Qu'est-ce qui réconcilierait le Nord et le Sud ? Ne serait-ce pas l'humanitaire, aide mise en place pour soutenir les populations fragilisées par les conflits et par la croissance ? Nous allons voir qu'il est nécessaire de prendre du recul autour de cette notion, car on peut se demander si au contraire l'humanitaire ne serait pas un moyen de creuser le fossé Nord/Sud en renforçant la domination des pays industrialisés sur les autres.
En lisant ce sujet le mot alibi m'a attirée l'attention. Moi qui suis comme tout le monde une admiratrice et une convaincue des actions humanitaires, je me suis posée la question : mais de quoi est-il coupable ? Quel est son crime ? Et quelles sont ses excuses? Puisque « alibi » appartient au vocabulaire pénal et signifie une circonstance, une activité permettant de se disculper selon le Petit Robert.
Je vais donc, en revenant sur la définition du terme « humanitaire », sur son historique, essayer de déterminer la faute dont on l'accuse d'être un substitut.
Mais au-delà de cette première vision du sujet, il faut préciser que l'alibi humanitaire est un discours développé au cours des années 90, pour dénoncer les évolutions de l'action humanitaire et ses déviances. Je vais donc tenter d'expliquer pourquoi ce discours critique s'est construit, et d'analyser la rupture qu'il introduit dans la pensée de l'humanitaire, et pour cela étudier le rapport entre politique et humanitaire, économique et humanitaire, pour tenter de comprendre si l'humanitaire est aussi autonome qu'il le prétend ou non, et rechercher comment penser l'humanitaire.
[...] L'alibi humanitaire Introduction Qu'est-ce qui réconcilierait le Nord et le Sud ? Ne serait-ce pas l'humanitaire, aide mise en place pour soutenir les populations fragilisées par les conflits et par la croissance ? Nous allons voir qu'il est nécessaire de prendre du recul autour de cette notion, car on peut se demander si au contraire l'humanitaire ne serait pas un moyen de creuser le fossé Nord/Sud en renforçant la domination des pays industrialisés sur les autres. En lisant ce sujet le mot alibi m'a attirée l'attention. [...]
[...] L'humanitaire serait de la philanthropie, une intention plus qu'une action. La définition a évolué et s'est resserrée, en ajoutant la dimension de l'urgence. J'ai ainsi trouvé la définition qui intervient pour sauver des vies humaines, dans une situation d'urgence (conflits, catastrophe Mais cette définition ne me semble pas complète. Certes la notion de crise, d'urgence est très importante dans l'action humanitaire, mais elle n'est pas tout. De nombreux auteurs, même s'ils ont du mal à s'accorder sur une définition arrêtée de ce concept, considèrent que l'humanitaire comporte deux facettes : l'action d'urgence, mais aussi l'aide au développement, c'est à dire un travail sur le long terme auprès des populations fragilisées, et non plus seulement des actions ponctuelles en fonction des crises. [...]
[...] Un an durant le monde reste totalement indifférent à cette guerre civile, alors que les Nigériens encerclent la région et réduisent 8 millions de Biafrais à la famine. Les dirigeants biafrais, vaincus militairement, comprennent vite qu'ils ne peuvent défendre leur cause que sur le terrain humanitaire. Ils s'enferment dans le refus de négocier une issue politique au conflit, espérant qu'à terme, l'opinion internationale avertie par les médias (première famine télévisée) force le gouvernement nigérian à céder. La famine et l'aide humanitaire ont donc été utilisés comme un moyen d'avertir la communauté internationale. Mais celle-ci est impuissante, l'ONU est paralysée devant ce conflit interne. [...]
[...] - le sans-frontiérisme : essor à la fin des années 70, et Nouveau Solférino comme s'exclame Rufin, début du second siècle de l'humanitaire selon Ryfman, le conflit du Biafra consacre l'action d'un groupe de médecins qui, devant la paralysie de l'ONU et l'impuissance de la Croix-Rouge, n'acceptent pas que l'aide humanitaire et la solidarité qu'elle exprime soient limitées par les frontières nationales, la raison d'État ou les impératifs stratégico-politiques Le grand succès de l'humanitaire On peut faire le constat qu'à la fin du XXème siècle l'humanitaire s'est réellement institutionnalisé, jusqu‘à devenir un champ en lui-même, nous dit Ryfman, selon la définition de Bourdieu : vocabulaire propre à l'humanitaire, Ryfman parle de la lingua humanitaria sorte d'esperanto qui permettrait aux travailleurs de l'H de se comprendre (desk, beaucoup d'abréviations et d'initiales), création d'une distinction profanes / sacrés, émergence de supports spécialisés (MSF info), communication interne et externe Le secteur s'est professionnalisé, il n'y a plus seulement besoin de médecins, mais d'une quantité de métiers différents. Il n'y a qu'à voir le nombre de DESS proposés autour de ce thème pour se rendre compte que l'H requiert désormais une haute qualification et une formation. Le dévouement et la motivation ne sont plus les seuls pré-requis. [...]
[...] On est loin des principes humanitaires modernes, néanmoins les pratiques humanitaires se développent, et le soin aux victimes des combats, aux démunis se généralisent. Ainsi au XIXème siècle de nombreuses Charités se sont constituées, ancêtres de bon nombre d'ONG actuelles. Mais pratiquer la charité à l'égard de l'étranger, de l'orphelin, du pauvre est également une obligation dans la religion juive, où l'action caritative est une tradition. Enfin, la charité est un des 5 piliers de l'Islam. - Les fondements philosophiques L'humanisme de la Renaissance, et le courant des Lumières ont également beaucoup compté dans la formation d'un discours humanitaire. [...]
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