L'Europe, depuis la fin de la Guerre froide, a subi de profondes mutations. La disparition de l'ennemi soviétique et l'introduction des pays de l'Est dans l'Union européenne ont bousculé la stratégie traditionnelle de sécurité européenne. Ces bouleversements s'inscrivent eux-mêmes dans le cadre d'un monde nouveau, et le XXIe siècle voit l'émergence de nouvelles menaces qui appellent encore à une révision du concept de sécurité traditionnelle. Le terrorisme, la pauvreté, les violences ethniques ou les conflits intra-étatiques sont autant de risques qui mettent en péril les sociétés et impactent la nécessité d'une redéfinition de la sécurité autant à échelle mondiale que régionale.
Ces « nouvelles menaces » sont le fruit de nouveaux conflits qui ont bousculé les guerres traditionnelles, la paix ne se réduisant plus seulement à l'absence de guerre. La sécurité se voit dès lors redéfinie sous deux aspects ; d'une part celui de l'« absence de peur pour les individus », d'autre part celui de l'« absence de besoins pour les individus ». Si le premier limite la sécurité au sens d'absence de guerre ou de violence, le second aspect introduit la notion de développement et de droits de l'homme au sein même des politiques de sécurité, consacrant de fait le concept de « sécurité humaine ». Celle-ci, mentionnée pour la première fois dans un rapport du PNUD en 1994, cherche aujourd'hui à s'imposer en cadre normatif en mettant à la disposition de la communauté internationale des approches et instruments nouveaux dont l'Union Européenne peut s'emparer pour redéfinir sa politique de sécurité et ainsi s'affirmer en grande puissance politique sur la scène internationale. La sécurité humaine offrirait ainsi une voie d'action privilégiée pour l'Europe pour réviser sa stratégie d'action politique et apporter au monde une « vision européenne » solide de la construction de la paix.
[...] En effet, si la stratégie européenne de sécurité est-elle actée par le Conseil européen, les rapports ne sont que les prémices d'une réflexion inaboutie qui n'a pas été approuvée unanimement par les états membres. L'Union Européenne, en s'engageant vers la redéfinition de ses politiques de sécurité autour du concept novateur et solide de sécurité humaine, semble offrir une approche européenne de la construction de la paix, cette dernière ayant été le prélude de sa propre élaboration après les guerres qui ont ravagé son continent. [...]
[...] Celui-ci doit permettre à l'Union européenne d'introduire le concept de sécurité humaine au sein de ses politiques en réponse à la responsabilité de la mission de paix dont elle s'est investie par-delà ses frontières. Les rapports de Barcelone (septembre 2004) et de Madrid (2007) ont travaillé à l'élaboration d'une doctrine de sécurité pour l'Europe, qui permettrait d'intégrer dans une approche holistique les différents volets et phases des crises. À cet égard, le rapport de Barcelone renouvelle le concept autour de trois éléments nouveaux. [...]
[...] Kaldor dans comme étant la praxis : comment le concept se traduit en action concrète, et dans quelle mesure est-il utile pour orienter les actions des décideurs sur le terrain. L'auteur s'attache dans son raisonnement à démontrer la viabilité de la sécurité humaine dans son application pratique, réfutant les arguments qui en feraient une utopie. En premier lieu, il convient de constater que la conception de la sécurité prônée par la stratégie de sécurité de l'Union européenne, similaire à l'approche américaine, est porteuse de conflits. [...]
[...] De fait, la nature de la puissance européenne reste l'objet de nombreux débats ; si certains la limitant à une puissance civile et économique, d'autres y voient l'avènement d'un modèle de superpuissance internationale douce normative, se différenciant ainsi des États-Unis : une action préventive plutôt qu'une action préemptive. Pour la spécialiste britannique de la sécurité humaine Mary Kaldor, l'élaboration d'une nouvelle politique de sécurité serait bénéfique à l'Union européenne dans la mesure où la sécurité humaine offrirait un cadre solide et dynamique pour les politiques de sécurité européennes, un cadre qui selon elle manque dans les textes et la pratique de la politique étrangère européenne. [...]
[...] La mention plurielle du terrorisme comme principale menace à la sécurité européenne rejoignant la National Security Strategy américaine dans un contexte post-11 septembre 2001 illustre bien le lien étroit entre le concept de sécurité européenne et son implication militaire et territoriale. Ce faisant, cette liste dévoile la nature des nouveaux ennemis de l'Europe, ceux-ci clairement définis comme étant les états en déliquescence c'est-à-dire les états ayant succombé aux menaces précitées. L'Union Européenne envisage ainsi sa conception de la sécurité dans un cadre avant tout traditionnel où les états sont les acteurs clés du jeu politique, leur déliquescence pouvant constituer une menace sérieuse pour le continent européen, et ce davantage au-delà des frontières du fait de la globalisation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture