Aujourd'hui, deux faits majeurs semblent caractériser notre monde : la victoire du libéralisme et du libre-échange avec l'avènement de la mondialisation, et la fin du leadership Etats-Unien. Ces deux éléments semblent a priori contradictoires. En effet, ce sont les Etats-Unis qui ont permis la diffusion du libre-échange et l'ouverture des frontières qui sont le modèle économique de ce pays, et malgré tout l'influence de ce pays tend à être concurrencée par de nouveaux acteurs de multiples natures (Etats, ONG, organisations mondiales, groupes de pressions, etc.). De ce constat il convient de s'interroger sur l'ordre mondial actuel : comment les pays s'organisent-ils, quels rapports de force entretiennent-ils entre eux et avec les autres acteurs, et quels en sont les chefs, les leaders, ceux qui peuvent influencer les autres à agir "dans leur sens" ? Avant d'essayer de répondre à ces questions il convient d'expliciter certains termes et notamment celui de "monde multipolaire". Ce terme est employé pour caractériser l'organisation du monde actuelle (à tort ou raison ?) et s'est d'abord construit sur une opposition, celle de la guerre froide et de la bipolarisation. Ce terme sous-entendrait donc qu'il y a aujourd'hui plusieurs acteurs majeurs en situation de concurrence et qui ont des divergences : l'existence de différents pôles se base sur l'existence de divergences, auquel cas sinon il n'y aurait qu'un pôle et nous serions confrontés à un monde unipolaire (nous aurons à ce propos l'occasion d'en reparler). Ces divergences et ces luttes d'influence et de pouvoirs se traduisent par des moyens de multiples natures pour imposer sa vision du monde : l'économie, le militaire (le hard power), la diplomatie et la culture (le soft power). Pour définir l'ordre mondial actuel et s'interroger sur l'existence éventuelle d'un monde multipolaire, nous verrons dans un premier temps que le monde et les Etats sont par nature une organisation instable et comment la seconde moitié du XXème siècle a tenté (avec plus ou moins de succès) une pacification et une stabilité imparfaite de l'ordre mondial. Puis dans un second temps, nous verrons l'échec de cette stabilisation derrière les Etats-Unis et comment nous passons d'un ordre multipolaire à un ordre apolaire (...)
[...] En effet, le modèle qu'ils préconisaient semble souffrir de quelques défauts. Reprenons par exemple le consensus de Washington et les idées libérales qui en découlent. Ces mesures ont été massivement appliquées en Amérique latine dans la décennie 1980 tandis qu'en Asie l'Etat a eu et garde encore un rôle très important et notamment en terme d'orientation des IDE. Aujourd'hui l'expérience semble avoir donné raison aux pays asiatiques qui connaissent depuis plusieurs dizaines d'années (jusqu'à 50 ans pour les plus anciens) des taux de croissance allant jusqu'à deux chiffres et qui sont en plein rattrapage économique. [...]
[...] L'unilatéralisme précedemment évoqué dont ont fait preuve les américains a été particulièrement mal vécu par la communauté internationale qui voit y voit un retour à marche forcée de l'impérialisme américain. Ainsi à la fin de la présidence Bush, dans la plupart des pays européens, des majorités allant jusqu'à 80% s'opposaient à la politique étrangère de Washington et déclaraient que les USA représentaient la plus grande menace contre la paix dans le monde. La capacité qu'avait le pays à séduire, à attirer semble donc bien entachée et l'American Dream apparait donc aujourd'hui bel et bien mort (chômage, inégalité et monté des extrémismes ne font pas rêver (même si il est très réducteur de résumer le pays à ces trois aspects)). [...]
[...] La société internationale est caractérisée par l'absence d'une instance qui détienne le monopole de la violence légitime selon Raymond Aron, le monde est donc en proie à une anarchie permanente : chaque Etat est libre de ses décisions et la seule manière de maintenir l'ordre découle de la seule volonté individuelle de chaque Etat de maintenir l'ordre. Néanmoins, la différence de puissance pose un problème en termes d'intérêt mutuel à la paix : le déséquilibre risque d'entrainer des conflits dès lors que l'un peut significativement prendre l'avantage sur les autres. [...]
[...] Néanmoins, il n'est pas totalement exact pour autant de parler de monde multipolaire. En effet, aujourd‘hui, il n'y a pas plusieurs pôles qui s'affrontent, seulement un jeu d'alliance, de dépendance et d'influences. De plus les Etats ne sont plus les seuls types d'acteurs à jouer un rôle : les FTN, les ONG et les organisations internationales ont fait ou tentent de s'affirmer auprès des Etats, de les influencer. Notre monde est donc plutôt apolaire et surtout instable, mais autant qu'avant voir moins à cause des interdépendances qui sont plus fortes aujourd'hui (interdépendance économique mais aussi écologique). [...]
[...] Ceci s'observe à divers degrés. Au plan mondial par exemple, l'Europe a durant très longtemps été le pôle dominant sinon le seul et a cherché à dominer les autres continent et cela par la force (colonisations et répressions des peuples). Mais au niveau Européens, il n'y avait pas à proprement parler d'union, tout juste quelques nations rivales ou amies (les alliances étaient très changeantes). Cette forte instabilité de l'Antiquité jusqu'au XXème siècle s'explique par le fait que les relations entre Etat et Empire était déséquilibrées car les puissances étant plus ou moins équilibrées mais variantes : il n'y avait alors pas à proprement parler de super-puissance qui pouvait contraindre toutes les autres. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture