Les émergents, défis ou opportunités pour les pays du Nord ?

Thèmes abordés

Pays émergents, défis ou opportunités pour les pays du Nord, mutations économiques, mondialisation, concurrence asiatique, désindustrialisation du Nord, G20, ONU, nouvel ordre mondial, FMI, Chine, Brésil, Inde, Bangladesh, BRIC

Résumé du document

Les pays émergents ont profité des avantages comparatifs pour attirer les industries du Nord, et ont en partie provoqué la désindustrialisation des pays occidentaux. La Chine est devenue l'usine du monde. On constate aussi le phénomène des shrinking cities américaines, provoquées par la concurrence asiatique. Les industries textiles sont parties dans le sous-continent indien (Bangladesh) ; l'agriculture productiviste brésilienne est une menace directe pour les agriculteurs de l'Union européenne. Aujourd'hui, on constate une certaine conquête économique des émergents au Nord. En 2004, Tata Motors rachète Jaguar et Land Rover, la même année Lenovo prend possession de la branche PC d'IBM.

Extraits

[...] A noter que la Russie soutient la démarche du Brésil. Ils veulent une représentativité à la hauteur de leur poids démo (1,38 milliards pour la Chine pour l'Inde ou encore 220 millions pour l'Indonésie), de plus les futurs émergents comme l'Ethiopie, L'Egypte ou le Nigeria ont de fortes croissances démo. La RPC et la Russie s'accordent sur « consensus de Pékin », diamétralement opposé à celui de Washington d'où l'opposition sur dossier syrien entre russes et occidentaux. La réforme des droits de vote du FMI en 2010 faisant de la RPC la troisième détentrice de droits de vote n'a pas été votée par le congrès américain, les USA conservent leur minorité de blocage ( des droits de vote et sont nécessaires pour modifier la charte fondatrice). [...]

[...] La Chine aussi est en réalité un colosse au pied d'argile, elle doit assainir son système bancaire pour mettre fin au shadow-banking, réduire les disparités régionales et sociales pour passer d'une croissance exportatrice à une croissance intérieure,portée par le marché interne. Les émergents sont dépendants de la conjoncture et se retrouvent parfois affaiblis par des décisions du nord. Ainsi le Brésil,tout comme l'Argentine et l'Inde ont dû soutenir leurs monnaies dépréciées pour conjurer les effets du reflux massif de capitaux étrangers suite à la crise. [...]

[...] D'autre part les émergents constituent un investissement très rentable pour les banques et fonds souverains occidentaux et ce depuis les années 1980. La croissance soutenue de ces pays a été accompagnée par la création de bourses de valeurs comme celle de Sao Paulo en 1980 ou celles de Shenzhen et Shanghai, toutes deux créées en 1990. Les IDE sino-américains ont atteint un total de 500 milliards de dollars en 2015, leur maximum historique. Le développement progressif et la montée en puissance des émergents laisse présager de nouvelles opportunités Les émergents sont aussi largement courtisés par les FMN du Nord qui rêvent d'un accès aux nouveaux grands marchés de consommateurs qui s'esquissent en Chine et en Inde notamment même si pour le cas chinois l'accès reste très restreint et que les entreprises d'État ont la mainmise sur le marché national. [...]

[...] Les émergents s'avèrent être des partenaires efficaces sur certains dossiers Les émergents partagent de plus en plus le fardeau de l'ordre mondial avec les pays du nord. La Chine contribue à développer l'Afrique, la Turquie est en 2016 le deuxième pays le plus généreux au monde en terme d'aide publique au développement. On remarque de même une convergence de lutte entre les occidentaux et les chinois sur la lutte contre le réchauffement climatique depuis le vœux exprimé lors du 19e congrès du PCC par le n°1 chinois Xi Jinping de mener « une guerre sans merci pour préserver un ciel bleu », une taxe sur la pollution de l'air et du sol est d'or et déjà en vigueur. [...]

[...] Le développement rapide des émergents les rend capable d'investir des sommes considérables et ils privilégient les marchés occidentaux, la Abu Dhabi Investment Authority gère un capital de de 780 milliards de dollars, il investit dans le luxe et même dans d'autres fonds (le fond Carlyle). De même les marchés immobiliers de villes comme Sao Paulo ou Moscou sont florissants et les grands cabinets immobiliers visent une clientèle locale de plus en plus riche. Enfin, il est intéressant de noter que l'émergence est un cercle vertueux. La croissance chinoise et les délocalisations intra-asiatiques comme celle d'H&M de Chine en Ethiopie en 2008 nourrit l'essor de futurs émergents. [...]