La mondialisation entraîne l'émergence de nouvelles formes de solidarités transnationales dans un contexte de perte de souveraineté étatique. On assiste à la constitution d'un vaste espace public qui prend en charge les questions internationales, à côté du système interétatique et hors du contrôle des Etats. Les revendications – écologie, féminisme, droits de l'homme, paix et développement – font l'objet de luttes transversales.
Sidney Tarrow distingue trois formes de militantisme transnational : les mouvements sociaux transnationaux – « engagés dans une interaction soutenue de contestation avec les détenteurs du pouvoir d'au moins un pays autre que le leur, ou contre une institution internationale ou un acteur économique multinational » -, les ONG et les réseaux transnationaux de militants.
Un «Advocacy Network » se définit précisément comme « un réseau transnational de militants qui inclut des acteurs travaillant sur une question à l'échelle internationale, liés par des valeurs partagées, un discours commun et des échanges denses d'information et de services » (M. Keck et K. Sikkink)...
[...] Les espaces de solidarité sont à la fois local, national, mondial et imaginé. Plus la transnationalisation des solidarités s'opère facilement, plus la dialectique homogénéité/hétérogéneité se met en place par une valorisation simultanée des échelons local et mondial. Ainsi, l'échelon national se retrouve oublié : l'identité de citoyen du monde prime sur la citoyenneté nationale. Il existe par ailleurs des phénomènes des solidarités intra- organisationnelles (Greenpeace). De même, il existe à présent des formes d'expression de solidarités transnationales inter-organisationnelles, notamment dans le cadre de l'antimondialisation. [...]
[...] Les associations, selon l'expression de Martine Barthélemy, créent du lien social. De plus, les réseaux contestataires participent tous au mouvement des mouvements soit "l'antimondialisation". Selon Isabelle Sommier, "la dénonciation de la globalisation néolibérale est devenue sans aucun doute le master frame (cadre d'interprétation cardinal) ou l'algorithme majeur permettant aux différents mouvements participants à la contestation de décliner, chacun dans son champs, sa dispute". Les groupes d'intérêts peuvent aujourd'hui difficilement se passer d'une action transnationale. En effet, soit la cause défendue appelle une réponse à l'échelle mondiale c'est le cas de l'écologie soit le gouvernement incriminé se trouve inséré dans un système de contraintes régionales ou internationales Union européenne, OMC ou FMI à titre d'exemples. [...]
[...] Les Advocacy Networks agissent comme des intermédiaires. Si l'on utilise l'analyse de Tönnies, les Advocacy Networks répondent à un modèle de société animé par une volonté rationnelle, la gesellschaft Les Advocacy Networks sont davantage des organisations hiérarchiques que des micros communautés transversales même si l'affirmation de l'individu est primordiale. Etude de cas : les militants locaux de Greenpeace - France Greenpeace est un cas d'étude intéressant puisque l'association bénéficie d'un quasi-monopole de l'offre d'engagement écologiste transnational, du moins en France. [...]
[...] Enfin, les grands rendez- vous sont un lieu d'émergence d'une identité partagée. Modalités d'action Les modalités d'action répondent à deux registres : le coup de force et la stratégie d'influence. Toutefois, la violence reste l'exception dans un paysage contestataire privilégiant le principe de la désobéissance civile c'est-à-dire de la transgression de la loi avec civilité. Les méthodes les plus courantes sont les marches et manifestations, les grèves de la faim et l'utilisation des corps à des fins d'obstructions les occupations pacifistes, les sit-in (s'asseoir en masse par terre) et les die-in (se coucher sur la chaussée). [...]
[...] Depuis, les "Advocacy Networks" y ont largement recours. C'est ainsi que l'Armée zapatiste de Libération Nationale ou EZLN dirigée par le "sous-commandant" Marcos a déployé à partir de 1994 une importante campagne de cyberpropagande. Elle contourna les canaux d'information qui ne répercutaient que le point de vue officiel du gouvernement mexicain et, grâce à une redoutable efficacité, le conflit reçut un écho mondial relayé par les milieux militants. En soutien, le collectif Electronic Disturbance Theater (EDT) organisa en 1998 un sit-in virtuel qui satura le site web du président mexicain Ernesto Zedillo. [...]
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