L'Afghanistan constitue aujourd'hui indubitablement l'un des enjeux majeurs pour la paix et la sécurité de l'espace mondial. Durablement installé au cœur de l'actualité internationale, ce pays se pose de manière problématique comme un défi pour l'Occident et la portée de ses valeurs, avec la prégnance du risque de défaite militaire et politique.
Pourtant, l'Afghanistan ne semble pas géographiquement parlant être une menace. Situé en Asie Centrale, ancien carrefour des routes de la Soie, ce pays ne dispose pas aujourd'hui des caractéristiques les plus attrayantes : hautes montagnes et plaines arides, pas d'accès à la mer, infertilité, peu de ressources, éloignement des grands centres humains et politiques. La géographie de l'Afghanistan semble être un obstacle de taille pour l'État en place, dans son organisation, mais aussi dans l'accomplissement de ses missions essentielles. C'est ainsi que la notion d'Etat failli, Etat qui a perdu le monopole de la violence physique légitime et ne parvient pas à protéger et souder sa propre population, prend tout son sens en Afghanistan.
[...] Or, certaines conditions sont nécessaires : il faut négocier en position de force, le président Karzaï doit aussi constituer un consensus aux moyens d'une Jirga de paix le Pakistan doit coopérer et enfin la cessation des violences doit être constatée par les deux parties au profit de la sécurité commune. - Cela prouve qu'en Afghanistan, le processus de légitimation de l'État doit avoir pour socle d'une part le consensus local et d'autre part l'approbation des autres acteurs externes, que sont les Talibans et le Pakistan, ainsi que les forces alliées. Un tel cheminement montre non seulement l'impasse militaire de la situation afghane aujourd'hui, mais aussi l'échec politique de l'intervention extérieure jusqu'à présent. Conclusion Ainsi, l'Afghanistan est un État renaissant, ou plutôt naissant, en prise à deux visions antagonistes. [...]
[...] Il souhaite, avec ses voisins, le maintien d'une implication extérieure qui limite la menace terroriste, mais il redoute également une installation paternaliste qui le prive de ses réelles prérogatives. Ce que la situation de l'Afghanistan nous apprend, c'est la mise en lumière de l'échec d'une vision des relations internationales fondée sur la puissance militaire et la coercition armée, la politique bismarckienne n'a plus lieu d'être ici et ailleurs. La seule solution qui semble crédible pour l'établissement pérenne d'un État en Afghanistan est de laisser la marge de manœuvre aux Afghans et non pas à des puissances étrangères, car si les Afghans paraissent insolents et ingouvernables pour les acteurs internationaux, seul un gouvernement afghan conscient des fractures sociétales peut les résorber. [...]
[...] Transition : L'idée qui semble se dégager de la situation en Afghanistan n'est pas vraiment celle d'un État failli, il semble qu'il n'y en ait jamais eu de véritablement installé. Le défi de la démocratie est un enjeu nouveau pour une société qui a toujours été fragmentée par ses dirigeants politiques. La reconstruction, du nom de Bâz Sâzi, est le produit d'une multitude d'interactions et l'horizon n'est autre que l'émergence d'un État- nation. II La lente reconstruction de l'État afghan L'État ne serait donc pas en perdition, mais plutôt dans une phase de constitution, qui requiert la recherche de l'ordre au sein du territoire, c'est la reconstruction par le haut mais aussi les moyens d'asseoir la légitimité de l'État afghan, c'est la reconstruction par le bas A La recherche de l'ordre au sein du territoire afghan 1 La tutelle internationale - Ainsi, la constitution de l'État afghan passe inéluctablement par un concours des forces en présence. [...]
[...] - Il faut également tenir compte de la prégnance des identités ethniques et religieuses en Afghanistan, la société civile paraît désordonnée et fragile, le recours à la violence est de fait une solution de premier ordre. Ainsi, le groupe ethnique des Pachtounes représente moins de la moitié de la population et détient historiquement le contrôle des institutions politiques (parti communiste, Karzaï), c'est par ailleurs Ahmad Shah Durrani qui a fondé l'Afghanistan en 1747, pays des Afghans autre nom de Pachtounes. [...]
[...] On peut aussi retrouver les caractéristiques d'un Failed State dans le fait que les institutions publiques ne subsistent que par le concours d'une intervention étrangère, laquelle ne permet pas toutefois une soudure de la société afghane. La question du maintien de la compétence étatique prend tout son sens en Afghanistan : est-on aujourd'hui en mesure de pouvoir asseoir un État par le seul concours de puissances extérieures ? Dès lors, il apparaît que le cas de l'Afghanistan pose le problème de l'essoufflement d'une vision de la souveraineté basée sur un nivellement par le haut et révèle au-delà d'une crise locale, l'impuissance de l'intervention internationale. [...]
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