Depuis la fin des années 1960, les actions de secours d'urgence et d'assistance aux populations vulnérables, en détresse, sinistrées, victimes de catastrophes naturelles ou de conflits armés, ont connu une croissance quasi-exponentielle. Pour répondre à ce développement fulgurant, une gamme d'acteurs étendue s'est mobilisée : certains spécifiquement créés pour la circonstance, d'autres retrouvant un rôle qu'ils avaient plus ou moins délaissé ou qu'ils s'étaient trouvés contraints de restreindre, d'aucuns élargissant enfin leurs domaines d'activité - qu'il s'agisse des organisations non gouvernementales (ONG), de la Croix-Rouge ou encore des organisations internationales. Enfin, les États ont effectué un retour remarqué sur la scène humanitaire mondiale.
Si tous cherchent à venir en aide (au moins officiellement), et avec efficacité (en tout cas théoriquement) aux victimes, la réalité se révèle infiniment plus complexe, et l'action humanitaire ne peut se résumer à une hagiographie du Bien. À l'aube du XXIe siècle, s'il fallait en peu de mots la caractériser, ce pourrait être d'une double manière : elle s'est affirmée comme une donnée de poids dans le système des relations internationales ; elle constitue l'un de ces phénomènes de société durables qui apparaissent cycliquement dans les sociétés occidentales.
Pourtant, si l'humanitaire est devenu le nœud d'une multiplicité d'enjeux, ces derniers sont fréquemment mal perçus. II en va ainsi de sa possible contribution à l'émergence d'une supposée "société civile mondiale". À l'aune d'un système mondial en pleine phase de décomposition/recomposition, d'aucuns voient désormais en effet en son acteur le plus emblématique, c'est-à-dire les ONG, un rempart contre la mondialisation (des "empêcheurs de mondialiser en rond" en quelque sorte), voire la source d'un contre-modèle, d'une alternative "citoyenne". Tandis que d'autres les conçoivent comme d'indispensables partenaires des pouvoirs politiques et économiques, en charge d'attirer l'attention, mais aussi d'atténuer ou de corriger les déséquilibres trop criants induits par cette même globalisation. Mais ces positions sont-elles en correspondance avec les réalités de l'action humanitaire ?
Après avoir rappelé brièvement ce qu'elle recouvre et quels en sont les protagonistes, on s'interrogera donc sur l'existence de cette fameuse "société civile", avant de donner quelques exemples effectifs d'articulation entre l'une et l'autre.
[...] Handicap International, en coalition avec quatre autres ONG, britanniques et américaines, a donc lancé, au milieu des années 1990, une campagne commune en vue d'aboutir à la signature d'une convention internationale qui s'assignerait le but d'interdire la fabrication de mines antipersonnel, et d'éradiquer les millions d'entre elles disséminées depuis des décennies dans de nombreux pays de la planète. La technicité et l'opérationnalité de ces ONG dans l'appareillage des amputés, victimes des mines, ont été mises en avant sur le terrain en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Amérique latine. [...]
[...] S'agissant plus spécifiquement des ONG, elles sont donc enclines à élargir leurs domaines. D'autant plus facilement aussi que s'autodécernant leur " mandat il leur est relativement aisé de le faire évoluer. III) Quelques formes d'articulation entre action humanitaire et " société civile mondiale " L'extension du champ d'action des acteurs privés C'est parce que ceux-ci cherchent à élargir leur base traditionnelle d'action (tout en ne l'abandonnant pas naturellement) au-delà des conflits nationaux et internationaux et des catastrophes naturelles que peuvent être repérées des articulations entre action humanitaire et potentielle "société civile mondiale". [...]
[...] L'action humanitaire traduit-elle l'émergence d'une société civile mondiale ? Depuis la fin des années 1960, les actions de secours d'urgence et d'assistance aux populations vulnérables, en détresse, sinistrées, victimes de catastrophes naturelles ou de conflits armés, ont connu une croissance quasi-exponentielle. Pour répondre à ce développement fulgurant, une gamme d'acteurs étendue s'est mobilisée : certains spécifiquement créés pour la circonstance, d'autres retrouvant un rôle qu'ils avaient plus ou moins délaissé ou qu'ils s'étaient trouvés contraints de restreindre, d'aucuns élargissant enfin leurs domaines d'activité - qu'il s'agisse des organisations non gouvernementales de la Croix-Rouge ou encore des organisations internationales. [...]
[...] Dès lors, seuls deux de ces acteurs, autrement dit ceux d'essence privée que sont les composantes du mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge d'une part, et les ONG de l'autre, peuvent se trouver concernés par une possible articulation avec la " société civile a fortiori si elle est qualifiée internationale Ni les États, ni les organisations interétatiques ne peuvent être considérés comme y contribuant, sauf indirectement par des financements destinés à appuyer des efforts en ce sens. Mais ce premier éclaircissement pour nécessaire qu'il soit n'est pas suffisant. La confusion règne en effet quant à ce que recouvre le terme même de " société civile II) La " société civile mondiale " existe-t-elle ? Une notion évanescente La fortune du concept de "société civile" conduit en effet à bien des raccourcis et des approximations. L'existence même de la "société civile" au niveau national est déjà discutable. [...]
[...] II en va de même de la structuration progressive de la mouvance dite " altermondialiste même si celle-ci demeure profondément hétérogène. Divers signes semblent annoncer ainsi l'émergence, sinon encore d'une " société civile mondiale au moins d'une " opinion citoyenne mondiale " ou d'une " opinion publique mondiale " (des mobilisations altermondialistes précisément, aux gigantesques manifestations simultanées et quasi planétaires de février 2003 contre une intervention militaire en Irak). Mais du constat de mobilisations (aussi massives puissent-elles être) à une " société civile mondiale " structurée et pérenne, l'écart reste encore grand. [...]
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