J'ai choisi d'étudier les négociations de Linas-Marcoussis car elles constituent l'exemple d'une négociation politique très complexe, se présentant davantage comme une étape, une transition dans un long processus conflictuel qui somnolait depuis des années, mais qui éclate désormais au grand jour, avec pour toile du fond, une fracture identitaire dans un grand pays africain, placé autrefois, et encore maintenant, à bien des égards, sous la tutelle de la France.
Vu le rôle particulier de la France, à la fois partie et médiateur, les négociations de Linas-Marcoussis constituent un exemple actuel frappant d'une négociation internationale très complexe, dans la mesure où, ne concernant a priori que des opposants provenant d'un seul et même pays, la négociation va se déplacer sur un autre sol, en l'occurrence, celui d'un pays, qui tout en jouant le rôle de médiateur, n'en est pas moins une partie prenante essentielle dans le conflit à résoudre.
Je vais d'abord dans une première partie présenter les différentes composantes du conflit et les raisons qui vont pousser les différents acteurs à négocier, avant, dans une seconde partie, d'opérer une immersion dans le déroulement des négociations. Enfin, dans la troisième et dernière partie, je reviendrai sur l'application de l'accord conclu, et sur les causes possibles des blocages qui persistent dans le pays sur son acceptation.
[...] Les habitants de l'ex-Haute-Volta, aujourd'hui Burkina Faso, les Burkinabés, réputés pour leur ardeur au travail, ont même vu à l'époque coloniale leur pays rattaché momentanément à la Côte-d'Ivoire pour favoriser et accentuer le recrutement de la main-d'œuvre. Cette politique d'ouverture, libérale, poursuivie par Houphouët-Boigny après l'indépendance et reprise par son successeur Bédié, a contribué à faire affluer de nouveaux immigrants dans le pays. Elle a été rendue possible par divers accords de libre circulation, de libres échanges économiques, comme nous l'avons vu dans la 1ere partie. [...]
[...] Tableau : La disposition des participants à la table des négociations Source : www.france-diplomatie.fr Légende : Médiateurs, membres des rebelles, membres du pouvoir, membres de l'opposition. - La pression française sur les différents protagonistes Dans cette négociation, la France doit faire face à de nombreux défis : Tout d'abord les conséquences éventuelles sur le contenu de la négociation, du problème protocolaire visant à mettre sur un pied d'égalité les représentants du Président légal et légitime avec les rebelles autour d'une même table, et même à mettre en minorité ces derniers comme le montre le tableau n°1. [...]
[...] En janvier 2001, la tentative de coup d'Etat contre Gbago va être imputée sans preuve à des étrangers d'où le début d'une chasse à l'étranger africain de l'Ouest et musulman selon les termes de BREDELOUP (2003). Le pouvoir va introduire de nouvelles catégories entre bons (Ghanéens, Béninois, Togolais, Chrétiens) et mauvais étrangers (Maliens, Burkinabés, Nigériens, Sénégalais, Musulmans). Autant de facteurs qui permettent de mieux appréhender la complexité de la situation ivoirienne, et de la délicate résolution de ce type de conflit par une simple négociation. [...]
[...] Une véritable propagande va être menée par les dirigeants ivoiriens durant l'Automne 2002. Le du pays, le Président de l'Assemblée Nationale, Mamadou Koulibaly va même jusqu'à écrire un livre au titre judicieusement choisi pour marquer les esprits et raviver le souvenir anticolonialiste chez certains : La Guerre de la France contre la Côte-d'Ivoire Etant donné les revendications antagonistes de chacune des parties ivoiriennes, et des dommages croissants subis par la France suite au piège diplomatique auquel elle doit faire face, les autorités françaises vont proposer habilement aux deux parties de négocier tout en chapeautant l'ensemble des négociations avec de nombreux observateurs internationaux indépendants. [...]
[...] Cependant, le pouvoir est largement partagé entre les trois principales forces politiques du pays et les rebelles, qui ont chacun obtenu deux ministères d'Etat, avec cependant un avantage aux rebelles auxquels on a attribué les deux ministères les plus sensibles, ceux de l'Intérieur et de la Défense. Le FPI obtient en tout dix ministères, le RDR et le PDCI en obtiennent sept chacun. D'autre part, des révisions législatives capitales ont été décidées, et ce, dans de nombreux domaines : Sur la nationalité, l'identité, la condition des étrangers, avec une révision complète du dispositif d'identification des personnes. [...]
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