Dynamiques institutionnelles, dynamiques sociales, monde arabe, Proche-Orient, Moyen-Orient, Etats Nations
Est-ce qu'il y a un monde arabe ou des mondes arabes ?
Il faut voir toute la complexité, la diversité de ce qu'on appelle le « monde arabe » par commodité de langages. Multiplicité des notions, complexité sémantique, car on utilise tour à tour « monde arabe » « orient » « levant » « Maghreb/Mashrek », supposé recouvrir la même réalité, mais qui historiquement ne le font pas du tout.
Le Monde arabe = divisé en plusieurs sous-ensembles géographiques qui posent chacun un problème de définition. « Moyen-Orient » « Proche-Orient »…
Le Proche-Orient par exemple. C'est une notion qui n'est pas neutre, car le substantif « Proche » sous-entend que cette région est proche de l'Europe. Implicitement, l'Europe, et donc l'Occident, est le Centre par rapport auquel on identifie des Orients plus ou moins proches.
Ce Proche-Orient est, à l'exception de la Russie, la région du monde la plus mitoyenne de l'Europe. Elle est donc plus facilement prisonnière des canons de la perception géographique et historique occidentale telle qu'elle se constitue à partir de la Renaissance. Les autres régions plus excentrées sont moins soumises à cette manière de percevoir.
Problème de dénomination : dans la culture coloniale française, le Proche-Orient = le Levant. C'est une notion qui remonte à François 1er et aux accords commerciaux (les capitulations) signés avec Suleyman Le Magnifique, à partir de cet accord les habitants de la région sont appelés « levantins », d'abord appellation réservée aux Européens qui font souche là-bas puis étendue à tous les habitants. Cette notion de Levant figurera dans le lexique diplomatique français jusqu'au lendemain de la 2de GM. Après 1945, la notion de Levant est remplacée par celle de Proche-Orient ou de Moyen-Orient. Ce nouvel usage est connoté également : il reflète l'état du rapport de force mondial qui s'est instauré à l'issue de la 2de GM. Prééminence des USA et de la GB. Elle impose de facto la suprématie des concepts géopolitiques anglo-saxons au détriment des concepts de la culture coloniale française en déclin. On parle donc de « Middle East », « Near East », mais ces deux notions ne doivent pas se confondre. Pour les Anglais « Near East » = marge de l'Empire des Indes, il recouvre donc une région aussi appelée « région du croissant fertile » (ensemble de pays compris entre la Mésopotamie et la Méditerranée et qui regroupe aujourd'hui Irak, Jordanie, Palestine historique, Syrie et Liban). Cette notion est instrumentalisée par les Britanniques entre les deux guerres afin de créer un particularisme opposé à ce que certains auraient souhaité comme unité du monde arabe.
[...] Il faut aussi une institutionnalisation du système communautaire que les élites politiques libanaises avaliseront à leur tour en 1943. C'est la France qui hérite du mandat sur le Liban > Sykes-Picot puis Conférence de San Remo - puissances mandataires (reçoit de la SDN la charge de conduire le Liban et la Syrie vers l'indépendance). Mandat = une tutelle relativement souple, légère, qui doit déboucher sur l'accès à la souveraineté nationale. Lorsque l'administration française arrive à Beyrouth, elle est constituée d'une administration qui vient d'Afrique noire, mais qui n'a jamais connu une société aussi plurielle. [...]
[...] Se réapproprient la question palestinienne. QOTB, en partageant la même critique de la monarchie égyptienne, développe une autre vision de la société arabe et musulmane. Il publie en 1954 un ouvrage qui s'intitule Signes de piste, dans lequel il développe cette thèse : le monde entier est tombé dans la barbarie (utilise le terme coranique de JAHILIYYA qui signifie la société telle qu'elle était avant la révélation coranique, une société païenne). L'occident matérialiste ou collectiviste est tombé dans cette Jahiliyya. [...]
[...] Un système souple qui se maintiens grâce aux tensions internes de la société marocaine. Une sorte de vecteur de modernisation du Maroc : rôle prépondérant des banques - elles interviennent d'autant plus que là aussi, il n'y a pas d'implantation terrienne de colons européens. Les grands investissements français s'orientent vers les infrastructures : chemins de fer, réseaux routiers, électricité des conditions particulières d'exploitation. Colonisations du Maghreb = très différenciée. Algérie Vs Maroc/Tunisie. En Algérie l'indépendance se fait dans la rupture avec la France : une longue guerre de libération, meurtrière qui provoque l'exode des pieds noirs et qui va marquer profondément l'Histoire de l'Algérie indépendante. [...]
[...] Un territoire qui finalement échappe beaucoup à l'influence réelle de la Sublim Porte : l'Egypte est toujours formellement dans l'Empire ottoman mais très émancipée. Evolue vers une forme d'autonomie et d'organisation qui doit beaucoup au modèle français. Ce qui accélère cette évolution c'est le fait que la Pacha d'Egypte (Mohamad Ali ou Mehmet Ali), théorique vassal des ottomans, va prendre le contrôle de l'Egypte et s'émanciper totalement. C'est un chef militaire, albanais d'origine, que la Sublim Porte utilise d'abord pour mater les rébellions de la péninsule arabique. [...]
[...] On va ouvrir des ateliers modernes destinés à répondre aux besoins européens, certains paysans vont s'enrichir, certains commerçants aussi (constitution d'une bourgeoisie urbaine) mais la culture intensive sur ver à soie va désorganiser les rapports agraires traditionnels et accentuer les inégalités entre paysans chrétiens (majoritaires) et paysans druzes. Il va en découler des tensions très fortes entre les deux communautés qui vont culminer en des massacres intercommunautaires. Guerre intercommunautaire en 1841 : l'ampleur des massacres va amener les puissances européennes (France et GB) à intervenir. [...]
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