Le concept de « nation arabe » apparaît à la fin du 19ème siècle comme la conséquence de l'élan modernisateur qui ébranle l'empire ottoman. Le point de départ du nationalisme n'est pas la revendication d'un état mais l'affirmation d'un particularisme culturel. L'idéologue Sati al-Husri exclut la religion des facteurs constitutifs de la nation, ne retenant de l'islam que les aspects culturels. La nation est ainsi fondée sur une idéologisation linguistique. Les Etats ne sont pas des nations (contrairement à ce qu'affirme Lufti al-Sayyid pour l'Egypte), mais des pouvoirs qui assurent provisoirement la souveraineté dans l'attente de l'unité. L'arabisme es venu, au moins pour les élites, concurrencer le sentiment fondamental d'appartenance à l'islam. On trouve dans le mouvement aussi bien des théoriciens musulmans que des chrétiens, d'où une coloration assez franchement laïque de l'arabisme.
L' « islamisme » correspond à un mouvement politique dont le but est l'établissement de l'Etat islamique, en opposition avec l'Etat moderne de type occidental. Les revendications fondamentalistes sont centrées autour de la charia. Il diffère du fondamentalisme traditionnel par la place qu'il accorde à la question de la prise de pouvoir. Il se distingue également de la théologie mais l'idéologie politico-sociale est inspirée des valeurs traditionnelles. Sa spécialité consiste en sa lecture politique de l'islam : il pose le problème de l'Etat. Les islamistes prônent la réunification politique du monde arabe, l'abolition des frontières et des états qui les divisent. C'est l'ordre du politique qui ordonne l'espace social. La société islamique devait refléter l'unicité divine, elle doit être « une ». La nation est rejetée au profit de l' « Umma », la communauté des croyants.
L'aspiration panarabe est très forte au moment du règlement de la première guerre mondiale. Le souhait général est la constitution d'un Etat arabe unifié comprenant l'Arabie et le Proche Orient. En fait c'est le morcellement qui prime. Un sentiment de grande frustration se développe : l'anti-impérialisme.
Il s'agit de voir comment, d'une aspiration à l'unité arabe qui ne pourra rester qu'un idéal, on assiste à une radicalisation progressive de l'islam.
[...] Il est le produit de tous les problèmes, tensions, traumatismes et frustrations accumulés depuis ce demi-siècle. En effet, la société se caractérise par la permanence de problèmes fondamentaux comme la misère, l'anaphabétisation, la discrimination, le sexisme, l'absence de liberté. On observe également des bouleversements qui affectent les modes de vie, tels que l'urbanisation de centaines de milliers de paysans. L'ancien tissu social est déchiré, les conflits locaux persistent. La responsabilité des échecs est vite attribuée aux idéologies importées (idéologies occidentales ou socialisme) et à l'intervention occidentale. Les peuples voient dans l'islam un ultime recours. [...]
[...] Cependant les revendications des arabes sont sous estimées. La guerre finie, il ne reste que les britanniques au Moyen Orient. L'idée d'une unité arabe renaît. L'initiative de la création d'une Ligue Arabe revient à Nuri Saïd, le premier ministre d'Irak de l'époque. Nahas Pacha le prend de vitesse et annonce à Alexandrie la création de cette ligue. La victoire du Caire sur Bagdad contenait la promesse d'une aide à tout mouvement national arabe, mais faute de moyens elle fut limitée à faire des proclamations et paralysée par la rivalité entre Etats. [...]
[...] Arabisme et nationalisme arabe sont en crise. Conditions d'un renouveau islamiste Les mouvements islamistes qui se développent, apparaissent comme une réaction de groupes sociaux déçus par les échecs du nationalisme laïc ou les tensions consécutives aux politiques de modernisation. La rente pétrolière directe ou indirecte, les aides extérieures, ne suffisent plus à prendre le relais des ressources qui avaient assuré l'intégration des premières générations. L'échec des grands projets socialisants ne permet plus de socialiser les nouvelles couches sociales éduquées, certes, mais de plus en plus nombreuses. [...]
[...] Il n'y a pas eu naissance d'un nouveau panislamisme. Toutefois les réalités socio-économiques et politiques qui ont porté l'islamisme ne sont pas prêtes de s'effacer : misère, déracinement, crise des valeurs et des identités, marginalisation de larges couches de la population, chômage Il existe toujours un vif ressentiment à l'égard des USA et d'Israël. Si la révolution islamique, l'Etat islamique, l'économie islamique peuvent apparaître comme des mythes, la contestation islamique elle est bien une réalité. Bibliographie Olivier Carre, Le nationalisme arabe, Paris : Fayard ,1993 Ernest Gellner, Nation et nationalisme Abderrahim Lamchichi, Islam, islamisme, et modernité Henry Laurens, L'Orient arabe. [...]
[...] Le Wahhabisme : rigorisme religieux et en même temps combat contre l'arabisme de Nasser. Dans les années 60, les Etats-Unis soutiennent cette prédication conservatrice considérée comme un instrument pour combattre l'arabisme révolutionnaire et le communisme. Les Frères Musulmans : inspirés en Egypte par Hassar Al-Banna. Au départ il s‘agit d'un arabo-islamisme insistant sur la primauté des arabes de l'ensemble de la communauté musulmane. Très vite ils s'engagent dans le combat contre le régime nassérien. Sous l'influence de Sayyid Qotb toute référence à l'arabisme est éliminée, il y a radicalisation, construction d‘une idéologie de la contestation. [...]
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