« La Chine n'en reste pas moins un défi pour le Sud-Est asiatique » . En effet, si le développement de la Chine est bénéfique à toute la région asiatique, en assurant une prospérité et une stabilité de toute la région, il fait néanmoins porter des doutes sur le visage futur de la Chine et d'une éventuelle attitude hégémonique au niveau mondial et régional. Ce défi pose ainsi la question de la coopération au sein de la zone asiatique, comprenant donc ses voisins immédiats mais aussi l'ensemble des pays du Sud-Est asiatique ainsi que la Russie, acteur de poids et les pays du Pacifique. A première vue, la coopération dans le domaine économique ou politique peut sembler impossible. En effet, la région réunit des pays ayant des caractéristiques très différentes, au niveau du poids démographique, de la nature politique du régime, de l'insertion dans le commerce international… De plus, le souvenir des différents impérialismes japonais ou chinois avive parfois les tensions et rend ces pays très attachés à leur souveraineté. Ils ont donc plutôt tendance à privilégier des coopérations bilatérales ou basées fortement sur le système intergouvernemental, de l'unanimité, ce qui freine la prise de décisions et qui donne l'image d'une coopération peu efficace.
Au niveau économique, cette zone asiatique se structure de plus en plus comme un pôle majeur du commerce international. Ainsi en 2000 d'après les chiffres de l'OMC, le commerce de marchandises de l'Asie (hors Russie) représentait 24,7% du commerce international, contre 20,2% pour l'Amérique du Nord et 36,3% pour l'Europe des 15. Dans cette aire, le cumul des nouveaux pays industrialisés (NPI), les « dragons » et « tigres » asiatiques constitue 10% du commerce mondial, avec une part seule du Japon et de la Chine encore faible. En 2000, la part de la Chine était de 3,7% contre 5% aujourd'hui. Selon les estimations, elle devrait atteindre les 15% d'ici à 2030 pour ce pays, troisième exportateur mondial et premier fournisseur de l'UE.
Ainsi face à l'hétérogénéité des pays asiatiques mais compte tenu des relations croissantes entre ces Etats et de leurs intérêts parfois convergents face à l'émergence de ce pôle économique asiatique, comment peut s'organiser la coopération asiatique ? A priori impossible mais nécessaire pour équilibrer cette zone asiatique en plein développement, quel modèle de coopération, à la fois dans les domaines économiques et politiques se met en place dans le Sud-Est asiatique ?
Nous nous intéresserons à l'exemple majeur de cette coopération asiatique, l'ASEAN, créée en 1967 et réunissant le Cambodge, le sultanat de Brunei, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, la Birmanie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam, en s'intéressant aux points communs que l'on peut dresser avec l'Union Européenne puis les divergences et les perspectives plus ou moins semblables entre les deux organisations internationales.
[...] Cette idée est plus pragmatisme, rejetant l'image lourde et contraignante du fonctionnement européen. La fréquence des réunions entre les chefs d'Etat n'avait même pas été traitée dans la déclaration de Bangkok, le premier a été organisé à Bali en Indonésie en 1976. Tout d'abord prévus tous les 5 ans (décision de Manille de 1987), les membres se sont mis d'accord sur des réunions annuelles en 2001. Un Secrétaire Général a été mis en place en 1981, mais les membres asiatiques ont toujours veillé à maintenir ses responsabilités dans des limites étroites et éviter un transfert de responsabilité. [...]
[...] Les négociations ont été ralenties par la crise asiatique de 1997 et l'élargissement de l'ASEAN, dont les nouveaux membres ne remplissent pas encore toutes les obligations impliquées par cet accord. L'AFTA vise à augmenter les investissements dans la région et à poursuivre la libéralisation des économies des pays membres et constituer un espace commercial dynamique organisé face aux Etats-Unis et à l'Europe. Il prévoit ainsi la réduction radicale des barrières douanières en 2008). Au sommet de Laos, un calendrier a été établi, prévoyant une élimination des tarifs entre les membres historiques et Brunei que les autres pays devraient imiter en 2012. [...]
[...] Ces deux organisations régionales se sont installées comme des instances aujourd'hui reconnues, notamment par leurs partenaires régionaux. Mais le processus a été complètement différent. Pour l'Union européenne, la collaboration est partie d'objectifs restreints, mais à la réalisation rapide sur un modèle plutôt supranational (Haute autorité puis Commission européenne). Avec l'ASEAN s'est construite autour de grands projets consensuels dans l'idée (collaboration accrue pour le développement social, économique et culturel ainsi que des échanges scientifiques, éducatifs et commerciaux privilégiés entre les pays), mais pas dans la réalisation. [...]
[...] Des structures et des conceptions globalement différentes 1. Des lignes de fracture fortes Les structures diffèrent entre l'ASEAN et le modèle européen. Tout d'abord, le degré d'institutionnalisation de ces aires régionales est largement divergent. Alors que la construction européenne est jalonnée par des traités phares (Rome, Maastricht, Amsterdam, Nice et Lisbonne le mouvement initial de construction de l'ASEAN n'est qu'une déclaration d'intention générale à l'issue de la réunion ministérielle en 1967. Ce n'est pas un traité ayant force de loi, ratifié par les parlements nationaux. [...]
[...] Schulders, Gungwu Wang, Geopolitics _ Vers un mécanisme sur les droits de l'homme dans le cadre de l'ASEAN ? Droits fondamentaux, janvier- décembre 2002, Vitit MUNTARBHORN _ Le régionalisme en Asie du Sud-est à l'épreuve de la mondialisation, Sophie Boisseau du rocher, Revue internationale de politique comparée Volume 8 2001/3 Selon les articles La Chine vue de Moscou de Guy Schulders et ceux de Wang Gungwu, Perspectives d'Asie et Chine et Russie, le grand tournant dans l'ouvrage, Les Relations Internationales En Asie-Pacifique de Serge Bésanger, Guy P. [...]
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