Depuis ses débuts, la construction européenne est assise sur une relation franco-allemande dont la pérennité suscite régulièrement des interrogations. La France et l'Allemagne fédérale (RFA) ont, en effet, à partir des années 1950 le désir de mettre un terme définitif à leur antagonisme séculaire. Par conséquent, à partir de l'unification d'activités économiques essentielles, que représentent le charbon et l'acier (symboles des guerres passées), est constituée la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier). Le père de cette CECA, le français Robert Schuman espérait ainsi réconcilier la France et l'Allemagne en nouant d'une façon indissociable leurs productions clés. Celui-ci pense que la méfiance envers l'Allemagne a, en effet, fait son temps et qu'il faut lancer un processus d'unité européenne. Ce processus d'intégration européenne a ainsi, dépendu en grande partie de la collaboration et de la compréhension entre ces deux pays, qui membres des mêmes alliances, sont à l'origine également de la fondation de la Communauté Européenne économique (par le Traité de Rome signé en 1957) et de l'Euratom, donc en d'autre termes, de la construction européenne.
Ainsi, au sein du « couple » franco-allemand, l'Allemagne représente en particulier la puissance économique, et la France, membre permanent du Conseil de Sécurité à l'ONU, la puissance politique. Si cette répartition des tâches à été remis en cause en 1990 au moment de la Réunification qui a ouvert la voie à la reconnaissance de l'Allemagne comme une puissance politique, le « couple » franco-allemand reste moteur de la construction européenne et l'Allemagne reste également aujourd'hui le tout premier partenaire de la France. L'évolution du bilatéralisme franco-allemand est donc une coopération entre ces deux grands Etats voisins dans laquelle ils ont trouvé chacun leur intérêt (la rédemption pour l'Allemagne et la réincarnation pour la France) et qui s'est matérialisé historiquement par les tandems Adenauer - De Gaulle, Schmidt - Giscard, Mitterrand – Kohl, Chirac – Schröder ou plus récemment Chirac – Merkel.
Mais dans une Europe à 27 qui se trouve aujourd'hui relativement fragilisée, quelle doit être la place du couple franco-allemand dans la construction européenne? Peut-il toujours relancer l'Europe ou doit-il être réformé?
Portant un regard sur le devenir du couple franco-allemand dans l'après Guerre froide, nous examinerons successivement le nouveau statut international de l'Allemagne unie, le partenariat Paris Berlin après l'unification et, enfin, les nouveaux défis de ce moteur franco-allemand dans une Union Européenne toujours plus grande.
[...] Très court, ce Traité, qui se compose d'un préambule et de dix articles, fixe avec précision le statut international de l'Allemagne unie au cœur de l'Europe, avec le consensus tacite de tous ses voisins ( neuf frontières). Réhabilitant un Etat vaincu, il rassure les voisins d'une grande Allemagne de 81 millions d'habitants, et il participe au nouvel ordre paneuropéen de paix et sécurité en gestation. Car l'Allemagne unie n'est ni à l'Ouest ni à l'Est, mais au centre de l'Europe. À ce titre, l'Allemagne a fréquemment rappelé l'existence d'un lien étroit entre l'unité allemande et l'unité européenne. [...]
[...] Ce qui est surtout mis en avant est la remis en en cause des autres Etats membres, qui ne se reconnaissent pas forcément dans la voix franco-allemande et qui crient parfois au directoire ou à l'hégémonie comme il a pu être vu par exemple lors de la crise irakienne en 2002. Cette crise a cependant, été révélatrice d'un grand renouveau dans les relations franco-allemandes, même si cela n'a pas porté ses fruits au niveau européen. Berlin a choisi pour la première fois Paris contre Washington. Depuis 1963, l'Allemagne avait comme principe premier de sa politique étrangère de ne pas choisir entre les relations franco- allemandes et les relations transatlantiques. [...]
[...] Décomplexée, elle prend l'habitude légitime de défendre partout ses intérêts nationaux : politiques, écologiques, économiques, commerciaux, linguistiques Compte tenu de cela, on comprend que l'avènement d'une Allemagne unie ait constitué un véritable choc pour les relations franco-allemandes. D'ailleurs, F. Mitterrand, après avoir tenté de l'empêcher avec Gorbatchev, a finalement accepté du bout des lèvres ce processus inévitable. Le couple Kohl-Mitterrand a ainsi traversé pendant quelques mois une véritable crise (novembre 1989-février 1990), qui s'est accompagné de fortes tensions, mais qui n'ont cependant pas débouché sur un divorce. Cette unification montrera en effet, une Allemagne unie qui ne reniera en rien sa vocation européenne héritée d'Adenauer et de ses successeurs au pouvoir de 1949 à 1989. [...]
[...] Cependant, jusqu'à présent le moteur franco-allemand a été indispensable pour faire, progresser à chaque étape, la construction européenne. De ce fait, la coopération franco-allemande est bien au service de l'unification européenne, mais elle n'est pas une fin en soi. Cette alliance bilatérale ne peut plus être exclusive, même si elle doit rester privilégiée pour des raisons politiques et historiques. Conclusion Finalement, la relation franco-allemande s'est toujours articulée autour de l'ambition affichée par Paris et Berlin de devenir la force motrice de l'Union européenne. [...]
[...] Kohl ont adopté, le 9 décembre, à Nuremberg un concept commun en matière de sécurité et de défense, se situant de la sorte dans la continuité de F. Mitterrand et H. Kohl, lesquels avaient déjà réactivé en 1982, la coopération militaire bilatérale, c'est-à-dire le volet défense du Traité de l'Elysée de 1963. La relance de la coopération va connaître malgré tout, une phase difficile après le départ de F. Mitterrand en 1995 et l'arrivée au pouvoir de J. Chirac puis celle de G. Schröder et A. [...]
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