Le récent sommet Afrique Chine qui s'est tenu à Pékin en novembre a encore mis en lumière le renforcement de la présence chinoise en Afrique. De 2002 à 2003, les investissements chinois en Afrique ont augmenté de 112%. En 2003, le montant des exportations africaines vers l'Asie a augmenté pour se stabiliser à 30%. L'Afrique, continent souvent à l'écart de la mondialisation économique, s'ouvre donc à la Chine et par ce fait à la croissance de l'Empire du Milieu qui tire celle de l'Afrique. Cette nouvelle ne semble cependant pas réjouir tout le monde : nombre de défenseurs des droits de l'homme critiquent les accords signés entre dictateurs africains et Chine autoritaire qui court-circuitent toutes les tentatives pour instaurer des régimes démocratiques en Afrique. Pourrait-on imaginer le même genre d'inquiétude dans le domaine économique ? En d'autres termes, la présence économique chinoise en Afrique est-elle réellement bénéfique pour l'Afrique à court terme et à long terme ?
Dans cette perspective, nous verrons si les nouveaux modes de coopération sino-africaines inaugurent une nouvelle relation de développement Sud-Sud ou si la Chine n'est pas plutôt un nouveau prédateur pour l'Afrique.
[...] L'ensemble de ces facteurs déterminant le niveau de risque des investissements, on peut raisonnablement conclure que la présence chinoise ne bénéficie pas à la croissance africaine. Au pis, la dépendance des pays africains corrompus à l'égard des investissements et des prêts chinois serait renforcée puisque les investisseurs occidentaux verraient une augmentation du risque dissuasif. Les investissements en capital humain seraient aussi plus faibles tout comme les chances d'établir un marché de concurrence sans trop grandes distorsions. La présence chinoise favoriserait non seulement la corruption nocive au développement mais aussi l'instabilité politique et la guerre civile. [...]
[...] Le modèle de Romer constate que la croissance dépend de l'investissement et de l'apprentissage par l'expérience (learning by doing). Plus l'investissement augmente, plus les connaissances ont des chances d'augmenter. Maximiser l'investissement devient donc un enjeu très important. Ce modèle est applicable en l'espèce car la présence d'entreprises chinoises en Afrique permet la constitution d'un stock de connaissances mis à la disposition de tous les agents économiques. Le modèle de Lucas peut également s'appliquer à la situation. Il montre que la croissance est stimulée par l'accumulation du capital humain (éducation, formation). [...]
[...] Sur cette période des IDE chinois ont été alloués à l'Afrique contre 31,4% à l'Asie[1]. La Chine est le premier récipiendaire mondial d'IDE avec un montant de 53 milliards de dollars investis en Chine en 2003. Mais la République populaire participe également à ces flux financiers en se plaçant à la cinquième place des pays investisseurs (après les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume Uni et la France) avec 2087 milliards de dollars investis dans 160 pays en 2003, soit une hausse sans précédent de 112% par rapport à 2002. [...]
[...] Si l'on part du principe que l'armement des pays africains peut favoriser les conflits, alors cette aide chinoise ne participe à la stabilité des institutions africaines. Enfin, Pékin défend les pays africains mis au ban de la communauté internationale en encourage, par ce fait, leur maintien sur le long terme. Ainsi la Chine a menacé à deux reprises d'user de son droit de veto (juillet et septembre 2004) pour s'opposer à l'adoption de sanctions politiques et pétrolières contre le Soudan en réaction au génocide du Darfour. 2. Les risques pour la compétitivité des économies africaines. [...]
[...] Risques socio-économiques et politiques de la présence chinoise en Afrique. La présence chinoise en Afrique renforce une corruption nuisible à un développement africain soutenable. A la différence des USA et de l'Union Européenne, qui condamnent la corruption et soumettent leurs aides à des conditions de transparence et de démocratie, Pékin ne prend en considération aucun critère politique dans l'octroi de ses prêts. Elle permet ainsi aux Etats africains les plus corrompus du continent de se maintenir. Par exemple, le Rwanda du dictateur Mugabe mis au banc de la communauté internationale a trouvé dans la Chine un partenaire conciliant. [...]
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