Le Royaume-Uni et la France sont arrivés au cours des XVIIIe et surtout XIXe siècles à se constituer un vaste Empire colonial : la quasi totalité de l'Afrique et de l'Asie sont soumises par des biais divers (protectorats, colonies, mandats voir même condominiums ) à leur domination. Les grands empires coloniaux sont ainsi à la source même de leur statut de grande puissance en même temps que l'origine d'un certain sentiment de supériorité nationale. Dès lors, la contestation de la domination coloniale au sortir du second conflit mondial est l'une des manifestations les plus criantes d'un déclin européen. Le Royaume-Uni et la France, membres du conseil de sécurité de l'ONU, sont, en tant que premières puissances coloniales du monde, les premières exposées à la vague de décolonisation qui déferle sur ce que l'on va appeler « Tiers Monde » avec l'aval des nouvelles superpuissances : les USA et l'URSS.
Au-delà des différentes étapes et des différentes manières dont la décolonisation a été menée, la réaction des métropoles à cette déchirure illustre en fait la nature très dissemblable des relations qu'elles avaient tissées antérieurement avec leurs possessions outre-mer.
Nous verrons que si les décolonisations française et britannique procèdent de ressorts analogues ; l'accession à l'indépendance des colonies entre 1945 et 1965 ne correspond pas au même schéma suivant la puissance et la zone considérée et montre un pragmatisme britannique plus efficace que l'intransigeance française.
[...] En effet, la décolonisation britannique est relativement rapide et pacifique alors que la décolonisation française est plus heurtée et dramatique. Les Britanniques acceptèrent ainsi de négocier avec les leaders nationalistes en privilégiant ceux qui bénéficiaient de l'adhésion la plus large des populations, en partant du principe que l'adversaire le plus résolu d'aujourd'hui a toutes les chances d'être le partenaire le plus sûr de demain. Le processus de décolonisation s'est déroulé avec souplesse et selon un schéma identique : d ‘abord une période de mise à l'épreuve pendant la phase d'autonomie interne, puis, ensuite accession à l'indépendance avec entrée ou pas dans le Commonwealth. [...]
[...] Dans le contexte économique et moral de l'après-guerre, le principe même de colonisation est remis en cause des deux cotés de la Manche. Une première remise en cause est d'ordre moral, en effet, la guerre a été menée au nom de la liberté des peuples, de la justice et surtout des droits de l'Homme, contre le racisme et le totalitarisme nazi ; en France, les idéaux de justice et de fraternité initiés par la résistance sont très prégnants. Dès lors, le principe de la colonisation apparaît comme profondément contradictoire vis-à-vis de ces principes aux yeux d'une partie de l'opinion qui critique fortement le fait que le colonialisme ait conduit à un accaparement des ressources et des pouvoirs entre les mains des européens tout en réduisant les peuples colonisés à la soumission voire à l'oppression. [...]
[...] Il n'y a qu'en Afrique francophone et au Maghreb (sans l'Algérie), que la France a conservé une des liens de coopérations économiques et militaires qui lui conservent une influence forte si ce n'est prédominant. A long terme pourtant, la France réussira à surmonter ses revers outre- mer. Tout d'abord la décolonisation britannique n'a rien d'une décolonisation exemplaire. En effet, les britanniques quittent des pays en proie à des guerres civiles ou à des conflits ethniques latents qui perdurent encore aujourd'hui. [...]
[...] En Egypte, quoique nominalement indépendante depuis 1922, on assiste à un dépassement du vieux parti bourgeois WAFD par des organisations plus radicales inspirées par le panarabisme. En Afrique du nord, il y a dualité entre les réformateurs religieux (Oulémas de Ben- Badis en Algérie) et les réformateurs laïcs de l'ISTIQLAL (fondé en 1943) et du NEO-DESTOUR (fondé en 1935). Il existe aussi un parti plus radical en Algérie : le parti du peuple algérien de MESSALI HADJ. L'Afrique noire francophone est beaucoup moins touchée par ce mouvement que l'Afrique noire anglophone (conférence panafricaine de Manchester en 1945), ses leaders ont une plus grande maturité politique. [...]
[...] La révélation de l'Holocauste va jouer un rôle d'accélérateur en renforçant la cause du sionisme dans l'opinion publique particulièrement aux USA et donc par ricochet à l'ONU. Dès lors un climat de guérilla se développe contre les britanniques pressés de se débarrasser du fardeau. L'ONU s'empare du problème en 1947 et propose un plan de partition accepté par les Juifs mais rejeté par les Arabes. Mais sans attendre la réalisation du plan, les Britanniques mettent fin à leur mandat en Mai 1948 ce qui entraîne la création d'Israël le 14/05 et la première guerre israélo-arabe. [...]
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