L'Asie du Sud-Est dans les relations internationales de 1945 à la fin des années 1980

Résumé du document

Au début de l'année 1945, la puissance japonaise occupe presque tous les territoires de l'Asie du Sud-Est et son départ laisse un espace vide, une « table rase » succède à la deuxième guerre mondiale. Quarante-cinq années plus tard, débarrassée de la domination des puissances coloniales et des conflits armés, les états d'Asie du Sud-Est cherchent à s'ouvrir économiquement et politiquement. Entre temps, cette région fut un lieu des conflits les plus importants depuis 1945 (guerre d'Indonésie, deux guerres du Vietnam, guerre civile au Cambodge) et de nombreux enjeux internationaux (décolonisations, guerre froide, non-alignement, nouvelles puissances industrielles). Il est communément admis d'appeler Asie du Sud-Est les pays de la péninsule indochinoise – Vietnam, Cambodge, Laos – les pays limitrophes – Thaïlande, Malaisie – et les archipels formant l'Indonésie et les Philippines. Au niveau géopolitique, cette région est marquée par influence des deux géants démographiques : l'Inde (« la plus grande démocratie du monde ») et la Chine (puissance communiste mais qui a aussi eu un impact culturel sur la région avec le bouddhisme et le confucianisme). Il ne faut pas oublier la présence du Japon qui appartient à la triade. D'autres influences, plus lointaines, les anciens pays colonisateurs, les Etats-Unis, jouent aussi un rôle fondamental dans l'histoire de cette région. A ces multiples influences répond, au cours du temps, une diversité de régimes (régimes communistes – Vietnam, Cambodge, Laos – régimes alliés des Etats-Unis – Singapour, Philippines, Malaisie, Thaïlande – et les pays non-alignés – dont l'Indonésie), de culture et de religions (bouddhisme, islamisme et catholicisme s'y côtoient) et de niveaux de développement (qui varient durant la période). Nous sommes donc en droit de nous interroger sur l'Asie du Sud-Est dans les relations internationales de 1945 à la fin des années quatre-vingt, en nous demandant en quoi l'Asie du Sud-Est intéresse les relations internationales (à travers les conflits, les mobilisations d'opinion, les liens économiques, militaires, diplomatiques) mais aussi comment les relations internationales influencent la situation en Asie du Sud-Est. Des ouvrages comme Le livre noir du communisme présentent une analyse en terme de régimes : s'intéressant dans sa quatrième partie à la spécificité des régimes communistes asiatiques. « Guerre et croissance économique en Asie pacifique » – article de H. Tertrais – s'interroge sur le lien entre les guerres et les développements économiques dans cette région. Nous avons vu qu'en 1945, l'Asie du Sud-Est est presque entièrement occupée et qu'à la fin des années 1980, elle s'affirme comme région autonome. C'est cette lente évolution de l'occupation à l'affirmation de l'Asie du Sud-est, déchirée par les forces opposées du jeu international qui l'influencent, à laquelle nous allons nous intéresser.

Extraits

[...] Et, au début de la guerre de décolonisation, les Etats-Unis décident de ne pas prendre parti. Toutefois, la situation se modifie avec le début de la guerre froide. - Les deux Grands et l'O.N.U. s'opposent à la Hollande au sujet de la guerre d'Indonésie. L'Union soviétique apporte son soutien aux nationalistes indonésiens. Les Etats-Unis critiquent l'attitude des Pays- Bas : ils préfèrent le régime non communiste de Soekarno à cette agitation dangereuse. L'O.N.U. a conclu un accord janvier 1948 qui est à nouveau rompu par l'armée hollandaise. [...]

[...] Brocheux qualifie Norodom Sihanouk de pragmatique En effet, le roi cambodgien a toujours cherché à conserver l'indépendance de son pays mais sans s'engager fermement dans un camp politique. Il obtient l'indépendance de son pays par la négociation croisade pour l'indépendance 1953). Il s'engage dès 1955 dans la troisième voie (neutralisme et non-alignement). A partir de 1960, à cause de la pression de la Thaïlande, du Sud-Vietnam et des Etats-Unis, il se rapproche du bloc communiste. Après le coup d'Etat de Lon Nol en 1970, Sihanouk s'allie avec les Khmers rouges. Il revient au pouvoir en 1993. Soekarno fonde le Parti national indonésien en 1928. [...]

[...] Bin Wong, l'assimilation inconsciente que l'historien européen peut faire entre l'Asie du Sud-est et l'Europe ne doit pas nous amener à croire que la réussite (ce qui suppose une axiologie) ne passe pour cette région que par un mouvement qui la rapproche de l'Occident, car cela tendrait à faire croire que tout ce qui marche est au miroir de l'Europe Bibliographie Articles: - H. Tertrais, Guerres et croissance économique en Asie pacifique Matériaux pour l'Histoire de notre temps - P. Brocheux, Sihanouk, le "prince rouge" et L'homme qui devint Hô Chi Minh L'histoire - Frédéric Frecon, Les nouveaux pirates de la mer de Chine L'Histoire - Jacques Dalloz, Les Américains au Vietnam: l'engrenage L'Histoire - Nathalie Hoffmann, La radicalisation de l'islam : un facteur de déstabilisation en Asie du Sud-est ? Politique étrangère - R. [...]

[...] L'Asie du Sud-est est de 1945 à la fin des années 1980 le lieu des pires massacres. Longues guerres et régimes de terreur se succèdent faisant de ces quarante cinq années un véritable traumatisme l'apogée de la terreur se trouvant dans le régime génocidaire cambodgien. L'Asie du Sud-est après 1945 est aussi un théâtre majeur des relations internationales avec les guerres de décolonisation en ce qui concerne l'Indochine et l'Indonésie et les conflits liés à la guerre froide qui aboutirent à la mise en place de régimes communistes. [...]

[...] Pour être en position de supériorité lors de ces accords, l'armée française lance un piège à Diêm Biên Phû, mais le piège se retourne contre eux et ils se retrouvent encerclés : la défaite de Diêm Biên Phû a lieu la veille de l'ouverture des négociations accords de Genêve, le 7 mai 1954. Pierre Mendès-France signe les négociations de Genève en juillet 1954, qui mettent fin au conflit. La guerre d'Indochine a fait morts français, un demi-million de morts dans les rangs du Vietminh et de à 2 millions de morts civils. [...]