Le terme gouvernance serait né en France au XIIe siècle avec un sens très technique : la direction des baillages. Aujourd'hui, c'est une des notions clé de l'univers de l'entreprise et des organisations. Ce concept s'inscrit dans la constellation d'idées produites par la mondialisation. La gouvernance serait ainsi ce processus d'organisation et d'administration des sociétés humaines, dans le respect et l'épanouissement des diversités. Cette thématique de la gouvernance plonge ses racines dans la grande rupture de la modernité, elle s'inscrit dans cette quête permanente de meilleurs systèmes de gestion des hommes et des ressources.
La notion de gouvernance émerge au début des années 1990. Cette idée se modèle au carrefour des quatre dominantes du dernier quart du XXe siècle : la victoire de l'Occident, la fin des incertitudes et des conflits de propriété, l'universalisation de l'esprit démocratique, une machine à produire de plus en plus efficace.
La gouvernance traite toute structure sociale comme un espace de jeu. Pour qu'elle se matérialise, les protagonistes doivent accepter la donne initiale, quelle qu'elle soit. Aujourd'hui cette acceptation s'opère par la reconnaissance du partage des territoires. Or aujourd'hui s'accomplit une stabilisation des territoires. Entre les États, les frontières se consolident. Au sein des États, l'appropriation claire des États fait désormais partie des conditions élémentaires du décollage économique. La propriété est l'un des éléments de la prévisibilité, composante essentielle de la gouvernance.
[...] Il faut gérer, épanouir la créativité. Dans cet univers apaisé la surveillance mutuelle et permanente doit assurer la discipline, chacun rendant des comptes et devant être transparent. On peut ainsi se demander si la gouvernance se donnerait pour ambition de transformer la planète entière en panoptique. Chapitre 3 : le monde de la gouvernance La gouvernance constitue un monde ou plutôt un ensemble hétéroclite de dispositifs très divers, chaque problème, chaque institution, chaque entreprise dessinant son espace de gouvernance. Ces espaces ne sont ni clos ni fixes. [...]
[...] - Devant la communauté internationale. Cette responsabilisation de l'Etat confirme l'emprise croissante du droit. La gouvernance, c'est aussi cette responsabilisation multiforme et réciproque de tous les acteurs. L'intérêt public n'est plus un, monopolisé par l'Etat, mais pluriel, exprimé par toutes sortes d'entités tant publiques que privées. La dynamique de l'impératif démocratique implique des intérêts généraux en reformulation permanente. La gouvernance confirme la victoire de l'existentialisme : il y a intérêt public dès lors qu'un individu ou un groupe proclame telle ou telle exigence comme intérêt public et obtient des autres la reconnaissance de cette proclamation. [...]
[...] Il doit donc bénéficier d'une bonne gouvernance. Cette exigence obéit à des raisons économiques et politiques. La bonne gouvernance vise à épanouir et responsabiliser les populations. C'est toujours quelque chose comme une gestion de père de famille à l'ère démocratique : respecter les contrats, accepter ce qui est possible, veiller à associer le peuple. C'est une gestion transparente et responsable des ressources humaines, naturelles, économiques et financières dans des buts de développement durable et équitable. L'idée de bonne gouvernance illustre la transformation du rôle et de la légitimité de l'Etat. [...]
[...] A partir des années 1970 s'esquisse le thème du développement durable. La préoccupation est double. Tout d'abord il s'agit de prendre en compte toutes les dimensions de la modernisation économique tant ce qu'elle crée que ce qu'elle détruit et coûte. Ensuite, le développement doit penser aux générations futures, à ceux qui vont hériter du monde. La gouvernance, allant au-delà du simple gouvernement, doit promouvoir cette démarche globalisante, intégrant dans les calculs ce qui est oublié et donc contraignant chacun à assumer une juste part du fardeau. [...]
[...] La gouvernance bute contre le même dilemme. Elle se veut reconnaissance, stimulation de la diversité. Mais elle ne peut être que gestion franche, sereine, que si les protagonistes s'inscrivent dans un certain cadre de raisonnement. La gouvernance est en fait vouée à être un équilibre précaire, entre unité et diversité, toujours tiraillée entre deux extrêmes : la décomposition de l'ensemble, chaque élément particulier s'érigeant en totalité close et rejetant toute structure supérieure ; ou à l'inverse le durcissement de cet ensemble au nom de l'unité. [...]
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