Le 2 avril 2007 a été signé à Séoul l'accord de libre-échange le plus important conclu par les Etats-Unis depuis l'Accord de Libre-échange nord Américain (Alena). Les négociations avaient commencé en juin 2006 puis avaient été interrompues faute de compromis sur le bœuf américain. Mais à la suite de l'annonce de l'essai nucléaire en Corée du Nord, les deux gouvernements avaient annoncé officiellement qu'un renforcement de l'alliance militaire était nécessaire, et qu'il se ferait par un accord de libre-échange. Ainsi le 2 avril, après dix mois de difficiles négociations, l'accord a été signé. Il concerne les secteurs agricole, textile, automobile et pharmaceutique, dans lesquels les deux pays vont éliminer 90% de leurs droits de douanes. C'est le premier accord de ce type passé avec une économie asiatique majeure, et il vient approfondir une relation qui existe depuis la fin de la seconde guerre mondiale. De bénéficiaire de l'aide américaine durant les années cinquante, la Corée est devenue un important partenaire commercial des E.-U. dès les années quatre-vingt grâce au décollage de son économie. Le pays est aujourd'hui la douzième puissance économique du monde. Les Etats-Unis sont le deuxième marché d'exportation de la Corée derrière la Chine, alors que Séoul est le septième partenaire commercial des Etats-Unis. Bien entendu si ce traité a été signé, c'est que les deux pays y voient un avantage. Toutefois en Corée comme aux Etats-Unis il s'est heurté à une certaine résistance. Aux Etats-Unis, le traité n'a pas encore été ratifié par le Congrès, et en Corée on assiste à de violentes manifestations populaires. Pourtant les deux pays sont parvenus à des compromis sur les points qui posaient problème. La Corée a accepté de lever l'embargo sur le bœuf américain, et a réussi à retirer le riz américain bon marché, dont la concurrence aurait nuit aux riziculteurs coréens, du traité. Il semble ainsi intéressant de se demander dans quelle mesure les avantages du libre-échange se vérifieront grâce à ce traité. Nous verrons dans une première partie que les avantages théoriques du libre-échange devraient se vérifier aussi bien pour la Corée que pour les Etats-Unis, ensuite nous nous intéresserons aux critiques que suscite le traité.
[...] Il y a certes une opposition au traité aux Etats-Unis, notamment au sein du Congrès (très protecteur des intérêts américains), mais les enjeux suscités sont différents dans les deux pays. En Corée la population a eu l'impression que le gouvernement était dominé par les Etats-Unis durant les négociations, et la publication du texte la semaine dernière a conforté ce sentiment. Cela est en partie fondé : on ne saurait nier que la différence de poids entre les deux pays a joué un rôle dans les négociations. La Corée est économiquement dépendante des Etats- Unis alors que le contraire n'est pas vrai. [...]
[...] Ainsi il est intéressant de remarquer que le protectionnisme peut s'avérer une mesure bénéfique à court terme, tout en sachant que dans le libre-échange devra être l'objectif sur le long terme. Les premiers théoriciens du libre-échange sont les classiques. Pour eux la richesse ne repose plus sur la quantité de monnaie disponible dans l'économie, mais sur la quantité de biens et services. Les exportations deviennent donc un simple moyen de financer les importations, qui sont nécessaires à l'introduction de nouveaux biens dans l'économie. Smith développe la thèse de l'avantage absolu. [...]
[...] De plus, il existe des liens forts entre les chaebol parce que chacun détient des actions dans des compagnies des autres. L'ouverture au capital étranger connaît lui aussi des limites puisque nombres d'acquisitions stratégiques ont été retardées ou tout simplement annulées à cause d'objections à caractère nationaliste : il y a une résistance à ce que des entreprises coréennes soient reprises par des étrangers. Le gouvernement a une attitude ambivalente envers les investissements étrangers : si d'une part il reconnaît qu'ils sont un moteur de la croissance, d'autre part il ne lui semble pas toujours désirable que des entreprises coréennes soient contrôlées par des étrangers parce qu'elles résistent alors aux pressions de sa part. [...]
[...] Le succès d'un traité de libre-échange dépend de la complémentarité commerciale des signataires. En effet si chacun a un avantage comparatif dans des secteurs différents, le traité se fera au bénéfice de chacun et aucun secteur ne sera particulièrement fragilisé par une concurrence accrue. Or, dans le cas du traité de libre-échange entre la Corée et les Etats-Unis certains secteurs seront soumis à une très forte pression lorsque les barrières tarifaires seront abaissées. C'est le cas de l'agriculture en Corée : le secteur se verra écraser par la concurrence américaine. [...]
[...] Nous verrons dans une première partie que les avantages théoriques du libre- échange devraient se vérifier aussi bien pour la Corée que pour les Etats- Unis, ensuite nous nous intéresserons aux critiques que suscite le traité. I-Les avantages théoriques du libre-échange devraient se vérifier aussi bien pour les Etats-Unis que pour la Corée du Sud Les avantages théoriques du libre-échange Aujourd'hui avec la mondialisation le libre-échange est tellement développé qu'il ne pourrait être réaliste d'y renoncer. Il semble être admis partout que l'ouverture internationale est une nécessité. [...]
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