En 2003, un rapport a été publié par la Commission dirigée par le juge israélien Théodore Or afin de fournir un éclaircissement sur les événements d'octobre 2000 durant lesquels des policiers israéliens ont tiré à mort sur 13 des manifestants arabes qui s'étaient rassemblés pour exprimer de façon pacifique leur solidarité avec les Palestiniens des territoires occupés pendant la seconde Intifada. Cet accident a largement contribué à la détérioration des relations entre les citoyens juifs et arabes d'Israël. Le rapport a permis de relancer le débat sur la question de la place des Arabes dans la société israélienne sans pour autant émettre de proposition constructive pour tenter de régler ces différends (Louer 2007). La Commission souligne toutefois qu'il est indispensable de réduire les disparités entre les deux populations et remet en cause le comportement de la police israélienne envers les Arabes du pays : une attitude violente liée à la perception de ce groupe comme une menace permanente pour la sécurité.
Finalement, ce rapport résume assez bien la situation des Arabes en Israël depuis la création de l'Etat en 1948. Ce groupe largement minoritaire dans le pays correspond aux descendants des quelque 160 000 Palestiniens restés sur le territoire du nouvel Etat après la guerre d'indépendance. Le reste de la population s'est réfugié dans les pays voisins. Ceux qui sont restés ont obtenu la citoyenneté israélienne avec, en théorie, tous les droits y afférents : celui de voter, d'être élu et de bénéficier des allocations de l'Etat Providence. Ils représentent aujourd'hui 20% de la population israélienne comprenant en leur sein des catholiques, des Druzes, des musulmans, des Bédouins.
[...] Finalement, le rapprochement vers les Palestiniens ou vers les Israéliens fluctue en fonction de l'évolution du conflit israélo- arabe, de la politique de discrimination exercée envers eux et de la définition plus ou moins stricte d'Israël comme l'Etat des juifs (Amara 2003). Les Arabes d'Israël : candidats à l'autodétermination interne ? La charte des Nations Unies reconnait le droit des peuples à l'autodétermination économique, politique et sociale. Elle en propose deux types. La première est dite externe et la seconde interne. [...]
[...] Ce n'est que progressivement, dans les années 70 qu'on assiste à une palestinisation politique. En effet, des liens vont se créer entre certains partis et organisations avec l'OLP, c'est notamment le cas du parti communiste le Rakah ou encore d'un parti créé à cette époque qui est le Abra El Balad ou Liste progressiste pour la Paix qui défend le droit des Palestiniens à avoir un Etat indépendant. On note, par exemple, l'instauration d'un jour de grève annuel, le 30 mars, appelé le Jour de la Terre durant lequel ils manifestent leur solidarité avec les Palestiniens. [...]
[...] Le nécessaire renforcement des mesures de contrôle de cette minorité Ces préoccupations quant à la palestinisation sont venues renforcer ce sentiment d'être menacé par les Arabes et justifient la nécessité d'exercer un contrôle sur cette minorité à risque. En effet, les méthodes utilisées depuis la création de l'Etat pour surveiller cette population sont reconduites et renforcées durant cette période. Il s'agit d'un processus de contrôle qui repose sur une territorialisation politique, une dépendance économique vis-à-vis des Israéliens et enfin d'une territorialisation culturelle (Al-Haj 2003, Lustick 1980). Ces méthodes sont destinées à mettre les Arabes à l'écart de la vie politique, à les empêcher de développer des moyens efficaces pour défendre leurs intérêts face aux Israéliens. [...]
[...] Un modèle multiculturel de l'Etat d'Israël : la réponse aux attentes de la minorité arabe ? Les partisans de l'autodétermination interne défendent finalement l'idée d'un Etat multiculturel ou binational. Ce modèle repose sur différents principes. Tout d'abord, l'Etat doit promouvoir et favoriser l'expression des différentes identités culturelles qui composent la nation. Ainsi, ce dernier va refléter l'identité de la majorité juive et de la minorité arabe du pays. Les institutions vont mettre l'accent sur la diversité culturelle comme base de la cohésion au sein de la société israélienne. [...]
[...] Ces derniers ne contribuent donc pas à la formation de cette identité. Pour pouvoir bénéficier de l'égalité qu'on leur offre ils doivent s'adapter à cette culture majoritaire et reléguer leurs particularismes dans la sphère privée. Finalement, on ne peut pas considérer cela comme un réel avancement pour eux. Sur le plan de leur droit, cela serait un progrès mais pas sur le plan de leur reconnaissance comme groupe identitaire à part (Taylor 1994). En effet, si on reprend la typologie proposée par Charles Blattberg, ce modèle est monarchique dans le sens où la majorité impose sa culture sur les autres groupes. [...]
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