Frontières, Afrique, référence colonilae, Mali, Burkina Fasso, sahélien
Une véritable doxa s'est imposée : « une Afrique balkanisée selon des frontières issues de la colonisation », qui sont « arbitraires », « absurdes », « artificielles ».
Produits d'exportation, imposés sans prise au mépris de la géographie et des ensembles naturels, ethniques ou économiques, ces tracés au cordeau auraient divisé et désuni un continent voué, par la nature ou la sagesse innée de ses dirigeants, à l'unité.
Le « personnage » Afrique a été divisé, découpé, soumis à un compartimentage non voulu, d'où viendraient tous ses maux.
Les malheurs des populations africaines seraient inscrits dans les conditions de l'orogenèse : une histoire imposée aux dépens des réalités d'une géographie humaine ignorée et d'une géopolitique précoloniale méconnue.
Ne convient-il pas de « revisiter la doxa, à l'épreuve des réalités géohistoriques et géopolitiques ? N'est-il pas utile, avant d'engager un parcours dans les réalités du terrain, de procéder à un déblaiement préalable des lieux communs ?
[...] Prêter attention à l'histoire "d'en bas", celle qui se déroulait au moment des conquêtes et qui avait laissé des empreintes sur le sol africain, reste indispensable pour mieux connaître les configurations de la géopolitique précoloniale, qui ne se réduit pas à la réhabilitation des actes de résistance. La prise en compte, dans les effets spatiaux, des tentatives d'intégration du XIXe siècle (Ousman Dan Fodio, El-Hadj Omar Tall, Samori Touré, Ménélik II, Chaka) et des autres structures politiques locales est tout à fait essentielle pour comprendre deux facteurs fondamentaux de la structuration géopolitique de ce continent : - Les tracés frontaliers qui ont été réalisés le plus souvent en fonction de ces configurations, j'entends : soit contre elles - en les divisant - , soit en les utilisant - les tracés passant alors dans leurs marches ; - la résurgence contemporaine des géopolitques précoloniales qui ne se limite pas à l'affirmation de l'ethnicité, et fait jouer d'autres limites spaciales. [...]
[...] Les exemples du Congo et du Nigéria peuvent laisser penser que l'adoption d'une solution fédérale ds les deux ensembles français aurait pu être remise en cause par les dirigeants des régions les plus riches, par refus des leaders des autres régions économiquement motrices. Il semble alors préférable de considérer les frontières actuelles comme étant issues de la décolonisation. Des remaniements difficiles ou l'intérêt des exceptions. Le statut quo, n'avait pas la même signification géopolitique pr tous les Etats. Il était avantageux prts les Etats qui s'étaient trouvés agrandis par rapport à l'espace précolonial. Mais dans d'autres cas, le statut quo figeait des situations jugées inacceptables par certains Etats. [...]
[...] Ms ceci ne doit pas masquer les phénomènes de division interne, caractéristique de sociétés pastorales : on compte au moins 6 groupes ethniques ou tribus (Dir, Issaq, Darod, Hawiya, Rahanwein et Dighil) divisés en clans, auxquels s'ajoutent des castes spécialisées (Midgan, Toumal et Yibir). C'est le groupe Darod, grands nomades dispersés dans le Nogal (nord-est du Kenya) et l'Ogaden qui fut le plus actif ds la revendication de la Grande Somalie Le projet pan-somali est à l'origine typiquement colonial. Il fut imaginé en 1943-44 par Ernest BEVIN. [...]
[...] (Situation similaire pour la Fédération d'Afrique Orientale). Dans le cas de l'A.O.F et de l'A.E.F, l'indépendance en ordre dispersé fut la conséquence de 3 séries de facteurs. La loi-cadre de juin 1956 dite loi Defferre privilégia le niveau du territoire (ou colonie) pr l'attribution des compétences (conseil de gouvernement, assemblées aux dépens de l'unité administrative de l'A.O.F et de l'A.E.F. Cette solution de territorialisation étape positive ds l'accès à l'autonomie des 12 colonies, impliquait le maintien de liens de dépendance entre les entités peu peuplées et la métropole. [...]
[...] Prenons le cas du conflit frontalier entre le Mali et le Burkina Fasso en 1985-86. Pour les autorités maliennes, à la recherche d'appuis politiques et militaires, la France avait des responsabilités historiques ds la mesure où il s'agit d'un conflit ayant pour origine les frontières héritées de la colonisation d'où l'on conclut que : La France peut et doit jouer un rôle Mais pour les dirigeants burkinais et libyens, la France était désormais une puissance extra-africaine Le litige territorial a été déclenché, non pas par le tracé, mais par la volonté de l'un des Etats d'étendre géographiquement son influence politique, de diffuser ses nouveaux modes d'organisation pol° vers des espaces revendiqués par l'Etat Malien.=> Il y eut donc au départ une volonté de consolider le contrôle pol° et social sur les pop° fréquentant les régions bordant l'enveloppe frontalière. [...]
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