Le nationalisme est apparu dans les colonies durant l'entre-deux-guerres. Les élites indigènes qui viennent se former en Europe reprennent à leur compte les principes d'égalité et de liberté pour dénoncer les abus du régime colonial comme le travail forcé ou le statut de l'indigénat. Certains nationalistes se revendiquent également du communisme et développent une critique violente de l'impérialisme. Des partis indépendantistes se constituent comme le Parti communiste Chinois au Viêtnam, le Néo-Destour de Bourguiba en Tunisie.
La Seconde Guerre Mondiale amplifie le phénomène. Durant l'occupation par les puissances de l'Axe, les populations colonisées observent le déclin des métropoles Européennes dont certaines, comme la France, ont été rapidement vaincue en 1940. Ainsi, en Indochine Française, les Japonais développent une violente propagande contre l'occupation Européenne et exaltent la supériorité asiatique. En 1945, la nouvelle donne internationale crée un contexte favorable à la décolonisation : les Etats-Unis affirment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et l'URSS dénonce l'impérialisme des puissances capitalistes. L'ONU pose le principe du droit des colonies à s'administrer elles-mêmes, et les pays qui obtiennent rapidement leur indépendance peuvent dénoncer la France ou l'Angleterre au sein de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
[...] Les Européens ont parfois joué des rivalités entre clans ou ethnies pour asseoir leur domination. Certains Etats héritent ainsi d'une mosaïque d'ethnies qui rend difficile la constitution d'une nation. Surtout, les Européens ont contribué à exacerber les tensions. Le cas du Rwanda est tristement extrême. Le colonisateur belge a diffusé l'idée fausse que les Tutsis et les Hutus étaient deux ethnies différentes et s'est appuyé sur la minorité tutsie. Depuis l'indépendance en 1961, les tensions se sont exacerbées au point d‘aboutir au génocide de Tutsis en 1994. Cependant, la colonisation n'explique pas tout. [...]
[...] La colonisation n'a pas permis l'apprentissage de la démocratie, puisque les colonisés ont longtemps été soumis au code de l'Indigénat. L'analphabétisme complique la participation à la vie politique : comment voter et s'informer quand on n'a pas accès à l'écrit ? Par ailleurs, une petite élite s'est approprié le pouvoir et les richesses. Enfin, les divisions sociales, ethniques ou religieuses entretiennent l'instabilité. Ainsi au Nigéria, la province du Biafra tente de faire sécession entre 1967 et 1970, entraînant une catastrophe humanitaire. [...]
[...] L'émancipation des peuples d'Afrique Au sud du Sahara, la décolonisation est généralement négociée. Les partis politiques locaux obtiennent l'indépendance des métropoles dans les années 1950-1960. En Gold Coast (Ghana), le nationaliste Nkrumah devient Premier ministre d'un gouvernement autonome en 1952. Dans les colonies françaises, la loi Deferre (1956) généralise le suffrage universel et instaure des assemblées élues. Sous la Vème République, à l'exception de la Guinée, qui choisit l'indépendance immédiate, ces colonies deviennent autonomes au sein d'une Communauté présidée par la France, puis indépendantes (1960). [...]
[...] le pays entre alors dans une phase d'anarchie politique qui ne cesse qu'avec la mise en place, en 1965, de la dictature militaire du Général Mobutu. Les nouveaux Etats évoluent donc fréquemment vers un régime despotique. Seule une minorité de pays colonisés parvient à installer une démocratie durable comme l'Inde. Le plus souvent, un homme fort s'assure l'appui de l'armée et s'entoure d'un clan dont il achète la confiance, avec l'appui de l'un des deux Grands ou des anciennes métropoles. [...]
[...] La quasi-totalité de ces Etats a en commun un passé colonial auquel certains économistes attribuent les difficultés économiques du moment. Ils ont hérité d'une économie dépendante : ils exportent une ou deux matières premières ou agricoles, mais n'ont pas été industrialisés. Tel est le cas de la Côte d'Ivoire dont l'économie repose sur le cacao. Or les cours de ce produit sont fixés par les gros acheteurs des pays industrialisés. Quand il baisse, c'est la crise généralisée des années 1980. [...]
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