Le « dialogue régional » est intimement lié à l'histoire de l'Amérique Latine. Les utopies de Francisco Miranda, auteur dès 1800, d'une « Proclamacion a los pueblos del continente colombiano », a fortiori les projets de Simon Bolivar, confortent allégrement cette constatation. En 1815, dans sa « Lettre de Jamaïque », El Libertador esquissait déjà les grandes lignes et les principes fondamentaux de l'unionisme. Et la première moitié du 19ème siècle s'est effectivement illustrée par de nombreux forums interrégionaux, par maintes tentatives d'unions supra étatiques. Au tournant du 20ème siècle, le panaméricanisme prédomine les idées notamment en Amérique Centrale par rapport au latino américanisme. Le dernier demi-siècle va alors s'illustrer en revanche, par l'essor et la multiplication d'initiatives latino-américaines, tant à l'échelle du sous continent qu'à celle d'hypothèses d'intégration subrégionales. Plusieurs accords d'alliance et de coopérations ont eu lieu en Amérique dans la seconde moitié du 20ème siècle.
En 1948, le pacte de Bogota rénove l'antique Organisation des Etats Américains (OEA), premier accord latino-américain de l'après-guerre adopté à l'échelle subrégionale. Douze ans plus tard, en 1960, le Traité de Montevideo met en place l'Association Latino-américaine de Libre-échange (ALALE) qui comptera jusqu'à onze états avant de devenir l'Association Latino-américaine de Développement Industriel (ALADI) en 1980. Le 30 décembre 1960, est également signé le Traité de Managua, par cinq états d'Amérique Centrale (Costa Rica, Nicaragua, Salvador, Honduras et Guatemala). C'est un traité général d'intégration économique qui prend le nom de Marché Commun Centre-américain (MCCA) qui deviendra, par la suite, à la fin des années 1990 le Système d'Intégration Centre-américain (SICA). Le 29 mai 1969, la Bolivie, le Chili, la Colombie, l'Equateur, le Pérou et le Venezuela, signent à Carthagène, les accords dit du « Pacte Andin », qui a pour objectif essentiel de libéraliser le commerce interrégional après le relatif échec de l'ALALE. Le 26 mars 1991, le traité d'Asunción, mettant en place le Mercosur, est ratifié par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. Le 17 décembre 1992, l'Accord de Libre-échange Nord Américain (ALENA) est ratifié à Washington par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
Tous ces accords sont faits en théorie pour renforcer et développer l'économie des pays membres. Aujourd'hui, les deux grandes organisations que sont le Mercosur et l'ALENA s'opposent sur la façon de concevoir les relations interétatiques. En quoi cette conception des relations supranationales est-elle si différente ? Nous allons tout d'abord montrer que le Mercosur est une organisation qui se rapproche du modèle européen. Puis nous verrons qu'a contrario, l'ALENA se base uniquement sur des relations économiques et commerciales. Enfin, on s'intéressera à l'avenir des ces deux organisations.
[...] La coopération, même si des progrès ont pu être notés dans le développement des échanges et dans la volonté d'un développement de la démocratie (disparition des coups d'états militaires sous peine d'exclusion possible du Mercosur) souffre toujours de la relative pauvreté de la zone et surtout de la rivalité économique et politique entre les deux Grands que sont le Brésil et l'Argentine Structure politique Le Mercosur a son siège à Montevideo (Uruguay) et sa structure institutionnelle est de type intergouvernementale. Il est dirigé par le Conseil du Marché commun (CMC). Le CMC prend les décisions politiques concernant le processus d'intégration. Les membres du CMC sont les présidents des États membres et leurs cabinets; ils se rencontrent deux fois par année, et chaque pays accueille la réunion à tour de rôle. Le pouvoir exécutif de l'organisation repose entre les mains du Groupe du Marché commun composé des ministres des Affaires étrangères et de l'Économie et des présidents des banques centrales. [...]
[...] Aujourd'hui, la ZLEA n'est plus, du moins dans sa forme originelle. Le processus de négociation de la ZLÉA est sur le point de se morceler en plusieurs accords bilatéraux et sous-régionaux. Ainsi, pour n'en citer que quelques uns, l'Union Européenne a négocié un accord de libre-échange avec le Mexique et le Chili, ce dernier travaillant également en collaboration avec le Mercosur, c'est-à-dire le Brésil. Le Canada lui-même, quelque peu relégué à l'arrière-plan étant donné sa position de moins en moins crédible sur le multilatéralisme, s'est vu offrir un accord de libre-échange avec le Mercosur. [...]
[...] En fait, l'ALENA est le premier exemple de traité intégrant un pays du Tiers-monde à un ensemble économique développé. Ce qui risque de se produire, c'est une généralisation de la pratique des maquiladoras, qui se traduira aux États-Unis et au Canada par une perte de compétitivité de leurs entreprises manufacturières et une plus grande accélération de la perte d'emplois. Pour le Mexique aussi, les conséquences économiques de l'ALENA pourraient être désastreuses : outre la "maquiladorisation" du pays, son secteur agricole (premier secteur d'activité) est incapable d'entrer en compétition avec l'industrie agro-alimentaire Nord-américaine. [...]
[...] Le Secrétariat de coordination de l'ALENA, établi à Mexico, seconde les travaux de la Commission. Il est le dépositaire officiel des dossiers de l'Alena. Enfin, il existe actuellement un peu plus d'une trentaine de Comités et Groupes de travail. Ces comités sont en charge des questions relatives aux règles d'origine applicables aux secteurs concernés : agriculture, services, marchés publics. Ces comités et groupes de travail rendent compte annuellement de leur activité à la Commission de l'Alena. Ils peuvent formuler des propositions relatives à une libéralisation plus poussée encore du marché. [...]
[...] Le Mercosur vise à créer un marché commun complet, encore qu'aucune date butoir n'ait été fixée quant à l'engagement sans limitation des membres vis-à-vis du marché commun. Dans l'état actuel des choses, la portée politique du Mercosur se situe entre l'Accord de libre-échange nord-américain et l'Union européenne. Avant de devenir un marché commun, le Mercosur doit harmoniser les politiques dans chaque État membre. Le processus exigera la coordination des politiques économiques, législatives, environnementales, infrastructurelles, et technologiques. Les normes seront harmonisées et il faudra établir une bureaucratie supranationale qui mettra en oeuvre et appliquera les décisions de principe. [...]
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