Nous entendons ici aborder la dimension géopolitique, qui est omniprésente. En effet, le pétrole contribue à déterminer la hiérarchie de la puissance entre Etats. Pour paraphraser Yves Lacoste à propos de la géographie, on pourrait également dire qu'il sert à faire la guerre, qu'il est source de conflits, et qu'il est indispensable à leur conduite. Il n'est pas moins indispensable à la stabilité des relations pacifiques. D'où par exemple les questions liées à la continuité et à la sécurité des approvisionnements pétroliers. Elles relèvent autant de la géostratégie que de la géo-économie.
Le pétrole est aujourd'hui à la croisée des relations entre les Etats et de la puissance des acteurs privés sur la scène internationale, mais la distinction demeure floue, voire compliquée dans la mesure où ces compagnies sont en réalité, les instruments de la stratégie étatique.
Le pétrole joue un rôle évident dans la sphère politique et économique. Son histoire est rythmée par ses crises politiques et économiques. L'histoire à son importance, car sans elle nous ne pouvons pas véritablement saisir les véritables enjeux actuels. Ainsi, regarder dans le passé nous permet de mieux appréhender notre période contemporaine. Lorsque les nations porteront un intérêt certain pour cet « or noir » à l'issue de la première guerre mondiale, certain voit ici l'opportunité d'un véritable enjeu stratégique. Dés lors, après la fin de la première guerre mondiale nous pouvons distinguer trois périodes majeures lié à l'histoire du pétrole : la première, que nous pouvons intitulé de « bataille pour l'extraction » qui s'étend de 1918 à 1945 ; la seconde, entre 1945 et 1960,période à laquelle la guerre froide va s'installer au Moyen Orient et faisant la place à la domination des grandes majors ; la troisième, de 1970 à 1986 « chocs et contre-chocs pétroliers » ; puis de 1986 à 2003, une période caractérisée par une forme d'hégémonie des Etats-Unis qui semble avoir un avantage pétro stratégique certain sur l'ensemble des acteurs du système international, mais une hégémonie contesté avec l'émergence ou plutôt un retour marqué d'acteurs étatiques comme la Chine ou encore l'Inde, venant à leur tour redéfinir ce qu'on appelle le grand jeu.
[...] Clark, Petrodollar warfare: oil, Iraq and the future of the dollar, Gabriola Island, New Society Publishers p.123. W.R. Clark, Petrodollar warfare: oil, Iraq and the future of the dollar, op. cit., pp.123-135. Respectivement : Standard Oil of New Jersey devenue ExxonMobil ; Anglo- Persian Oil Company devenue BP ; Royal Dutsh Shell ; Standard Oil of California devenue Chevron ; Texaco fusion avec Chevron ; Standard Oil of New York devenue Mobil puis ExxonMobil et enfin Gulf Oil absorbée par Chevron. [...]
[...] Le lendemain de cette réunion, les mêmes pays moins l'Iran, rejoints par les autres membres de l'OPAEP (organisation arabe des pays producteurs de pétrole) décidaient d'utiliser l'or noir comme une arme de guerre en instituant une réduction de la production de par mois tant que la communauté internationale n'aura pas forcé Israël à évacuer les territoires occupés en 1967 et tant que les Palestiniens n'auront pas été rétablis dans leurs droits Le 28 octobre, alors que le cessez-le-feu était devenu effectif, on proclama l'embargo à destination des Etats-Unis, protecteur de l'Etat hébreu, et à destination d'autres pays alliés. Cet embargo ne sera levé qu'en mars 1974. Les mesures arrêtées à Koweït donnent brusquement à cet accident conjoncturel une ampleur et une gravité qui vont bientôt affecter la majorité des Etats de la planète. Or ans plus tard, quand les pays industrialisés commencent à peine à ce remettre du premier choc, la révolution islamique en Iran et en septembre 1980, le déclenchement de la guerre Iran-Irak entraîne un second choc pétrolier. [...]
[...] E. Laurent, La face cachée du pétrole, Paris, Plon pp.132-145. W. Engdahl, Pétrole, une guerre d'un siècle : l'ordre mondial anglo- américain, Paris, Jean-Cyrille Godefroy p.154. W. Engdahl, Pétrole, une guerre d'un siècle : l'ordre mondial anglo- américain, op. cit., pp.247-254. [...]
[...] Dès février 1971, l'exemple était donné par l'Algérie où Houari Boumediene décidait que sont pays détiendrait désormais la majorité dans les sociétés françaises opérant sur son territoire. En 1972, le gouvernement de Bagdad nationalisa la puissante Iraq Petroleum, et quelques mois plus tard, c'était au tour du colonel Kadhafi d'annoncer que l'Etat libyen devenait propriétaire à 51% des compagnies pétrolières installées sur son sol. C'est donc en quelque sorte à une vague de décolonisation pétrolière à laquelle on a assisté au tournant des années 60-70. [...]
[...] Or, dans l'affrontement qui s'engage en 1939, l'Allemagne et le Japon sont nettement défavorisés sur la question du ravitaillement. Pour pallier les carences de son approvisionnement en pétrole, le 3e Reich n'a guère d'autre choix que celui de la guerre éclair (Blitzkrieg), ou celui de la conquête de zones productrices d'or noir. Mais ces deux tactiques échouent à long terme et l'Axe perd la guerre. C'est en raison de l'embargo sur ses approvisionnements pétroliers que le Japon attaque Pearl Harbor le 7 décembre 1941, forçant ainsi l'entrée en guerre des Etats-Unis. [...]
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