Dans son ouvrage La bombe atomique et l'avenir de l'homme, Karl Jaspers déclare en 1958 « actuellement, nous savons qu'il est réellement possible de prévoir non pas la fin du monde, il est vrai, non pas la fin de la planète terre, mais de la vie humaine ». Ainsi, le traumatisme des attaques nucléaires durant la seconde guerre mondiale marque fortement les esprits et ébranle les Etats à l'échelle mondiale. Si les conférences internationales marquent une volonté de mettre fin à la puissance destructive, ceci apparaît rapidement illusoire avec l'entrée dans la phase de la Guerre Froide. Expression popularisée par le journaliste Walter Lippmann, la Guerre Froide se définie comme un conflit multiforme dressant l'un contre l'autre deux blocs –occidental et soviétique-, chacun visant à étendre leur influence d'un point de vue territorial et idéologique. Raymond Aron qualifie cette période de « paix impossible mais guerre improbable ». Il est intéressant de se demander en quoi l'utilisation des armements nucléaires, de 1945 aux années 1960, est totalement appropriée à cette expression. En effet, en quoi l'arsenal nucléaire maintient-il les relations internationales dans une double dialectique de conflit et de pacification ?
[...] Ceci invite à nuancer l'image de l'arme comme instrument imparable de pacification et d'apaisement des relations internationales. Il apparaît ainsi au début des années 1960 que la “Coexistence pacifique” se place entre réalités et faux semblants et que la dissuasion nucléaire ne peut fonctionner à long terme. La paix reste largement illusoire, car les relations internationales ne se stabilisent que sous la pression de l'anéantissement du monde. L'équilibre de la terreur est avant tout un équilibre instable, car les deux superpuissances éprouvent des difficultés à restreindre l'accès au groupe des puissances nucléaires. [...]
[...] Toutefois, les associations pacifistes ne visent qu'à supprimer la bombe A sans prendre en considération ses rapports avec les relations entre les différents gouvernements. De ce fait, leurs revendications restent vaines et les grandes puissances continuent leur course aux armements nucléaires pour se protéger d'éventuelles futures attaques. La période de 1945 à 1968 est notamment marquée par la prépondérance de cinq pays en terme d'armements nucléaires. L'URSS possède la bombe A le 14 juillet 49. Par la suite, les Britanniques et la France deviennent membre du Club Atomique, respectivement en 1952 et 1960. [...]
[...] De 1945 aux années 1960, le lien entre armements nucléaires et relations internationales est donc ambivalent, oscillant entre paix et conflit, traumatisme moral et course à l'armement, dotation de la bombe A et traité de non-prolifération. C'est une évolution par à coup où les armements nucléaires consistent à livrer la guerre tout en permettant de l'éviter. [...]
[...] La Grande Révolution culturelle prolétarienne est donc marquée par l'ambivalence entre la dénonciation des survivances bourgeoises la volonté d'améliorer la condition ouvrière et de l'autre côté, la dotation de puissance destructrice de ce pays communiste. En politique étrangère, une nouvelle réalité se fait donc jour : les armes nucléaires semblent encourager un nationalisme défensif pour assurer leur indépendance. C'est la naissance du nationalisme nucléaire qui maintient les relations internationales dans un contexte de conflit menaçant, et ne fait qu'augmenter les rivalités Est- Ouest. [...]
[...] L'arsenal nucléaire est dès lors réglementé officiellement par les deux blocs, empêchant une éventuelle dérive. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le monde connaît une bipolarisation. Conflit multiforme, la Guerre froide se marque notamment par l'opposition des Deux Grands en matière d'armements nucléaire. L'année 1945 est l'illustration de la bombe A comme instrument de conflit et comme apogée de la violence et de la destruction à l'échelle mondiale. Toutefois, il serait faux de considérer les armements nucléaires uniquement comme accélérateurs de tensions et de rivalités Est-Ouest. [...]
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