D'une part, alors qu'il semblait si puissant et soutenu si massivement, comment expliquer l'échec du FIS à prendre le pouvoir au début des années 1990 ? D'autre part, quelle interprétation faut-il donner aux attentats aveugles qui touchent la population algérienne et peut-on y voir, dans certains cas, une tentative de manipulation des services algériens ? Enfin, la politique de réconciliation de 'concorde civile' du Président Bouteflika est-elle à même de ramener la paix en Algérie?
[...] La passivité de l'armée est donc pour le moins troublante. Nesroulah Your, témoin direct des événements, a tenté de comprendre la logique du massacre et de l'attitude de l'armée. Après enquête, il en conclut que le massacre a vraisemblablement été perpétré par des militaires ou par des islamistes manipulés par les services algériens. Il souligne en effet le calme et le professionnalisme des assassins, voire leurs fausses barbes selon certains témoignages. Le but aurait été de rallier une population acquise en majorité aux idées du FIS en 1992, en suscitant un dégoût des horreurs islamistes chez la population. [...]
[...] La conjonction du prêt du FMI, des réformes économiques, de l'aide de l'étranger, en particulier de la France milliards de francs depuis 1992), de l'ouverture au commerce extérieure, de la simplification administrative, va engendrer une croissance économique importante, qui sera surtout favorable à la bourgeoisie commerçante, ce qui la ralliera au régime. La réintégration des islamistes dans le champ politique. Celle-ci va s'opérer au moyen de l'émergence d'un parti islamiste modéré, le Hamas, dirigé par Mahfoud Nahnah (branche algérienne des Frères Musulmans). Celui-ci, à la surprise générale, va recueillir 25% des voix à l'élection présidentielle de 1995, arrivant en seconde position derrière Zéroual. [...]
[...] La politique de concorde civile a obtenu des résultats mitigés mais encourageants. Des résultats encourageants. Elu en avril 1999, Abdelaziz Bouteflika est un ancien ministre des affaires étrangères membre du parti FLN. Malgré son élection entachée d'irrégularités (tous les autres candidats se sont retirés au dernier moment pour dénoncer des fraudes), il a su, par sa politique de concorde civile lever un certain nombre d'espoirs en vue d'un règlement de la guerre civile. En effet, à la suite d'un référendum qui a approuvé cette politique, le président a mis en place un processus de réconciliation nationale. [...]
[...] Une explication réside dans le caractère bicéphale du FIS, à la différence de l'Iran où Khomenei avait su capter l'ensemble de la contestation qui l'avait porté au pouvoir. De plus, acceptant le jeu démocratique, les dirigeants du FIS ont été pris d'avance par le pouvoir qui a su les arrêter avant les élections de décembre 1991. D'autre part, malgré son impopularité, l'Etat-FLN continue de bénéficier de soutiens minoritaires mais puissants. En premier lieu, cela va de soi, l'armée, puisque c'est elle qui contrôle les rouages essentiels du pouvoir. L'adversaire est dès lors difficile à combattre. [...]
[...] Enfin, dans le contexte de la guerre d'Afghanistan des années 80, ils s'assimileront volontiers aux djihadistes qui luttent contre un régime communiste athée, l'Algérie étant elle-même une alliée de l'Union soviétique. Les moujaheddines partis combattre en Afghanistan reviendront auréolés d'un prestige certain et contribueront au climat de violence et de fanatisme au sein de la jeunesse arabophone diplômée au début des années 1990. Il faut également noter que cette génération aura été en partie formée par des instituteurs venus d'Egypte, dont un certain nombre de Frères Musulmans. [...]
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