Frontières, relations internationales, sciences sociales, Serge Sur, Georg Simmel, Michel Foucher, systèmes politiques, centralisation étatique, traité de Tordesillas, partage de l'Afrique, libre circulation des biens, mondialisation, souveraineté nationale, espace Schengen
La frontière est un concept très utilisé dans toutes les sciences sociales, qui en font toutes une définition particulière. En relations internationales, c'est une notion-clé puisqu'elles étudient les rapports entre nations, or ce sont bien les frontières qui justifient ces catégories et les relations qu'elles entretiennent. La racine latine de frontière est d'origine militaire : front, évoquant ainsi son lien intrinsèque avec la notion d'État doté d'une force militaire ainsi que ses relations avec ses voisins. Dans "Le réveil des frontières" de la revue Questions internationales de 2016, l'universitaire Serge Sur évoque ce concept : "Frontière : voici un mot dont l'utilisation recouvre des significations multiples".
[...] En réaction à l'effritement des frontières, des voix s'élèvent pour le retour des frontières. C'est le cas de discours nationalistes et identitaires communs à de nombreux mouvements d'extrêmes droites dans le monde qui s'emparent de ces notions de souveraineté, de frontières, mais aussi d'immigration face à laquelle il faudrait se barricader. Il faut relativiser ce dernier point, car en novembre 2018, le nombre de franchissements illégaux de frontière a été divisé par 9 depuis 2015. Or, en réalité, il n'y a pas de véritable disparition des frontières, mais plutôt un renforcement : actuellement il y a près d'un demi-million de kilomètres de frontières terrestres auxquelles s'ajoute un mouvement de multiplication des frontières maritimes (enjeux autour des eaux territoriales ou des ZEE) et aériennes. [...]
[...] De son côté Georg Simmel écrit : « La frontière n'est pas un fait spatial avec des effets sociologiques, mais un fait sociologique qui prend une forme spatiale » ainsi elle ce lieu de séparation, de démarcation entre eux et nous devient un élément constitutif des identités et des groupes. À travers ces définitions, l'on comprend que la frontière peut à la fois être source de droit, de régulation et de conflits, de destructions. Mais ce que l'on perçoit particulièrement c'est la relation ténue entre les concepts de frontière et d'État nation. En effet, la frontière va se renforcer à l'époque de la centralisation étatique quand un Prince va imposer lois et impôts sur un territoire délimité, mettant ainsi fin à l'époque d'une féodalité sans frontières. [...]
[...] Dans cette veine, le philosophe Régis Debray conçoit la frontière comme nécessaire, mais pas excluante, car la séparation qu'elle instaure permet l'hospitalité et le partage. Le « sans-frontiérisme » érigé comme le progrès ne semble finalement pas si progressiste, car il permet l'ingérence, le manque de démocratie et une économie dérèglementée aux dépens des populations et n'empêche pas la multiplication de murs. La frontière comme marqueur de souveraineté et principe d'organisation des relations internationales, à la fois menaçante et protectrice, continue de marquer les sociétés et les sciences sociales. [...]
[...] Le lien frontière/nationalisme au XIX et au XXe ayant eu des conséquences meurtrières, au lendemain de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, des intellectuels vont réfléchir à l'idée d'une Europe sans frontières ; cette idée se mondialise ensuite dans la deuxième moitié du XXe siècle. II. L'effritement de la notion de frontière au profit d'un monde sans frontière ? Ce processus de remise en cause de la frontière se développe en parallèle de la mondialisation qui appelle à effacer les obstacles à la libre circulation des biens, des services, des hommes et des capitaux. [...]
[...] La notion de frontière dans les relations internationales I. Genèse de la notion de frontière La frontière est un concept très utilisé dans toutes les sciences sociales, qui en font toutes une définition particulière. En relations internationales, c'est une notion-clé puisqu'elles étudient les rapports entre nations ; or ce sont bien les frontières qui justifient ces catégories et les relations qu'elles entretiennent. La racine latine de frontière est d'origine militaire : front, évoquant ainsi son lien intrinsèque avec la notion d'État doté d'une force militaire ainsi que ses relations avec ses voisins. [...]
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