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La présente citation de James N. Rosenau fait état des conséquences du paradoxe entre le point de vue de la doctrine et l'utilisation qui est faite de la notion d'intérêt national : "While the national interest has little future as an analytic concept, its use in politics will long continue to be a datum requiring analysis.".
[...] La Nation, une théorie idéologisée La Nation, une théorie idéologisée historiquement, la Nation, et par extension l'intérêt des Nations, est au fondement de l'étude des relations internationales. Le système instauré en Europe par les traités de Westphalie en 1648 consacre le pouvoir et la volonté des[3] Nations européennes. La nation est définie comme la seule unité d'action politique considérée et étudiée par la doctrine et la norme. Depuis, le contenu du terme « Nation » est un sujet central de la théorie politique. En effet, les penseurs (cf. JJ. Rousseau, E. Renan) et gouvernants tentent depuis plusieurs siècles de s'approprier la définition officielle de la Nation. [...]
[...] Certes, des confrontations entre forces politiques internes à l'Etat peuvent donner des indices pour cerner cet intérêt du plus grand nombre. Néanmoins, c'est le seul Gouvernement reconnu sur la scène internationale qui fixe son intérêt national, détermine la politique extérieure du pays tout entier, et produit de fait son récit personnel et politique de l'intérêt national. James N. Rosenau, « The National Interest », International Encyclopedia of the Social Sciences. Vol. II, New York, Crowell Collier/Macmillan 2 Chaouad, Robert. « Le paradoxe de l'intérêt national », Revue internationale et stratégique, vol no pp. [...]
[...] Les lacunes d'une telle théorie résident dans les prescriptions qu'elle induit, les méthodes qu'elle nécessite de mettre en place. L'objectif serait de saisir objectivement les intérêts individuels agrégés. Dans une logique rousseauiste, l'intérêt serait corollaire à la souveraineté. Chaque individu représente une portion d'intérêt, appartenant à[9] l'intérêt national, transposable en cette « somme du bonheur commun » que mentionne Rousseau. Les gouvernants devraient donc ici se désidéologiser, et se comporter en véhicule de cette somme d'intérêt. L'intérêt national consiste à transposer ces expressions individuelles de l'intérêt, et les porter sur la scène internationale ici. [...]
[...] C'est bel et bien cette méthode de fixation de l'intérêt national qui le rend si politisé. Dès lors qu'une minorité, une élite gouvernante, est en mesure de fixer l'intérêt national selon sa perception, cette minorité peut agir dans l'intérêt (économique/social/militaire) du plus grand nombre. Néanmoins, ce n'est pas nécessaire ni inhérent à la pratique gouvernementale. Certes, la philosophie politique platonicienne ambitionne que tout Etat soit dirigé par une figure de Philosophe-Roi, indépendant des pressions internes, et capable d'évaluer le besoin et l'intérêt commun[10] par la réflexion autonome. [...]
[...] Les clivages perdurent, et les programmes politiques de tous bords semblent pouvoir être légitimés au nom de cet intérêt national. À en croire les théories prises en exemple, il suffirait de suivre les prescriptions de l'intérêt national « réel » pour que la Nation se retrouve « gagnante ». La limite de la prise en compte de cet intérêt national réside dans la capacité à dévaluer, voire anticiper, objectivement l'ensemble des gains et pertes de la Nation suite à une politique. On peut penser, à la suite d'un tel constat, que le concept d'intérêt national n'est qu'une illusion, un totem idéologique. [...]
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