionale en Asie orientale ? On a souvent comparé l'Association des Nations du Sud-Est (ASEAN), créée le 22 août 1967 par le traité de Bangkok, à la construction européenne. Mais quand on évoque la communauté européenne au début des années 70 ou l'UE aujourd'hui, on pense directement à la notion d'intégration. L'ASEAN s'oppose clairement à une perspective d'intégration parce que, selon ses fondateurs eux-mêmes, un cadre institutionnel ne crée pas par magie des solidarités Les Etats fondateurs de l'ASEAN n'ont jamais envisagé aucun transfert, ou même un simple dédoublement, de souveraineté : ils ne transigeront pas sur une indépendance récemment acquise. [...]
[...] Reste à voir si dans un contexte bouleversé par la crise de 1997 1998 et face à une Chine qui s'affirme de plus en plus clairement en Asie orientale ce modèle bien asiatique de diversité dans l'unité où les Etats s'accordent pour n'être pas d'accords sans être désagréables agree not to agree without being disagreeable pourra perdurer sans définition d'objectifs communs à long terme ni modification de son mode de fonctionnement. Bibliographie - Boisseau Du Rocher Sophie, L'ASEAN et la Construction Régionale en Asie du Sud-Est, éditions de L'Harmattan, mai 1998. - De Sacy Alain S., L'Asie du Sud-Est, L'Unification à l'Epreuve, éditions Vuibert, 2000. [...]
[...] Mais dans ce cas, quid de l'intégration, processus qui nécessite, par définition un certain institutionnalisme et la définition d'un projet commun à long terme, à l'instar de ce que peut entreprendre l'U.E., par exemple ? Ainsi peut-on se demander si L'état d'esprit ASEAN qui fait tout l'attrait de l'Association pour les pays d'Asie orientale et qui tend à en faire un pôle régional, ne constitue pas en même temps un handicap à toute velléité d'intégration véritable en Asie orientale. I Un pôle d'intégration régionale en Asie orientale de facto. [...]
[...] Les membres de l'Association ont donc réussi à instituer un lieu de rencontres et d'échanges informels en Asie orientale, où les règles du jeu sont les leurs. Ce faisant, l'ASEAN occupe la place centrale des rééquilibrages en cours. II - mais une intégration régionale qui n'existe pas de jure Des faiblesses structurelles de plus en plus préoccupantes Les adhésions du Cambodge, de la Birmanie et du Laos mettent en avant les limites et les faiblesses d'une organisation qui n'a que son état d'esprit pour faire triompher ses principes et qui n'a toujours pas établi de norme politique minimale. [...]
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