Si la récente coopération de Bush et Chavez sur la question des otages en Colombie a tant surpris l‘opinion publique, c'est que nul n'ignore leur rivalité quant à la question du leadership et du mode d'intégration de l'Amérique latine.
Sur ce continent où cohabitent idéaux socialistes et volonté de libéralisation, ressources abondantes et pauvreté absolue, volonté d'intégration et intérêts nationaux contradictoires, une intégration cohérente et homogène semble quasiment impossible. Trois présidents, hommes charismatiques au profil extrêmement différents, essayent pourtant d'établir leur leadership dans cette région et, à ce titre, proposent chacun un modèle d'intégration. George W. Bush, président des Etats-Unis, Hugo Chavez, président du Venezuela et Luiz Inacio Lula da Silva président brésilien, se livrent une guerre d'influence afin de diffuser et mettre en pratique leurs valeurs et leurs vues politiques et économiques. Aux vues de la diversité des situations et des intérêts nationaux, l'intégration régionale, intégration qui suppose une certaine union ou du moins une convergence des intérêts, est-elle possible ? Y'a-t-il une identité commune assez marquée qui pourrait être à la base de cette intégration ? Est-ce qu'un de ces trois hommes réunit autour de lui un consensus tel, qu'il pourra dépasser cette diversité pour mettre en place une union globale et cohérente ?
Si d'abord il semble impératif d'étudier les différents modèles proposés par ses trois concurrents, il faut néanmoins se demander si une intégration complète et homogène de l'Amérique latine est réellement possible.
[...] Des enjeux communs, des intérêts divergents Bush, Chavez et Lula se battent pour établir leur leadership sur le continent sud-américain. Les intérêts des trois hommes sont multiples et extrêmement contradictoires. Si Bush veut faire de l'Amérique latine, la chasse gardée des USA et imposer un modèle économique libéral, Chavez prône au contraire une Amérique latine indépendante et unie sous la bannière du socialisme et de l'antiaméricanisme. Lula propose une voie intermédiaire, Amérique latine en partenariat avec les USA mais indépendante dont il serait le leader. [...]
[...] La volonté américaine a échoué, Bush a donc multiplié les accords bilatéraux. Lula joue sur un modèle d'intégration similaire au modèle européen avec le MERCOSUR. Il s'agit d'un marché commun en cours d'accession à des institutions supranationales. Elle comporte une dimension politique avec notamment l'obligation pour les pays membres de garder un régime démocratique Chavez, quant à lui, propose l'alba Alternative bolivarienne pour les Amériques. Cette organisation au contour flou n'a aucun projet concret. Il s'agit simplement de revendiquer des idées socialistes, bolivarienne, antiaméricaine et antilibérale. [...]
[...] Peut-on parler réellement d'intégration ou simplement d'interconnexions ? II Interconnexions ou intégration en Amérique latine ? Déficit d'une identité commune en Amérique latine Quand on pose la question, Amérique latine : Bush Chavez ou Lula ? On pose d'abord la question de l'Amérique latine, c'est-à-dire de son identité ? Y'a-t-il une identité commune en Amérique latine qui pourrait être le ferment de l'intégration régionale ? Certains parlent d'une Amérique latine de gauche. Si c'est le cas exclusion de fait du modèle libéral de Bush. [...]
[...] Si en théorie les modèles de Bush, Chavez et Lula semblent amener à une intégration poussée, en pratique ils rencontrent quelques difficultés Limites des modèles d'intégration La conception de Lula est peut être celle qui prend en compte le plus la diversité puisqu'elle n'impose pas un cadre idéologique à l'intégration mais simplement une base démocratique et permet un développement adapté. Mais le Brésil est pris dans un dilemme. S'il veut le leadership en Amérique latine, il n'est pas prêt à lancer une politique d'intégration qui serait à ses frais et semble séduit par d'autre forme d'intégration OCDE. Chavez est dépendant des importations américaines. [...]
[...] Au sein de chaque pays, des disparités énormes sur tous les plans qui ne permettent pas une homogénéité ni un consensus. Les Indiens ou les paysans sans terre VS l'élite Aucune ligne identitaire ne semble se démarquer assez pour permettre d'être un pilier de l'intégration régionale. Les différentes organisations régionales en Amérique latine englobent des pays séparément et servent des intérêts différents. Elles ne semblent pas former un dessein commun et cohérent, celui d'une intégration à l'échelle de tout le continent. B. Une intégration globale impossible ? 1. [...]
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