La politique étrangère du Vatican

Résumé du document

L'Etat de la Cité du Vatican est pour le moins un Etat atypique : avec ses 600 habitants et ses 44 hectares de superficie, c'est le plus petit Etat du monde, et pourtant, il entretient des relations diplomatiques avec 174 pays. Le Vatican est également unique quant à son statut juridique sur la scène internationale : il convient toujours de rappeler que ce n'est pas l'Etat de la Cité du Vatican, créé en 1929 seulement, qui est le sujet agissant dans les relations internationales, mais le Saint-Siège, entendu comme le centre du gouvernement de l'Eglise catholique. Seul le Saint Siège possède le statut d'entité juridique de droit international qui l'autorise à s'exprimer d'une part pour l'Etat de la Cité du Vatican et d'autre part pour l'autorité morale et spirituelle de l'Eglise. Autrement dit, le Vatican n'est pas juridiquement apte à mener une politique étrangère, c'est le Saint Siège qui en a le pouvoir.
Cet atypisme ne doit pourtant pas nous aveugler : le Saint Siège mène une politique étrangère qui doit être analysée dans le cadre des relations internationales. Si l'on s'en réfère à l'ouvrage de M.-C. Smouts, D. Battistella et P. Venesseon, on constatera que l'analyse de la politique étrangère d'un Etat se trouve de plus en plus être une analyse de la prise de décision de l'exécutif. Ainsi les chercheurs (Allison, Putnam) focalisent aujourd'hui leur attention sur les processus décisionnels et les différentes influences qui conduisent à une prise de décision sur la scène internationale. Malheureusement, nous sommes obligés de constater que ce genre d'analyse n'est guère possible pour le Vatican. Comment parler de pressions internes alors que sa population ne compte que 600 habitants ? Comment parler de décisions discrétionnaires de l'exécutif quand l'exécutif se trouve être le Pape, dont la politique étrangère n'est officiellement inspirée que par les valeurs chrétiennes ?
L'analyse de la politique étrangère du Vatican relève donc d'autres problématiques. Dans un premier temps, il est peut être souhaitable de comprendre si les relations internationales constituent « le parent pauvre de l'histoire du Saint Siège » ou bien si l'activité diplomatique a toujours été primordiale pour le Pape. Et puis dans un second temps, il serait intéressant de comprendre comment la tradition diplomatique vaticane se concilie avec les exigences contemporaines internationales : à la mort de Jean-Paul II, on a en effet bien volontiers rappelé son rôle essentiel dans la chute du communisme, mais l'influence du Saint Siège sur la scène internationale ne s'arrête pas en 1989-1990, et la présence de nombreux corps diplomatiques aux obsèques de Jean-Paul II n'est pas un hasard, le Pape est salué aussi bien en homme d'Eglise qu'en homme d'Etat et plus particulièrement en diplomate de haut rang.

Extraits

[...] Le Pape Paul VI décide que l'on part du principe que chaque fois qu'il s'agirait de discussions sur des questions techniques qui affectent l'administration du territoire d'une entité étatique, ce serait la Cité du Vatican qui exercerait la représentation, car ce sont des compétences liées à l'existence de ce mini-Etat, et chaque fois qu'il s'agirait des intérêts généraux de l'humanité, ce serait l'Eglise. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, cette dualité au sein du Saint Siège n'a pas conduit à la mise en place d'un double système de représentation diplomatique. Les fonctions normales de Légation pour les deux souverainetés sont cumulées par un seul envoyé diplomatique, qui est, dans la plupart des cas, un ecclésiastique. [...]

[...] Dans ce sens, on peut affirmer que l'Etat de la Cité du Vatican est moralement nécessaire pour la liberté d'action du Saint Siège. La création de la Cité du Vatican a quelques conséquences juridiques : Le Pape, outre qu'il est le chef visible de l'Eglise catholique, est devenu le souverain de l'Etat de la Cité du Vatican. Donc à chaque fois qu'il agit dans l'ordre international, le Pape peut le faire au nom de l'une ou l'autre de ces qualités. [...]

[...] Durant toute cette période, les Papes se diront Prisonniers du Vatican ce qui ne les empêchera pas d'entretenir une diplomatie active. En effet, le Saint Siège continue à être considéré par les autres Etats comme un sujet de droit international. À ce titre, il est amené à conclure de nombreux concordats, véritables traités internationaux au sens juridique du terme. Leur validité ne dépend pas du pouvoir temporel de l'Eglise, puisque, même dépourvu de toute existence étatique, le Saint Siège conclut un nombre assez impressionnant d'accords pendant cette période (avec la Suisse, l'Angleterre, la Pologne, la France, la Tchécoslovaquie, entre autres). [...]

[...] Venesseon, on constatera que l'analyse de la politique étrangère d'un Etat se trouve de plus en plus être une analyse de la prise de décision de l'exécutif. Ainsi les chercheurs (Allison, Putnam) focalisent aujourd'hui leur attention sur les processus décisionnels et les différentes influences qui conduisent à une prise de décision sur la scène internationale. Malheureusement, nous sommes obligés de constater que ce genre d'analyse n'est guère possible pour le Vatican. Comment parler de pressions internes alors que sa population ne compte que 600 habitants ? [...]

[...] Le défi des organisations internationales : La réalité internationale à partir de 1945 est celle des organisations internationales, nul ne peut prétendre jouer un rôle sur la scène internationale s'il n'entretient pas des rapports réguliers avec ces organisations dont le but est avant tout d'assurer la coexistence pacifique des peuples par une discussion objective des problèmes et des sujets de litiges internationaux. Depuis un demi-siècle la diplomatie pontificale s'est adaptée à cette organisation multilatérale : le Saint Siège est ainsi membre de l'OSCE et de l'Agence internationale de l'Energie Atomique. Enfin, il verse des contributions à l'UNESCO, l'UNICEF, à l'OMS et à la Croix-Rouge internationale. Il convient cependant de souligner que le Saint Siège n'est pas membre de l'ONU, il possède simplement un rôle d'observateur permanent. [...]