Les initiatives d’intégrations régionales ont-elles surmonté et réduit les tensions et les fractures qui affectent le continent américain ?

Résumé du document

Le continent américain est traversé par de profondes fractures socio-économiques entre un Nord développé et une Amérique latine en voie de développement, mais aussi par des contrastes de développement entre les pays latino-américains qui traduisent l'hétérogénéité croissante des Suds. L'intégration régionale, c'est-à-dire le processus de renforcement des relations, des échanges (commerce intra-zone, flux de capitaux), des mobilités (tourisme, migrations) entre les différents pays est considérée par certains comme un facteur de développement pour les pays du Sud, mais décriée par d'autres qui y voient une manifestation de l'impérialisme états-unien.

Extraits

[...] Les organisations économiques régionales ont favorisé les échanges et l'intégration, mais de nombreux flux s'effectuent en marge de ces organisations structurées. Les Etats-Unis et de nombreux Etats d'Amérique centrale ont signé des accords bilatéraux de libre-échange (Guatemala, Salvador, Honduras, Costa Rica, Panama mais aussi Chili, Pérou, Colombie). Une industrie de sous-traitance de type Maquila (Maquiladoras) à capitaux états-uniens (et de plus en plus chinois) se développe dans ces pays et profite de l'exonération des droits de douane avec les Etats-Unis. [...]

[...] Le Brésil (BRICS) est la 6ème puissance économique mondiale et la 1ère puissance latino-américaine. Important exportateur de produits agricoles, il a développé une industrie de plus en plus diversifiée. 1er pays d'accueil des IDE en Amérique latine, il enregistre des taux de croissance élevés, s'impose comme une puissance régionale et tente de contester la suprématie états-unienne. Les Jaguars latino-américains : Le Mexique, l'Argentine et le Chili sont comparés aux Tigres asiatiques, Ils ont enregistré des taux de croissance de à en moyenne entre 2003 et 2009. [...]

[...] Les pays d'Amérique centrale par exemple souffrent d'une économie à faible valeur ajoutée, exportatrice de fruits tropicaux et/ou de produits manufacturés à faible contenu technologique, contrôlé par des capitaux étrangers (multinationales fruitières américaines, usines de montage et d'assemblage états-uniennes et chinoises). Haïti fait partie des PMA et reste un des pays les plus pauvres de la planète. Le bidonville de la Cité du Soleil à Port au Prince et la persistance des camps de réfugiés (séisme) témoignent de la permanence de la misère et des difficultés des pays les plus fragiles (Honduras) à se remettre des catastrophes naturelles (cyclones, séismes). II. Des logiques d'intégration concurrentes, mais un continent mieux intégré. [...]

[...] Les basses militaires, notamment celle de Guantanamo et le maintien de l'embargo commercial imposé à Cuba illustrent cette influence Le rejet de l'impérialisme américain. Un sentiment anti-américain anti-Yankee persiste dans de nombreux pays latino américains. Il s'est traduit par l'arrivée au pouvoirs de dirigeants politiques qui ont placé la lutte anti-impérialiste au cœur de leur action, comme Hugo Chavez au Venezuela et par le développement du Bolivarisme (courant politique qui se réfère au Vénézuélien Simon Bolivar - 1783.1830 - qui prône l'unification des peuples d'Amérique latine, considérés comme dominés et la lutte contre l'impérialisme états- unien) qui s'incarne dans l'ALBA. [...]

[...] Au Mexique on peut s'interroger sur le sens et la réalité de l'intégration. Les Maquiladoras sont installées au nord du Mexique, à proximité des Etats- Unis. L'intégration a donc privilégié un espace pour l'intérêt qu'il présentait pour les firmes états-uniennes (main d'œuvre et proximité). Des villes se sont massivement développées à la frontière comme Tijuana, Ciudad Juarez, nourries par un fort exode rural. L'intégration se limite en effet à la frontière. Les régions rurales éloignées de la frontière n'ont pas bénéficié des emplois générés par les Maquiladoras, l'activité agricole souffre de la concurrence avec les Etats-Unis (depuis 2008, suppression de 1,5 million d'emplois dans l'agriculture mexicaine), de nombreux paysans se dirigent vers la frontière et alimentent la croissance anarchique et démesurée des bidonvilles. [...]