La politique étrangère des Etats-Unis en Amérique latine a toujours oscillé entre les deux tendances des administrations qui se sont partagées le pouvoir : l'une, démocrate, avec pour modèle Woodrow Wilson, a plutôt visé à exporter les idées et les institutions anglo-saxonnes des pères fondateurs, telles que la démocratie, la liberté et la justice ; l'autre, républicaine, clairement impérialiste et pragmatique, a cherché avant tout des sources bon marché de matières premières, ainsi que l'hégémonie commerciale, économique et militaire, son représentant est Théodore Roosevelt. Les deux tendances ont cependant toujours eu en commun la volonté d'empêcher à tout prix la formation dans l'hémisphère sud d'une puissance politique, militaire ou économique susceptible de traiter d'égal à égal avec le nouvel empire
[...] Alors, de nouvelles intégrations régionales visent la compétitivité des économies nationales en élargissant les marchés et permettent également d'accroître la capacité de négociation des pays de la région face aux grandes puissances économiques. Cette insertion de l'Amérique latine dans le marché mondial ou plutôt dans l'économie mondiale opère un désenclavement du continent, non seulement dans le cadre d'un panaméricanisme rénové, à l'initiative des Etats-Unis, mais aussi vers d'autres régions du monde comme l'Asie, l'Europe ou l'Afrique. L'Amérique latine ne peut, en effet, se contenter d'être un simple appendice de l'Amérique du Nord ; elle cherche donc à établir un partenariat avec toutes les grandes régions économiques et politiques de la planète. [...]
[...] L'activisme américain se tempère sous l'administration démocrate de Jimmy Carter qui fait du respect des droits de l'homme le credo de sa politique. La parenthèse est refermée avec Ronald Reagan. Bien que privilégiant l'intervention "indirecte", les Etats-Unis ne craignent pas d'utiliser directement la force armée pour renverser les gouvernements hostiles comme en 1983 à Grenade. Une domination psychologique Ainsi, la proximité du voisin Amérique du Nord a été montrée par son omniprésence sur le sous-continent américain, à travers les multiples interventions militaires comme par l'instauration de normes industrielles et juridiques. De là découle un étrange sentiment d'amour-haine envers les Etats-Unis. [...]
[...] La déclaration de Monroe en 1923 en effet, souvent été perçue comme la première affirmation d'un expansionnisme américain vers les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Amérique latine, alors qu'il s'agissait plutôt d'une attitude défensive, révélant la peur du retour des puissances coloniales sur son territoire. La phase impérialiste de la politique étrangère américaine coïncide plutôt avec la pratique d'un droit d'intervention en Amérique centrale, celui-ci étant officialisé en 1904 par Théodore Roosevelt à travers la politique du "big stick". Il s'agit de faire du sous-continent un lieu d'influence privilégié à travers la diplomatie du dollar de 1901 à 1908, puis avec un contrôle économique et politique de 1908 à 1920. Le rejet est général dans toute l'Amérique latine. [...]
[...] La fascination pour le pays riche et puissant a pour revers un complexe d'infériorité/supériorité. C'est l'idée selon laquelle la prospérité des Etats-Unis viendrait du Sud : après avoir pillé L'Amérique latine, les Etats-Unis la tiennent à l'écart et la méprisent. Quant aux Latino-américains, ils ont pour eux la culture préhispanique et l'antiquité ainsi que la splendeur de leur histoire. Mais cette vision des relations interaméricaines sert alors d'alibi idéologique et moral pour s'affranchir de tous les maux (pauvreté, despotisme militaire, corruption, fragilité des démocraties) et donne à l'Amérique latine une bonne conscience de victime pour justifier l'inaction et l'inaptitude politique. [...]
[...] Une chose est sûre, donc, aujourd'hui, l'Amérique latine ne peut définitivement plus être envisagée en termes de chasses-gardées ou d'arrière cour aujourd'hui grâce aux économies émergentes qui cherchent et trouvent leur place dans l'économie mondiale. Ainsi, la multilatéralisation des relations Nord-Sud n'offre pas un contexte favorable aux tentations verticales, fussent-elles celle d'un panaméricanisme résurgent. Anecdote peut-être mais néanmoins révélatrice, les votes à l'ONU permettent de prendre la mesure du rôle plus affirmé et plus autonome des Etats latino- américains sur la scène internationale : les grands pays notamment y expriment des divergences croissantes avec les Etats-Unis, même si ces émancipations restent timides et marginales. [...]
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